Les petits bateaux sont appréciés, et pas seulement parce qu'ils sont bon marché et faciles à manier. Les petits bateaux et les bateaux de croisière compacts représentent également une part importante du marché des bateaux en tant que base bienvenue pour les débutants et en tant que plateforme simple d'une société de loisirs et de sport aux multiples facettes. Malheureusement, ce segment de marché n'est plus aussi bien approvisionné qu'il y a dix ans ou avant. Les offres des fabricants polonais, souvent très bon marché et donc attrayantes, ont en grande partie disparu. L'explosion générale des prix au sein de la branche a également fait des ravages dans ce domaine. C'est bien connu : la production en série de petits bateaux ne permet plus de gagner de l'argent que difficilement.
Mais cette situation offre également des chances et des possibilités aux jeunes fabricants qui souhaitent combler les lacunes avec des offres individuelles et passionnantes en petites séries. Des marques comme Sarch (prononcé "Sartsch") par exemple. Le chantier naval de la petite ville espagnole de Pego, non loin de Valence, s'est présenté sur le marché en 2017 avec un projet de petit croiseur très inhabituel, le Sarch S7. Le YACHT a examiné le Test du bateau non conventionnel 2019 a été publié. Ensuite, avec le petit bateau de sport dS6, l'extension de la ligne s'est faite tout d'abord vers le bas ( Test YACHT 6/2020 ), elle remonte maintenant avec le croiseur compact Sarch S8, plus grand. Et cela devrait continuer ainsi : Une S10 est en cours de planification et devrait bientôt entrer en production.
Le numéro trois de la nouvelle S8 est à notre disposition pour un essai en Suisse. Le lac de Zurich, qui n'est pas réputé pour être un terrain de jeu particulièrement protégé du vent, est une fois de plus à la hauteur de sa réputation. Pour l'instant, il n'y a même pas un souffle. Le temps de s'intéresser à la construction et à l'architecture de l'Espagnole.
Sarch construit les coques de ses bateaux en contreplaqué en multipliant les plis. Les structures sont ensuite recouvertes de fibre de carbone à l'extérieur et de fibre de verre à l'intérieur, puis l'ensemble est stratifié et compacté sous vide par infusion de résine. Cette méthode de construction n'est pas seulement inhabituelle, elle est aussi unique et promet en outre des structures particulièrement rigides pour un poids réduit. Le pont est une construction sandwich traditionnelle en fibre de verre avec une âme en mousse, également construite par infusion sous vide.
Axel de la Hidalga est l'homme qui, aux côtés du chef de chantier Paco Pons, supervise la production des bateaux chez Sarch Composites. Et il est également responsable de leur construction, qui est aussi exceptionnelle que leur mode de construction. La coque du multicoque présente en effet une membrure presque carrée. Le franc-bord descend verticalement sur toute la longueur du bateau et jusqu'à la ligne de flottaison. Là, les lignes de la coque s'infléchissent durement, presque à angle droit, vers une zone sous-marine extrêmement plate. Vue de l'avant, la coque est presque cubique.
On remarque également le coude de l'étrave, qui est devenu une sorte de marque de fabrique pour les bateaux de Sarch. Cette forme n'a que peu d'importance du point de vue de la construction, mais elle permet d'alléger un peu les lignes de la coque, qui paraissent autrement encombrantes. La structure de la cabine, qui s'étend en forme de coin presque jusqu'à l'extérieur de la coque, comme sur un bateau à pont arrière classique, contribue en outre à donner un aspect plutôt corpulent à l'ensemble.
Le S8 est certes plus long d'un mètre que son petit frère le S7, mais il présente pour l'essentiel la même construction, le même concept, la même disposition sur le pont et un aménagement intérieur presque identique. En outre, les deux bateaux ont la même largeur, à savoir 2,49 mètres, et se prêtent donc également au transport sur remorque routière. En revanche, le chantier naval se montre flexible et installe en option une quille pivotante ou, comme sur le bateau de test, une quille relevable qui est relevée par un palan et à l'aide du treuil sur le pont. Cela fonctionne parfaitement lors du test. Cependant, la quille relevable, lorsqu'elle est relevée, va et vient dans le coffre de quille. Le chantier naval a donc l'intention d'adapter à nouveau les guides.
Avec les doubles safrans, qui sont accrochés à l'arrière et peuvent également être remontés, le Sarch S8 peut être mis à l'eau et sorti sans problème par la rampe de halage. Son faible poids est également un argument en faveur d'un transport facile sur la remorque. La Sarch S8 prête à naviguer ne pèse que 1,2 tonne avec un taux de lestage de 27%. Il est donc nettement plus léger que les bateaux comparables de la concurrence.
Ce poids plume serait-il un avantage pour la navigation ? Pour le savoir, le lac de Zurich offre entre-temps un vent léger de six nœuds de vitesse (2 Beaufort), ce qui suffit à peine pour se faire une idée des caractéristiques de navigation. Ce qui frappe, c'est la très grande stabilité dimensionnelle initiale de la coque bien remplie, avec ses arêtes vives et basses. Toutefois, la construction n'est vraiment rigide que jusqu'à une certaine inclinaison, et le bateau prend rapidement beaucoup de gîte lorsque la pression sous gennaker augmente. Cela met à l'épreuve le barreur et l'équipage qui doivent réagir rapidement pour éviter que le bateau ne se mette brusquement à la barre, ce qui peut arriver rapidement.
Le Sarch S8 est donc un bateau qui demande à être navigué très activement et qui offre même une certaine sportivité avec ses caractéristiques de navigation agiles et vives. De plus, son faible poids est perceptible avec une accélération étonnamment bonne. Comme booster supplémentaire, le plan de voilure élevé et puissant en comparaison, avec une grand-voile largement déployée en haut (squaretopp) et un génois à chevauchement court, assure une bonne performance, sans compter la quille en T relativement fine avec un tirant d'eau allant jusqu'à deux mètres et une bombe de plomb. Par deux forces de vent à peine, le S8 atteint une vitesse d'environ 4,4 nœuds, l'angle de virement est d'environ 90 degrés.
Le barreur n'a pourtant pas la tâche facile et il lui faut de la force pour maîtriser le pilotage. En effet, la barre franche est nettement trop courte et ne procure que peu de sensations de pilotage. De plus, il y a beaucoup de jeu dans la barre elle-même et dans les guides des safrans, ce qui est désagréable. Les Espagnols veulent encore travailler sur ce point et optimiser la mécanique.
Et il y a encore un potentiel d'amélioration. Les supports de bastingage relativement hauts ainsi que les paniers de proue et de poupe sont vissés sur de très petites plaques de base, uniquement sur le pont. Ils sont extrêmement faibles, n'offrent aucune sécurité en tant que possibilités de fixation et ne remplissent donc pas leur fonction. Le chantier naval doit également travailler sur l'écoutille coulissante au-dessus de la descente décalée latéralement. Les guides sont trop lâches et le couvercle ne peut pas être bloqué. Comme il n'y a pas de pont mobile sur le côté du quasi-pont arrière, il est indispensable de passer par la superstructure et donc par l'écoutille coulissante pour aller vers l'avant. Si l'on ne fait pas attention, on peut facilement tomber.
Le mât en aluminium provient du fabricant AG+ et se trouve sur le pont. Un dispositif de mise en place du mât est prévu en option, avec un pied de mât rabattable et une bôme de dériveur. Ce dispositif est facile à utiliser, même en solitaire. Le beaupré est spécial. La trompe peut être relevée pour manœuvrer dans le port, pour le transport ainsi que pour attacher facilement un gennaker ou un code zéro en fendant l'étai à eau - une bonne idée.
Sous le pont, le Sarch S8 surprend par un espace insoupçonné. Et avec une hauteur debout de plus de 1,80 mètre au milieu du salon, ce qui est déjà très inhabituel pour des bateaux de ce format. En accord avec la particularité générale du Sarch, l'agencement de l'aménagement intérieur est tout sauf conventionnel. Ainsi, la cuisine est construite comme une longue ligne avec de grandes surfaces de travail et de nombreux espaces de rangement sur le côté du salon, ce qui n'est généralement le cas que sur les bateaux de 40 pieds et plus. En revanche, la zone d'assise est réduite à une petite table de salon à peu près carrée. Deux, voire trois personnes au maximum peuvent y prendre place, mais pas plus. En revanche, il y a un espace toilettes spacieux et entièrement séparé, avec même une option douche. Il s'agit là aussi d'une caractéristique unique dans la classe des huit mètres de longueur de coque.
Deux adultes dorment dans la cabine avant ouverte ou dans la couchette double installée transversalement à l'arrière sous le plancher du cockpit, de manière très confortable et avec suffisamment de place. De plus, la petite table du salon peut être abaissée et la surface peut être utilisée comme couchette supplémentaire, par exemple pour un enfant. En somme, l'aménagement sous le pont et l'agencement sont très intéressants, car rares et différents. Et à l'intérieur, grâce aux baies vitrées et au grand panneau de pont, l'espace est très clair, convivial et accueillant. Cela plaît.
La qualité du second œuvre laisse toutefois encore à désirer dans certains domaines. Les surfaces sont parfois mal finies, il y a parfois de grands joints entre les composants. Et lors du montage des installations techniques de bord, on peut également trouver un grand potentiel d'amélioration dans les détails.
L'attrait du Sarch S8 réside dans son concept extravagant, loin du mainstream. Malgré son originalité, le bateau venu d'Espagne fonctionne plutôt bien et encore mieux si le chantier naval parvient à éliminer les défauts encore présents. Et le prix est également correct, si l'on tient compte du bon équipement de base et de la construction complexe.
Fuselage construit en contreplaqué avec des renforts en fibre de carbone (extérieur) et en fibre de verre (intérieur). Le pont est une construction sandwich en fibre de verre avec une âme en mousse de PVC, fabriquée par infusion sous vide. La quille est en aluminium, le ballast en plomb.
Le mât en aluminium provient du fabricant AG+ en France. Le gréement se trouve sur le pont et peut être replié en option grâce à un dispositif de mise en place du mât. Un jeu de voiles simple en Dacron (grand voile et génois sur enrouleur) est compris dans le prix standard départ chantier.
Moteur hors-bord essence ou électrique, moteur diesel encastré ou moteur électrique pod. De nombreuses possibilités sont disponibles pour la motorisation. Toutes les variantes sont uniquement disponibles en option
Situation 9/2023, comment les prix affichés sont définis, vous trouverez ici !
Sarch Composites SL ; 03780 Pego (Espagne) ; www.sarch.es
Croiseur compact en provenance d'Espagne avec une construction extravagante et un concept hors du commun. L'aspect visuel du bateau est également très particulier. Prix modéré