Alexander Worms
· 22.01.2024
Le premier coup d'œil est surprenant : Celui-ci, dans le chemin de grue chez KM Yachtbuilders à Makkum, ne ressemble guère au nouveau Baby-Bestevaer, qui ne fait que 36 pieds de long. Ce bateau doit être plus grand. C'est peut-être tout simplement parce que les lignes du 36 sont les mêmes que celles des yachts de la gamme Bestevaer, qui peuvent atteindre 70 pieds. En effet, le bateau d'essai d'aujourd'hui n'est pas très grand : il ne mesure que 10,95 mètres de longueur hors pont. Mais les principes de conception sont identiques : des extrémités droites pour une longueur maximale de la ligne de flottaison et donc de la vitesse, un cockpit plutôt petit et bien protégé derrière le rouf, un bastingage haut, une structure plate et, justement, ce rayonnement très particulier de l'aluminium nu.
Le Bestevaer original mesurait 53 pieds. 45 pieds, c'était aussi bien pour ces bateaux en aluminium, comme l'a montré l'article de YACHT 8/2008. Mais le concept fonctionne-t-il aussi sur une longueur inférieure ? On peut supposer qu'on y a au moins bien réfléchi, car le numéro un est aussi le bateau du concepteur de Bestevaer et du pape de la classe J, Gerard Dykstra. Ce dernier est connu pour ses bonnes solutions dans les détails et sa fidélité aux principes lorsqu'il s'agit de performances de navigation. Fait réjouissant : Monsieur Dykstra est à bord lors de l'essai. Il veut savoir ce que nous pensons de sa dernière création.
La première impression de l'extérieur est en tout cas réussie. Les lignes sont adaptées, mais Dykstra sacrifie la hauteur à l'intérieur. 1,85 mètre, ce n'est pas forcément beaucoup de nos jours. Mais ce qui frappe d'abord, c'est la petite taille du cockpit. Des sièges courts de 1,35 mètre, une barre franche qui prend beaucoup de place en route, même si elle peut être partiellement raccourcie, et une planche de bois à l'arrière en guise de banc : il n'y a pas beaucoup de place. Maître Dykstra avait en tête un équipage très réduit, et il a tout organisé en fonction de lui. Cela a été mis en œuvre de manière cohérente et fonctionne bien. Lors du test avec jusqu'à cinq personnes à bord, on se sent à l'étroit.
L'agencement intérieur est donc parfaitement adapté : un grand lit à l'avant, séparé du salon par un rideau. L'intimité n'est pas importante si l'on voyage à deux. La couchette arrière à bâbord, sous le siège du rouf, n'est utilisable que par une seule personne ; si d'autres personnes montent à bord, elles doivent dormir dans le salon. À bâbord, il est possible de réaliser un lit double entre la paroi extérieure et le puits de dérive, mais il ne mesure que 1,90 mètre de long.
Ce qui saute aux yeux, c'est l'énorme table pouvant accueillir jusqu'à six personnes. Cela semble peu judicieux au vu de la conception, toutefois le puits de dérive a besoin de cet espace. La longueur de la dérive et donc du coffre à l'intérieur génère la stabilité nécessaire sous les voiles. Ainsi, l'annexe de 2,3 tonnes peut être abaissée à 2,4 mètres.
Un évier profond a été placé à l'arrière, idéalement au milieu du bateau. À bâbord se trouve la cuisine, qui peut être considérée comme très adaptée à la mer. Dommage : le réchaud, même s'il ne s'agit que de la variante à alcool, est sur la liste des suppléments. À tribord se trouve la salle d'eau - lavabo et WC, c'est tout. On pourrait aussi y prendre une douche, mais l'espace semble très restreint. Si l'on veut avoir plus de place dans la salle d'eau, il faut sacrifier le siège à tribord dans le rouf et donc aussi l'armoire à huile très bien placée en dessous. Le rouf lui-même mesure 1,42 mètre de haut à l'intérieur, les deux sièges sont confortables et conviennent parfaitement pour monter la garde grâce à une excellente vue panoramique. Ce que l'on ne fera pas forcément, c'est y passer du temps au mouillage ou dans le port, car à part s'asseoir, on ne peut rien y faire, pas même s'allonger.
Sur un Bestevaer, le rouf sert à y séjourner en mer. Il est temps de voir comment elle s'y comporte. Pour cela, il faut d'abord sortir à la machine sur l'IJsselmeer. Sur le bateau d'essai, c'est un servopropulseur Oceanvolt de 15 kW qui s'en charge. Par nature, on ne l'entend pas et on ne le sent pas. Avec un tiers de sa puissance, il propulse le bateau à cinq bons nœuds. Avec le pack de batteries de 30 kilowattheures, cela suffit pour parcourir environ 30 miles nautiques à la machine. La batterie standard est deux fois plus petite. Un moteur diesel Yanmar de 29 CV est monté de série. Ceux qui souhaitent rouler à l'électricité et choisir le grand accumulateur d'énergie doivent payer un supplément d'environ 75.000 euros. Il faut ajouter 24.000 euros supplémentaires si l'on souhaite avoir à bord un générateur de 6 kW de Fischer Panda. Ceux qui y renoncent peuvent aussi passer à une puissance de batterie de 43 kWh. Le servopropulseur récupère l'énergie pendant la navigation.
De plus, des panneaux solaires et une éolienne peuvent être installés pour recharger les batteries. Le Bestevaer ne pourra pas se passer totalement de courant de quai ou de diesel transformé en électricité à l'aide d'un générateur, s'il doit parfois parcourir de longues distances avec l'aide du moteur. Mais comme le générateur fonctionne avec du diesel HVO, c'est-à-dire à base d'huile végétale, on peut tout à fait parler d'une possibilité de propulsion durable. En ce qui concerne la durabilité, l'aluminium est sans doute le matériau le plus durable pour la construction de bateaux, puisqu'il est composé à 70% de matériaux recyclés. Pour le bois, les voiles et les tissus, ainsi que pour l'isolation en laine de roche, le chantier naval mise également sur des matériaux qui laissent une empreinte écologique aussi faible que possible.
Le meilleur moteur écologique est le vent ! Les drisses déviées dans le cockpit permettent de hisser la grand-voile. Un winch électrique est adapté à l'âge de l'enfant. Si l'on opte pour la version avec un haut déployé, le bateau est équipé d'étages arrière. Le clou : ils ne sont nécessaires que lorsque le vent souffle plus fort. La tête de la voile exposée passe alors sous les pataras dans le premier ris. Lorsque la grand-voile et le génois sont en place - il est également possible d'installer un foc auto-vireur sur une bôme Hoyt -, le vent souffle à peine à huit nœuds. Le 36 navigue pourtant à environ quatre nœuds par 43 degrés de vent vrai et reste parfaitement neutre sur le gouvernail, aucune pression n'est perceptible. En s'excusant presque, le constructeur Dykstra explique qu'une telle dérive ouverte crée toujours une résistance sous l'eau. Malheureusement, il n'est pas possible de changer cela.
Par dix nœuds de vent, la vitesse du vent arrière atteint cinq bons nœuds. Plus tard, alors que l'affichage indique 15 nœuds en rafales, le bateau répond par une légère pression sur le gouvernail. Le Bestevaer atteint alors près de huit nœuds, mais avec un code zéro. Ce qui se remarque négativement sous la voile, c'est la manipulation maladroite des pinces Antal. Ils sont à moitié cachés sur le plat-bord. Leur mécanisme de déclenchement avec la drosse de largage n'est actif que lorsque la drosse est tendue. Ce n'est pas très pratique pour l'écoute de grand-voile : si l'on veut la border, il faut d'abord travailler la manivelle pour créer de la tension. Il faudrait trouver une autre solution.
En ce qui concerne l'utilisation, c'est le seul point qui ne fonctionne pas bien. Pour le reste, le chantier naval et le constructeur ont imaginé de très beaux détails. La plate-forme de bain rabattable n'est certes pas très grande, mais elle remplit parfaitement son rôle - elle coûte toutefois 6.500 euros supplémentaires.
Bien sûr, on utilise autant que possible des manilles de cordage. Ainsi, il y a tout simplement moins d'acier inoxydable corrosif à bord. Encore un détail bien pensé : Comment crée-t-on un revêtement antidérapant sur l'aluminium ? Par sablage. Cela rend la surface rugueuse. Pas de peinture, pas de revêtement.
Il reste à voir comment le marché accueillera le Bestevaer 36. Avec un peu d'équipement, le bateau coûte environ 600.000 euros. Un peu plus de 100.000 euros de plus qu'un Allures 40.9 plus grand. L'orientation stricte vers les petits équipages exige une disposition au compromis. Le chantier naval et le constructeur ont été conséquents en ce qui concerne la qualité de construction et les propriétés de navigation. La première est tout simplement excellente, notamment en ce qui concerne les travaux en aluminium, l'aménagement intérieur est également bien réalisé et adapté à la navigation. Sous les voiles, il fait ce qu'il doit faire. Autre avantage : en aluminium nu et avec un moteur électrique, le bateau ne nécessite pratiquement aucun entretien.
Il y a donc suffisamment d'aspects à l'actif, y compris en termes de durabilité. À cela s'ajoutent le tirant d'eau variable et l'isolation complexe, qui entraînent des prix plus élevés. Ceux qui apprécient ces choses trouveront peut-être dans le 36 le bateau de leurs rêves.
Pour savoir comment sont définis les prix affichés, voir ici !
Équipement standard inclus dans le prix de base : Moteur diesel 29 CV, écoutes, robe de voile, bastingage, feux de position, batterie, compas, voile, coussins, cuisine, pompe de cale, WC, extincteur, réservoir d'eaux usées avec système d'aspiration, pare-battage/fixation, ancre avec chaîne, livraison voile claire
Pour ceux qui peuvent se passer de la trousse à huile et du siège à tribord dans le Doghouse, une douche peut être installée sur demande. Avec seulement 150 litres d'eau douce à bord, il faut cependant faire court
Des cellules solaires Solbian peuvent être placées sur le pont et la Pilothouse, les 4,2 mètres carrés devraient idéalement produire près de 1.000 watts-crête. Supplément de prix : 10.000 euros
Pour éviter autant que possible le contact entre l'aluminium et l'acier inoxydable, le bateau est construit en aluminium partout où cela est possible
Un mini yacht d'eau bleue parfaitement conçu. L'expérience de Gerard Dykstra est clairement visible partout à bord, et la finition des travaux métalliques est typiquement de très haute qualité pour KMY. En outre, le 36 navigue suffisamment bien pour un bateau de cette orientation. Le coût est élevé : Le prix est plus de 100.000 euros plus élevé que celui du Ovni 370.
Après avoir parcouru 70 000 milles à bord de son Bestevaer 53, Gerard Dykstra se la coule douce avec son nouveau 36.
C'est vrai. Nos forces diminuent avec l'âge, nous avons donc dû adapter le bateau, car nous voulons continuer à tout manœuvrer à la main. Nous voulions un bateau de croisière complet, mais sur 36 pieds et avec un tirant d'eau variable.
Oui, mais cela reste limité. Elle peut toujours naviguer vite, mais ce n'est pas une 53. Il était vraiment rapide, et ce dans presque toutes les conditions. Mais nous avons aussi d'autres projets maintenant, alors 36 pieds, c'est très bien.
Nous avons voyagé vers toutes sortes de destinations lointaines avec le bateau précédent, mais nous n'avons jamais vraiment navigué dans cette région. Nous voulons aller dans les Wadden, vraiment partout, peut-être jusqu'au Danemark ou dans la mer Baltique.
(rires) Oui, avec l'âge, je deviens apparemment plus enclin au compromis.