Certains propriétaires, en particulier ceux qui ont un petit équipage, préfèrent éviter de prendre des ris : si plus de 4 Beaufort sont annoncés, ils se contentent de naviguer au moteur ou ne prennent pas la mer du tout. Les sociétés de location observent la même tendance depuis des années : Au-dessus de la force 4, le diesel est mis en marche, et en dessous de 3 également. La commodité gagne du terrain dans de nombreux endroits.
Outre le fait que l'on se limite ainsi inutilement dans la planification de la croisière et que l'on passe à côté de la sensation très exaltante de naviguer efficacement et rapidement sur un bateau parfaitement adapté à un vent plus fort, l'aspect sécurité joue également un rôle. Une rafale d'orage ou de pluie peut arriver à tout le monde et les prévisions météorologiques, malgré les techniques modernes, se trompent parfois, par exemple parce que des vents descendants, des effets de cap ou de tuyère s'ajoutent au vent de gradient.
C'est un énorme gain de sécurité pour le skipper et l'équipage que de savoir clairement quelles sont les procédures à suivre lorsqu'il faut prendre des ris. Quelles voiles doivent être prises en premier et avec quelle intensité. Comment équilibrer parfaitement le bateau. Cela permet de réduire le temps que les membres de l'équipage doivent passer dans la houle sur l'avant du bateau qui danse ou sur le mât. Pour la croissance d'un bon skipper et de son équipage, il s'agit donc d'une étape de développement nécessaire.
Mais sur l'eau, on voit souvent autre chose : des yachts qui se déplacent avec des voiles qui tuent et beaucoup trop de couche, des grandes voiles et des voiles d'avant enroulées de manière extrêmement ridée, des ralingues qui battent sauvagement, des coups de soleil.
Une première question que se posent de nombreux équipages est de savoir quand il faut prendre un ris. Un vieux dicton dit : quand on y pense, c'est souvent qu'il était déjà temps de le faire. C'est certainement un peu exagéré, mais cela met bien en lumière la réticence que certains ont à prendre des ris.
Le fait est qu'un yacht donne des signaux clairs au barreur sur le cap au vent et jusqu'au cap à mi-vent lorsqu'il porte trop de surface. La pression sur le gouvernail et la position augmentent. Si le bateau se met à tanguer de manière incontrôlée, le point de prise de ris est généralement déjà dépassé. Sur les yachts de croisière actuels, un safran central fait alors levier, le courant s'interrompt et le coup de soleil est inévitable. C'est l'une des nombreuses raisons pour lesquelles les doubles safrans sont de plus en plus populaires. Les safrans, certes plus petits, mais inclinés, sont parfaitement verticaux lorsqu'ils sont placés plus haut, ils sont moins inclinés et l'air est moins aspiré.
De nombreux bateaux modernes ne sont de toute façon plus très efficaces au-delà d'un angle de 20 degrés en raison de la forme de leur coque. Ils courent moins haut, la dérive est plus importante, le matériel est fortement sollicité. De plus, il est inconfortable de naviguer avec un angle d'inclinaison inutilement élevé, et c'est aussi une question de sécurité, surtout pour les équipages âgés ou avec de jeunes enfants.
Il n'est toutefois pas nécessaire de prendre des ris immédiatement lorsque la pression et la position augmentent. Il est possible de retarder un peu le moment de la prise de ris : La première mesure est d'aplatir les profils de voile. Une tension accrue de l'étai rend la grand-voile plus plate et réduit en même temps la flèche du génois. L'étirement du bas de la voile aplatit la grand-voile dans sa partie inférieure. Le traveller de la grand-voile peut être légèrement sous le vent. En poussant à fond le clavier des réglages, on peut parfois retarder avec succès la prise de ris jusqu'à la prochaine cible.
Lors de la manœuvre la plus simple, beaucoup se compliquent inutilement la tâche. Il est important de choisir le bon cap avant de commencer à enrouler. Si le yacht est au vent pour la prise de ris, comme l'enseignent encore de nombreux manuels, la toile bat sauvagement et peut mettre en danger la personne qui se trouve à l'avant du bateau. De plus, à cause du battement de la voile, il y a tellement de pression sur l'accastillage qu'il est presque impossible de l'enrouler. En fait, la ligne d'enroulement est souvent déchirée lors de l'enroulement du génois, et la seule solution est alors de récupérer la voile, ce qui est nettement plus compliqué.
C'est pourquoi le génois devrait être abattu sur un cap au vent pour prendre des ris ou pour récupérer le bateau, si les conditions de navigation le permettent. Le génois est alors recouvert par la grand-voile et n'a presque plus de pression. De plus, l'étai perd de sa tension, ce qui permet de soulager l'accastillage et de le faire tourner plus facilement.
En règle générale, ce que l'on ne peut plus tirer à la main ne doit pas non plus être essayé avec un winch. En effet, si la force exercée à la main est trop élevée, cela signifie que l'accastillage est défectueux ou qu'il y a d'autres erreurs. Il faut alors contrôler toute la chaîne de commande du génois. Mais on ne le remarque pas avec un winch électrique et on risque de déchirer quelque chose avec sa force.
Les voiles d'avant avec trinquette doivent également être changées ou amenées si possible avant le vent.
Il est plus difficile d'évaluer le moment de la prise de ris lorsque le vent vient de l'arrière. La plupart des yachts peuvent supporter plus de surface de voile que le vent de face sur ces routes. Une règle générale consiste à prendre des ris dans les forces de vent pour lesquelles on prendrait aussi des ris par vent arrière. Un autre indice est la vitesse : si celle-ci n'augmente pas malgré un vent plus fort, le yacht a atteint sa vitesse de coque et n'accélère plus. L'excès de surface de voile ne sert donc à rien.
Toutefois, sur les parcours avec vent arrière, il est généralement possible de naviguer avec une surface de voile trop importante. La plupart des yachts le pardonnent. Il faut toutefois s'assurer que le vent ne se lève pas davantage. Car ici aussi, il vaut mieux prendre les ris trop tôt que trop tard. C'est important car sinon, la prise de ris peut même être dangereuse. La plupart du temps, les grandes voiles conventionnelles ne peuvent pas être affalées devant le vent. Ce n'est qu'à ce moment-là que l'on peut vraiment sentir la force du vent, qui peut être bien plus forte que prévu. La grand-voile bat alors furieusement et le maniement devient plus fatigant. C'est pourquoi il est conseillé, pour cette manœuvre, de chercher la protection d'un abri, comme une falaise, si le secteur le permet.
S'il est déjà clair avant le départ qu'un ris sera inévitable, il est recommandé, surtout pour les petits équipages, de réfléchir à la possibilité de prendre tranquillement un ris dans le port avant de lever l'ancre. Il est beaucoup plus facile de prendre des ris à l'extérieur que d'être malmené en mer par les premières rafales après avoir mis le voile, avant même que l'équipage ne se soit habitué au vent et à l'état de la mer.
Si tout cela ne suffit pas, la question se pose de savoir s'il faut d'abord ariser la grand-voile ou la voile d'avant, ou les deux à la fois, comme de nombreux navigateurs l'ont appris un jour. Cela dépend du vent, du type de bateau et des toiles utilisées. Pour décider de ce qui doit être pris en premier, le navigateur doit connaître un peu son bateau : S'agit-il d'un yacht dont la plus grande partie de la puissance provient de la grand-voile ou de la voile d'avant ? Dans les gréements modernes, avec des voiles d'avant à enroulement plus petites, de l'ordre de 100 pour cent, et des grandes voiles plus hautes et plus fines, c'est souvent cette dernière qui est réduite en premier. Si la voile d'avant n'a pas de bandes de mousse épaississantes sur le guindant, il est souvent préférable que même la deuxième prise de ris se fasse uniquement avec la grand-voile.
C'est particulièrement vrai si le bateau a une grand-voile avec des dérapages. Dans ce cas, la forme de la voile est conservée et la prise de ris n'entraîne pas de graves inconvénients au niveau du profil. C'est justement le problème lors de l'enroulement du génois : le rouleau de toile sur l'étai crée un mauvais écoulement et le profil de la voile n'est plus correct. De plus, la toile est soumise à une charge plus importante, car la traction entre directement dedans et non plus seulement sur les renforts prévus à cet effet au point d'écoute et au col.
Sur les parcours bas face au vent, l'ordre "d'abord la grand-voile, puis la voile d'avant" a de toute façon plus de sens, car une voile d'avant réduite est souvent moins bien placée derrière la grand-voile que l'inverse.
Il en va autrement pour de nombreux bateaux plus anciens. Certains yachts anciens ont des voiles d'avant énormes, qui se chevauchent largement. Ce sont pour ainsi dire des "bateaux à génois", il y avait des projets avec une surface de voile de génois allant jusqu'à 140, 150 pour cent. Sur de tels bateaux - l'ancien Albin Ballad en est un bon exemple - la première chose à faire est de réduire la surface de la voile d'avant. L'idéal serait bien sûr d'utiliser une voile plus petite, qui se trouve également à bord. Mais de nombreux propriétaires n'ont pas cette possibilité, car ils ne veulent pas de changements de voile compliqués sur le pont avant. Sur de tels bateaux, le génois est donc progressivement enroulé. Les yachts dont les voiles d'avant dépassent la limite des 125 pour cent se situent souvent dans cette catégorie.
De temps en temps, on voit aussi des équipages qui enlèvent complètement la grand-voile et ne naviguent qu'avec la voile d'avant, du moins lorsqu'il n'est pas nécessaire de croiser. C'est tout à fait possible, mais le gréement est alors sollicité d'un seul côté, l'arrêt du mât étant éventuellement plié vers l'avant. Pour y remédier, il faut tirer sur l'étai arrière - s'il y a une possibilité de le faire. Si les barres de flèche sont très fléchies, cela fonctionne de la même manière, à condition que le gréement soit suffisamment tendu dans le réglage de base.
Les propriétaires et les équipages devraient se baser sur ces points de repère. La manière dont un bateau navigue avec des ris doit souvent être testée, en particulier lorsque le vent souffle si fort que la grand-voile et la voile d'avant doivent toutes deux être réduites au-delà du premier ris.
Le bon déroulement de la manœuvre est avant tout une question de préparation. Que prévoit exactement le skipper, quel est l'ordre des opérations important ? Sur quel cap tombe-t-il, quelles sont les conditions météorologiques, quelles sont les mesures de sécurité nécessaires à l'avant du bateau ? Les tâches doivent être attribuées aux différents membres de l'équipage et ceux-ci doivent savoir ce qui est important pour leur partie de la manœuvre. Il est par exemple possible que le barreur annonce des vagues particulièrement hautes à l'équipage à l'avant du bateau et qu'il essaie de les contourner si cela est possible. Les risques ou problèmes potentiels doivent également être signalés, par exemple si l'équipage utilise des winchs électriques qui, s'ils ne sont pas utilisés correctement, peuvent facilement avoir la force de déchirer la voile.
Ainsi préparé, le premier jour de vent fort peut arriver - et même être amusant.