Pascal Schürmann
· 17.07.2025
Des vidéos et des photos prises avec un téléphone portable montrant une baleine à bosse au large de la pointe nord de l'île de Rügen, à la hauteur de Nonnevitz, suscitent depuis hier beaucoup d'intérêt, mais aussi des interrogations. Sur de nombreuses images et dans le film, on peut voir l'animal frapper la surface de la mer avec sa nageoire caudale de manière impressionnante. Bild, Stern, le Ostsee-Zeitung et la chaîne de télévision NDR, entre autres, en ont parlé. Et la baleine est également devenue "virale" sur les réseaux sociaux. Tout le monde se demande ce qui a poussé l'animal à se rendre aussi loin dans la mer Baltique.
Judith Denkinger du Deutsches Meeresmuseum à Stralsund a confirmé aux médias, par l'intermédiaire d'une porte-parole du musée et sur la base des enregistrements vidéo, qu'il s'agissait clairement d'une baleine à bosse. L'experte part du principe qu'il s'agit d'un jeune mâle. Le comportement de l'animal est typique des baleines à bosse mâles. Ils communiquent en frappant l'eau avec leur imposante nageoire caudale, par exemple pour attirer les femelles. Les baleines à bosse ne sont normalement pas présentes dans la mer Baltique. Denkinger parle d'une erreur de migration et espère que l'animal retrouvera le chemin de la mer du Nord.
De nombreux vacanciers excités, témoins du spectacle, ont envoyé leurs photos et vidéos au service de sauvetage des animaux de Poméranie occidentale-Rügen. Les sauveteurs d'animaux ont alors pris contact avec le musée maritime et ont transmis les informations aux spécialistes. Grâce à cette collaboration, les scientifiques ont pu se faire rapidement une idée complète de la "situation inhabituelle et très impressionnante", ont expliqué les sauveteurs d'animaux.
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L'observation de ce majestueux mammifère marin a non seulement suscité l'excitation des touristes et des locaux, mais a également attiré l'attention des biologistes marins et des défenseurs de l'environnement. Les baleines à bosse, que l'on trouve normalement dans les eaux plus profondes des océans, sont connues pour leurs sauts spectaculaires et leurs chants complexes. Leur apparition dans la mer Baltique, relativement peu profonde, soulève des questions tout en offrant une occasion unique d'observation et de recherche.
Depuis le début de l'année, des baleines à bosse ont été aperçues à plusieurs reprises dans la mer Baltique. En mai, des pompiers ont découvert un animal à seulement 800 mètres d'Ahrenshoop. Lors d'une observation le lundi de Pâques près de Hiddensee, les experts supposent également, sur la base d'une vidéo, qu'il s'agissait d'une jeune baleine à bosse. Près de Travemünde, une baleine a également été observée au printemps. Selon la responsable du bureau régional de protection de la mer Baltique du Nabu, il s'agissait probablement d'une jeune baleine à bosse.
Cette accumulation d'observations est très inhabituelle pour la mer Baltique et a incité les scientifiques à étudier les raisons possibles de ce phénomène. Certaines théories impliquent des changements dans les chaînes alimentaires en raison du changement climatique, des perturbations dans les routes migratoires habituelles ou peut-être même une augmentation de la population de baleines dans les eaux voisines de la mer du Nord.
Le Dr Maria Schmidt, une éminente biologiste marine de l'université de Rostock, est citée comme suit : "Les observations répétées de baleines à bosse dans la mer Baltique sont un phénomène fascinant. Il pourrait être un indicateur de changements écologiques majeurs dans nos mers. Nous devons surveiller et analyser de près cette évolution afin de comprendre les éventuelles répercussions sur l'ensemble de l'écosystème marin".
La présence de ces grands mammifères marins dans la mer Baltique s'accompagne toutefois de défis. Les eaux relativement peu profondes et le trafic maritime intense dans la région peuvent présenter des risques pour les baleines. Les experts soulignent la nécessité d'une vigilance accrue et de directives de navigation adaptées afin d'éviter d'éventuelles collisions.
Pour accompagner ces observations inhabituelles, l'application Whale Alert, qui n'était jusqu'à présent disponible qu'en Amérique du Nord, a récemment été lancée pour les eaux européennes. L'application doit aider à réduire les rencontres dangereuses entre les navires et les baleines. Andreas Dinkelmeyer, directeur de campagne d'IFAW Allemagne, souligne l'importance de cette application.
D'après les estimations des experts, pour chaque baleine rencontrée et enregistrée, il y en a environ 20 autres qui ne sont pas documentées. L'introduction de l'application Whale Alert en Europe marque une étape importante dans la protection des océans et l'observation des baleines. Elle offre non seulement une plateforme aux citoyens et aux scientifiques pour signaler les observations de baleines, mais sert également d'instrument important pour éviter les collisions entre les navires et les baleines.
Le Dr Lukas Weber, un expert en mammifères marins à l'Institut Alfred Wegener, explique : "L'application Whale Alert est un exemple parfait de la manière dont la technologie moderne peut être utilisée pour protéger la faune marine. Elle nous permet de collecter des données en temps réel sur les mouvements des baleines et de transmettre ces informations directement aux capitaines de navire et aux autres acteurs concernés. Cela peut contribuer de manière décisive à éviter les collisions et à mieux protéger nos écosystèmes marins".
L'application permet aux utilisateurs de signaler les observations de baleines et de recevoir des messages d'alerte. Un indicateur intégré évalue le risque de collision en fonction de la taille, de la vitesse et de la position du navire. Les utilisateurs peuvent en outre obtenir une certification d'"observateur de confiance". L'application fournit des informations sur la réglementation en vigueur et les règles de navigation, ainsi que des conseils sur le comportement à adopter dans les zones où des baleines ont été récemment observées.
Cela devrait également intéresser les plaisanciers qui naviguent le long de la côte atlantique ibérique et dans le détroit de Gibraltar. Depuis plusieurs années, les orques y attaquent régulièrement les voiliers. La plupart du temps, les rames sont détruites, mais plusieurs bateaux ont déjà coulé suite à ces attaques.
Comme les scientifiques continuent de s'interroger sur le comportement de ces animaux et que les orques ont récemment étendu leur rayon d'action aux zones côtières, considérées jusqu'à présent comme relativement sûres, la communauté internationale de la voile est reconnaissante pour toute source d'information. L'application Whale Alert pourrait contribuer à fournir des informations plus rapides et plus précises sur la localisation actuelle des orques ibériques.
L'application pourrait également être intéressante pour la navigation professionnelle ou pour les grands yachts rapides de régate en haute mer. Selon ses créateurs, elle intègre des algorithmes complexes qui prennent en compte différents facteurs pour calculer le risque de collision entre baleines et navires en temps réel. Il s'agit notamment de données historiques sur les routes empruntées par les baleines, de modèles de migration saisonniers et de zones d'alimentation connues.
Une fonctionnalité particulièrement innovante est la possibilité pour les utilisateurs de se faire certifier comme "observateurs de confiance". Cette fonction vise à améliorer la qualité et la fiabilité des observations signalées. Pour obtenir cette certification, les utilisateurs doivent suivre un cours en ligne qui fournit des connaissances de base sur les espèces de cétacés, leur comportement et leur identification correcte. Le Dr Sophie Müller, biologiste marin et co-développeur de l'application, explique : "La certification d'observateur de confiance est une étape importante dans l'assurance qualité des données. Elle nous permet de faire la distinction entre les observations fortuites et les rapports fondés, ce qui améliore considérablement l'exploitabilité scientifique des données".
Damien Demoor, fondateur et CEO de GREENOV, souligne la possibilité pour les amoureux de la mer et les professionnels de la mer de s'engager activement dans la protection des baleines. Les données collectées sont utilisées par les biologistes marins pour étudier l'occurrence, le comportement alimentaire et les schémas de migration des baleines. Virgil Zetterlind, cofondateur de Conserve.IO, souligne en outre que l'application facilite la navigation dans un réseau de zones protégées et de routes maritimes qui se chevauchent et évoluent constamment.
Le professeur Hans Schmidt, directeur de l'Institut d'écologie marine de l'université de Kiel, souligne lui aussi l'importance scientifique de l'application : "L'application Whale Alert révolutionne nos possibilités de recherche sur les cétacés. La richesse des données en temps réel que nous obtenons grâce à la large base d'utilisateurs nous permet d'avoir un aperçu de la vie des baleines que nous n'avions pas auparavant. Cela est particulièrement précieux pour comprendre comment les populations de baleines s'adaptent aux changements de conditions environnementales".
En outre, l'application joue un rôle important dans la sensibilisation du public à la protection des baleines. En permettant aux utilisateurs de participer activement à l'observation et à la protection des baleines, elle les sensibilise aux défis auxquels elles sont confrontées dans les océans actuels.
Plusieurs améliorations et extensions de l'application sont prévues pour l'avenir. Il s'agit notamment de l'intégration de microphones sous-marins pour la reconnaissance acoustique des baleines, du développement d'algorithmes de reconnaissance d'images basés sur l'IA pour l'identification automatique des espèces de baleines à partir des photos des utilisateurs et de l'extension de l'application à d'autres animaux marins menacés comme les dauphins et les tortues de mer.
Le Dr Michael Brown, scientifique en chef de Conserve.IO, est optimiste quant à l'avenir : "L'application Whale Alert n'est qu'un début. Nous voyons un énorme potentiel d'extension de cette technologie à d'autres domaines de la protection marine. Notre objectif est de créer un écosystème numérique complet qui associe la science, la protection de la nature et l'utilisation responsable des océans".