Il n'y a guère d'autre classe sur le marché qui soit aussi âprement disputée que celle des yachts de tourisme d'une longueur de coque de onze mètres. Leur attrait réside avant tout dans leur format raisonnable, qui permet même aux débutants de s'en sortir. Néanmoins, les bateaux avec des aménagements allant jusqu'au tri-cabine avec deux salles d'eau sont suffisamment grands pour la famille. En même temps, ils couvrent un large spectre : de la croisière de vacances ou de week-end au bateau sportif pour la régate de club en passant par le day-sailer avec des upgrades adaptés.
Il n'est donc pas étonnant que les chantiers navals de grande série accordent justement la plus grande attention à cette classe très appréciée. Il ne s'agit pas seulement d'augmenter le nombre de pièces, mais aussi de fidéliser les nouveaux clients et les personnes qui changent de marque. Les yachts doivent donc à la fois répondre aux exigences élevées d'une clientèle qui compare avec précision et incarner les valeurs typiques de la marque. Cela rend la concurrence intense - et les concepts étonnamment homogènes.
La pression de la concurrence est forte et les constructeurs ne ménagent pas leurs efforts pour améliorer leurs modèles. Le dernier test comparatif dans cette catégorie a été publié dans YACHT 2021. Entre-temps, de nombreux modèles ont été remaniés. Il est donc temps d'effectuer un nouveau test, cet été, sur le fjord de Flensburg. Et : les quatre chantiers navals sollicités ont répondu à l'invitation de YACHT.
Bavaria Yachts de Giebelstadt envoie le C38, une "vieille connaissance", dans la course (Cliquez ici pour accéder au test individuel). La construction conçue par Maurizio Cossutti était déjà présente lors du dernier test de groupe de onze mètres à Neustadt et est, au sein de la flotte de test, le modèle ayant le plus d'années de service. Le Hanse 360, qui est sur le marché depuis l'été 2024, est également en lice depuis l'Allemagne (lire le test ici). Le bateau de Greifswald complète la nouvelle ligne de croisière de Hanse, développée en collaboration avec Berret-Racoupeau Yacht Design.
Les quatre yachts de comparaison représentent l'état le plus récent du développement. L'accent est clairement mis sur le volume maximal.
La concurrence française est doublement représentée : avec le Beneteau Oceanis 37.1 (vers le test individuel) et le Sun Odyssey 380 de Jeanneau (testé en détail). Les deux yachts proviennent du même groupe d'entreprises et ont été conçus par Marc Lombard Yacht Design - l'un des bureaux d'études les plus réputés de France. Néanmoins, les concepts des deux marques sont très différents, ce qui les rend moins directement comparables au sein du groupe de test que ne le laisse supposer leur origine commune.
Bien entendu, Dufour Yachts aurait également pu faire partie de ce cercle de grands chantiers de série. Mais actuellement, le chantier naval de La Rochelle ne propose pas de modèle d'une longueur de coque de onze mètres. Le Dufour 37 porte bien son nom, mais avec ses 9,99 mètres, il mesure environ un mètre de moins que ses concurrents. Cela aurait nécessité des explications supplémentaires dans presque toutes les catégories d'évaluation et aurait rendu la comparaison beaucoup plus difficile - c'est pourquoi la marque reste cette fois-ci à l'écart.
Au fond, les 38 pieds des grands chantiers navals sont des dérivés plus maniables et moins chers de leurs modèles jumeaux de la classe populaire des douze mètres (40/41 pieds), qui est surtout très demandée dans le domaine du charter. On retrouve également de nombreuses similitudes dans l'aménagement intérieur - les dispositions et les variantes sont généralement presque identiques.
Les yachts de test font également preuve d'une remarquable uniformité dans leur construction. Les lignes de coque des quatre modèles sont conçues sans compromis pour un volume maximal - une tendance qui caractérise la construction moderne de yachts, en particulier dans les segments de petite et moyenne taille. On remarque que l'avant du bateau est plein, tandis que l'arrière est presque aussi large que le milieu du bateau. La hauteur du franc-bord semble également standardisée : Au niveau des haubans, elle est de 1,35 mètre au-dessus de la ligne de flottaison sur les quatre bateaux.
L'Oceanis 37.1 et le Sun Odyssey 380 (tous deux du Lombard) ainsi que le Bavaria C38 (du Cossutti) présentent une carène avec un angle de carène prononcé. Cela devrait permettre aux bateaux de développer une plus grande stabilité de forme en cas de gîte et de naviguer plus droit. Le Hanse 360 de Berret-Racoupeau est plus modéré à l'arrière et visuellement plus agréable. Sa membrure en U plus épaisse et sa ligne de flottaison plus reculée devraient réduire la surface mouillée et donc la résistance à l'eau.
Les tests comparatifs sous voile se déroulent sur le fjord de Flensburg dans des conditions très variées, allant du quasi calme plat à la forte brise. L'équipe de test de YACHT a ainsi la possibilité d'évaluer les potentiels de performance et les caractéristiques de navigation sur presque tout le spectre. Ce qui manque cependant sur le fjord, ce sont les vagues lorsque le vent est plus fort.
La comparaison directe est rendue difficile par l'équipement hétérogène des quatre yachts de test. Le Beneteau Oceanis 37.1 est équipé de la version sportive "First Line", d'un mât plus haut, d'une grand-voile avec une exposition supérieure et d'un génois recouvrant au lieu du foc auto-vireur standard - des avantages évidents dans la comparaison. Le Hanse 360 peut également bénéficier d'un jeu de voiles laminées de haute qualité.
En revanche, le C38 mis à disposition par Bavaria fonctionne depuis longtemps en charter, avec un mât enrouleur optionnel et un jeu de voiles visiblement usé. De plus, sa carène n'a visiblement pas été nettoyée depuis longtemps et le bateau n'est équipé que d'une quille courte. Le Bavaria est donc désavantagé sur le plan matériel. Seul le Jeanneau Sun Odyssey 380 est livré dans une configuration standard, avec un simple jeu de voiles en dacron.
Avec un vent très léger au début de la première journée de test, les deux bateaux français peuvent montrer la voie. Le Beneteau et le Jeanneau sont tous deux plus légers (6,9 tonnes) que le Hanse (7,8 tonnes) et surtout que le Bavaria (9,4 tonnes). En conséquence, les Français se déplacent avec plus de vivacité par vent faible et accélèrent sensiblement mieux que leurs concurrents allemands.
Dans des vents plus soutenus, autour de 15 nœuds, l'Oceanis 37.1 se montre particulièrement performant au près et parvient à se détacher en prenant un peu plus de hauteur et de vitesse. Le Hanse 360 reste cependant sur ses talons. Le Jeanneau Sun Odyssey 380, avec sa voilure standard, est désavantagé par rapport à Hanse et Beneteau, mais il reste dans le coup sur de plus longues distances. La plus grande surprise est toutefois le Bavaria C38, qui tient étonnamment bien la route malgré son mât à enrouleur et ses faibles voiles. Avec un gréement conventionnel et une meilleure garde-robe, il aurait sans aucun doute nettement plus de potentiel.
Mieux encore : sur le chemin du retour, sous gennaker, le Bavaria parvient à rattraper son retard. Hanse et Jeanneau sont également convaincants avec de grosses bulles bien découpées. En revanche, Beneteau doit céder l'avance qu'il avait prise auparavant : L'Oceanis 37.1 n'était équipé pour le test que d'un Code Zero enroulable et est donc clairement désavantagé face au vent. D'une manière générale, tous les résultats dépendent également du pilotage et des réglages des équipages, ainsi que des conditions changeantes et rafales de vent sur le fjord de Flensburg.
Les dispositions sur le pont sont différentes. Ils présentent des avantages et des inconvénients en fonction de leur utilité et de leur utilisation. Il n'y a pas de recette miracle.
Les caractéristiques de navigation des bateaux de test sont plus importantes que la simple comparaison des performances. C'est là que les différences sont les plus nettes et les plus perceptibles. Les modèles allemands de Bavaria et Hanse disposent tous deux d'un seul safran. Ils sont faciles à manœuvrer, réagissent avec une pression agréable sur le gouvernail et peuvent être guidés de manière très sensible au bord du vent. De plus, ils semblent dociles et pardonnent les erreurs de pilotage et les petites inattentions.
En comparaison, les deux constructions Lombard de France se comportent de manière un peu plus "garce". Avec leurs doubles safrans plus petits, ils réagissent plus directement et sans retard. Le réglage de la direction est très neutre, la pression sur le gouvernail est à peine perceptible.
Cependant, cela rend difficile un pilotage optimal au vent et demande toute l'attention du rameur. A la roue, il faut travailler davantage et corriger le cap que sur les bateaux allemands. Cela peut toutefois être autant un avantage qu'un inconvénient, selon le degré de sportivité que l'on souhaite atteindre avec ces bateaux. Les caractéristiques de navigation dynamiques sont également dues au poids plus faible des modèles français.
Les quilles sont uniformes : En standard, tous les modèles sont équipés de quilles fixes en fonte en forme de L avec des tirants d'eau compris entre 2,00 et 2,10 mètres. Les parts de ballast sont également très proches les unes des autres, avec 23 à 26 pour cent du poids total. Des alternatives sont disponibles pour toutes les quilles courtes avec un tirant d'eau de 1,55 à 1,65 mètre et un pourcentage de lest plus élevé. Seul Jeanneau propose une variante avec un tirant d'eau variable : le Sun Odyssey 380 peut être équipé d'une quille pivotante à relevage hydraulique (1,32 à 2,70 mètres).
Jeanneau fait également exception en ce qui concerne le plan de voilure. Le Sun Odyssey 380 est le seul bateau du groupe de comparaison à être équipé de série d'un génois à 105%. Un foc auto-vireur n'est pas non plus disponible en option. En revanche, chez les concurrents, le foc à enrouleur auto-vireur fait partie de l'équipement standard. Un génois plus grand avec des points d'écoute sur le pont n'est disponible que contre un supplément.
L'agencement du cockpit confère également au Jeanneau un caractère unique. Comme pour tous les modèles de la gamme Sun-Odyssey, le chantier naval mise sur le cockpit innovant Walkaround pour le 380. Les ponts latéraux s'abaissent comme des rampes et créent des passages sans obstacles autour des postes de pilotage sur le pont avant. Inconvénient : les coursives abaissées ne laissent que peu de place au barreur pour s'asseoir. La concurrence offre une plus grande liberté de mouvement et une position assise plus détendue.
Sur les deux bateaux allemands, un pataras réglable fait partie de l'équipement de base. Cet instrument de réglage important manque en revanche chez Beneteau et Jeanneau. Ces derniers utilisent des mâts avec des barres de flèche et une tension de haubanage élevée afin de réduire le mou de l'étai. L'avantage de pouvoir naviguer avec une grand-voile à tête carrée performante compense toutefois la moindre facilité de réglage. Hanse et Bavaria restent en revanche sur la grand-voile classique à tête de pin.
Autre différence spécifique à chaque pays : chez Beneteau et Jeanneau, les bômes de grand-voile sont fixées très bas sur le mât. Cela facilite certes la récupération de la grand-voile dans les lazy-bags, mais diminue l'efficacité des hale-bas de bôme en raison de l'angle de traction plus faible. C'est un compromis que les Français ont délibérément choisi.
Sur les quatre bateaux, l'écoute de grand-voile est guidée par un triangle d'écoute fixé sur la superstructure de la cabine au-dessus de la descente. Un traveller dans le cockpit, qui permettrait un réglage meilleur et plus efficace, n'est disponible chez aucun concurrent, même en option. Bavaria équipe le C38 de série de deux bouées de cloisonnement séparées pour compenser partiellement l'absence de la fonction Traveller. Cette solution simple mais efficace nécessite toutefois plus de travail sur les winchs pendant les manœuvres. Sur les bateaux concurrents, en revanche, seul un triangle d'écoute est prévu sur la superstructure de la cabine afin de pouvoir régler la bôme plus près du centre du bateau avec moins de traction.
Foc auto-vireur ou génois. L'acheteur a le choix. Mais il n'y a que chez Jeanneau que la grande voile d'avant fait partie du package de base.
L'agencement du pont des deux yachts français est similaire : des winchs sur la descente pour les drisses et les lignes de réglage ainsi que deux autres winchs pour les écoutes à portée de main du barreur devant les postes de pilotage. C'est particulièrement avantageux sur le Jeanneau : grâce au cockpit walkaround, le régleur ou le barreur peut se placer latéralement en retrait à côté du bord de la coque et manœuvrer efficacement en position debout. Cela donne un net avantage au Sun Odyssey 380. Comme le Jeanneau est livré exclusivement avec génois superposé, les winchs supplémentaires à l'arrière font partie de l'équipement de série. Sur le Beneteau, ils figurent dans la liste des options.
Le Bavaria a une disposition similaire. Des winches d'écoute supplémentaires sont également disponibles en option, en fonction du choix entre génois et foc auto-vireur. Cependant, ils sont montés très à l'avant sur le plat-bord et sont difficilement accessibles pour le barreur. Cela limite l'aptitude à la navigation en solitaire.
Hanse, en revanche, renonce délibérément à un guidage des lignes à la descente et guide toutes les drisses, les écoutes et les lignes de trim sur deux winchs directement devant les postes de pilotage. Cela permet au barreur d'effectuer toutes les manœuvres depuis sa position. Cependant, de nombreuses lignes s'accumulent ainsi à l'arrière, ce qui peut rendre les manœuvres difficiles.
Sur le Sun Odyssey 380 de Jeanneau, les cabines du cockpit sont les plus confortables. Avec 1,80 mètre de long, on peut s'y allonger en toute décontraction. Sur le Bavaria (1,77 mètre) et l'Oceanis, les bancs sont encore suffisamment longs pour prendre un bain de soleil, alors que sur le Hanse, avec 1,50 mètre, c'est un peu juste. En revanche, on y est particulièrement bien assis grâce à la hauteur et à l'ergonomie de la coque du cockpit. Seuls les bateaux Bavaria et Jeanneau sont équipés de coussins en teck sur les ponts.
En matière de rangement sur le pont, le Bavaria C38 marque des points : il offre en exclusivité un espace de rangement pour les voiles dans le coqueron avant, qui peut accueillir par exemple un gennaker en bas ou un code zéro. Tous les bateaux du comparatif disposent de deux grands coffres dans le cockpit et d'espaces de rangement dans les coques arrière, accessibles par des panneaux de pont et pouvant accueillir des défenses ou des amarres. Seuls les bateaux français disposent de compartiments de rangement pour le radeau de survie, rapidement accessibles en cas d'urgence. Sur les Bavaria et Hanse, le radeau doit être rangé dans un coffre à l'arrière ou arrimé sur le pont.
En standard, les chantiers navals allemands Bavaria et Hanse équipent leurs yachts d'un moteur diesel Yanmar trois cylindres encastré avec Saildrive et une puissance de 30 CV. Pour un yacht d'une longueur de coque de onze mètres et d'un poids allant jusqu'à neuf tonnes et plus, cette motorisation semble faible. Il est donc généralement recommandé de passer à 40 CV, mais contre un supplément de prix. Les bateaux de test sont également équipés de moteurs plus puissants.
Bénéteau et Jeanneau équipent leurs bateaux dès le chantier avec des moteurs Yanmar plus puissants, ce qui leur confère des avantages comparatifs après ajustement des coûts. Au lieu de saildrives, les deux chantiers navals misent sur des entraînements par arbre. Ils avancent l'argument d'une résistance moindre grâce à l'absence d'engrenage, d'une moindre sensibilité aux défauts, d'un entretien plus simple et de coûts plus faibles. Dans la tendance actuelle, tous les fabricants proposent désormais des entraînements électriques comme alternative.
C'est lors des manœuvres dans le port que le Beneteau Oceanis 37.1 montre ses meilleures caractéristiques. Avec ses deux safrans, il réagit rapidement et directement en avant comme en arrière. Le Sun Odyssey 380 se déplace lui aussi avec agilité sous la machine, mais il a besoin d'un peu plus de temps pour s'orienter lors de l'accélération en avant. Les deux bateaux français profitent ainsi de leur légèreté.
Les modèles plus lourds de Bavaria et Hanse réagissent plus lentement lors des manœuvres, en particulier en marche arrière et en virage. La raison en est probablement les safrans individuels, qui mettent plus de temps à établir le courant et l'effet. En marche avant, ils fonctionnent toutefois plus efficacement, car ils sont directement alimentés par l'hélice. En ce qui concerne les mesures de bruit, le Bavaria et le Hanse sont en tête. En marche (80 % du régime maximal), ils sont nettement plus silencieux sous le pont, alors que sur l'Oceanis 37.1 et le Sun Odyssey 380, les moteurs sont apparemment moins bien insonorisés. Ils sont particulièrement bruyants dans les cabines arrière.
Les quatre types présentent des forces et des faiblesses en comparaison directe. Il n'est pas possible de désigner un vainqueur clair à l'issue de la première partie. Sous la voile, l'Oceanis 37.1 a un petit avantage, mais uniquement grâce à la mise à niveau des performances du bateau de test. Seule la deuxième partie permettra de déterminer s'il existe un vainqueur clair dans le test de groupe (prochainement en ligne). Le suspense reste entier.
Beaucoup de place pour le barreur
Charge de la voile à l'avant du bateau
Poids élevé
Potentiel de performance solide
Réglage efficace de la grand-voile
Peu adapté à une seule main
Construction légère
Compartiment de rangement pour radeau de survie
Grande plate-forme de bain
Caractéristiques de navigation vivantes
Bonne hauteur au vent
Peu de sensation de pilotage à la roue
Lignes visuellement attrayantes
Beaucoup d'espace de rangement sur le pont
Jauges relativement courtes
Pilotage au feeling
Grande facilité d'utilisation à une main
Seulement deux winchs à l'arrière
cockpit walkaround
quille pivotante en option
Peu de place pour le barreur
Manipulation efficace
Gênes déjà en standard
Pas de pataras possible
* Offre de Yachting24 valable pour un montant assuré de 218.400 euros (avec couverture de la valeur vénale),
* Offre de Yachting24 valable pour un montant assuré de 221 300 euros (avec couverture de la valeur vénale),
* Offre de Yachting24 valable pour un montant assuré de 207 900 euros (avec couverture de la valeur vénale),
* Offre de Yachting24 valable pour un montant assuré de 223 100 euros (avec couverture de la valeur vénale)
Franchise 1300/1500 euros, montant de la couverture responsabilité civile 8 millions d'euros.