Aucune voile complétant la garde-robe standard composée d'une grand-voile et d'un foc ou d'un génois n'a connu ces dernières années autant de succès et de diffusion que la voile dite code zéro. Cette voile est originaire du monde de la régate. Elle a été utilisée pour la première fois en 1997 sur l'"EF Language" lors de la Whitbread Race et était en fait considérée comme un gennaker, c'est-à-dire qu'elle devait avoir une certaine largeur, mais était en fait conçue comme un génois de calme.
C'est aussi le cas aujourd'hui sur les bateaux de croisière : La voile d'avant agit comme un véritable turbo par vent faible, entre 80 et 140 degrés d'angle d'incidence réel du vent, et elle est particulièrement utile sur les bateaux modernes avec de petites voiles d'avant, voire même obligatoire pour les bateaux avec foc auto-vireur. En effet, les voiles étroites ne sont pas seulement petites, elles s'ouvrent aussi de manière démesurée en haut sur les parcours spacieux et perdent ainsi beaucoup de propulsion.
Le Code Zero, en règle générale environ deux fois plus grand que le génois du même bateau, n'apporte pas seulement de la surface, mais aussi un profil plus complet pour des parcours plus spacieux. Il peut être taillé de manière assez triangulaire comme un génois surdimensionné ou comme un gennaker avec un large épaulement et beaucoup d'arrondi sur la chute, ce qui laisse le choix aux clients et aux voiliers d'opter pour un Code Zero en tant que génois de calmes ou plutôt comme un enrouleur d'espace plat qui se chevauche avec un spi ou un gennaker dans la plage d'utilisation.
Dans tous les cas, la voile flottante est munie de son propre étai dans le guindant, autour duquel elle est déroulée et enroulée comme un génois à enrouleur. Pour cela, l'enrouleur a besoin d'un point d'attache fixe devant l'étai. En ce qui concerne le matériel, il faut également prévoir des renvois pour la ligne d'enroulement sans fin de l'emmagasineur, des écoutes et des poulies de renvoi (on peut aussi utiliser ici la périphérie du spi ou du gennaker), des barres de flèche et une drisse, si possible avec un rapport de 1:2, afin de pouvoir exercer beaucoup de traction sur l'étai du Code Zero.
Du point de vue du maniement, le Code Zero est plus facile à entretenir que le gennaker ou le spi, même si ces derniers sont utilisés dans des tubes de récupération. Si on le souhaite, le Code Zero peut être mis à l'eau et récupéré au port, à condition d'être bien enroulé. Lorsqu'il doit être utilisé, il est rapidement déroulé et plus tard rétracté. Le réglage est simple et la voile, fabriquée dans un matériau plus solide, est nettement moins nerveuse qu'une toile de nylon flottant librement. La Code Zero est donc également un meilleur choix pour la navigation en pilote automatique.
Le voilier dispose de diverses possibilités pour concevoir le Code Zero : Les variables de profil, de largeur centrale, d'arrondi de la chute et enfin de taille, ainsi que les différentes constructions et poids de tissu, permettent de définir les caractéristiques et les aptitudes de la voile.
Il peut par exemple servir de treuil spatial surdimensionné avec un arrondi prononcé de la chute et un profil bas. Cela rend le gennaker presque obsolète, mais la voile n'est pas adaptée aux parcours plus pointus.
Ou le client et le voilier optent pour le code zéro dans le style d'un génois surdimensionné. avec un profil plat et un contour triangulaire sans arrondi. Cette voile est alors plutôt adaptée comme génois de calmes et son domaine d'utilisation se recoupe plus avec un génois qu'avec un gennaker, qui fait alors partie en plus d'une garde-robe qui fonctionne bien.
Les différents domaines d'utilisation des voiles d'avant sont illustrés par le diagramme suivant est exemplaire. Un foc auto-vireur est confortable, mais n'a d'avantages par rapport au génois 1 que par vent plus fort et faiblit sur les parcours où les écoutes sont gréées. Le code zéro, qui peut couvrir une autre plage que celle représentée ici selon la conception, comble le trou entre les voiles d'avant au vent et un gennaker bas.
Dans tous les cas, le client doit se faire conseiller de manière intensive par le voilier et déterminer quelles sont ses attentes vis-à-vis du Code Zero et quel domaine d'utilisation il doit couvrir.
Enroulé, le Code Zero est une saucisse assez rigide, mais qui se range facilement dans les baies, généralement sans l'emmagasineur, qui reste accroché au pont ou est stocké à part.
La voile peut être mise directement dans l'écoutille avant ou, dans l'idéal, dans un mât de voile où un sac peut être suspendu.
Gain de place sous le pont et bonne solution en cas d'eau sur le pont : un sac spécial accueille la voile. Il se fixe par exemple au bastingage pour la mise à l'eau et la récupération et peut également rester sur le pont en cours de route. La voile est nettement moins sensible à l'humidité qu'un gennaker ou un spinnaker en nylon, mais il faut quand même la faire sécher à l'occasion.
La mise à l'eau et la récupération du Code Zero sont plus confortables et moins stressantes que le maniement du gennaker. L'emmagasineur et la drosse d'enroulement peuvent être installés dès le début de la croisière, ce qui permet d'économiser du temps de préparation en cours de route. La ligne d'enroulement sans fin est déviée par une poulie à l'arrière du pont. Celui-ci est fixé par un bout en caoutchouc qui maintient la tension de la ligne et garantit ainsi la bonne rotation de l'emmagasineur.
Contrairement au gennaker ou au spi, le Code Zero est toujours placé au vent du génois déroulé. Cela rend la manœuvre très simple, le boudin de toile ne peut pas s'envoler loin sous le vent et glisse quasiment vers le haut dans la voile d'avant. Il faut juste veiller à ce que le boudin ne se prenne pas derrière les barres de flèche. et qu'une forte traction est exercée par le winch sur la puissante drisse 1:2, ce qui provoque des dégâts dans le gréement. Il faut y faire particulièrement attention lors de la mise en place avec le génois enroulé. Le regard vers le haut est donc obligatoire.
Lors de la mise au vent, il est important que l'écoute sous le vent soit correctement placée à l'avant, autour de l'étai. Les écoutes peuvent aussi être accrochées après la mise à l'eau, si le point d'écoute est bien fixé et accessible ou s'il est équipé d'un bout.
Pour les petits équipages sans pilote automatique, une pince à levier sur le mât, à travers laquelle la drisse passe et peut être pré-fixée, est utile lors de la mise à l'eau et de la récupération. La drisse est ensuite mise en tension par un winch de drisse. La pince aide également la personne à l'avant du bateau à hisser la voile.
Le Code Zéro peut aussi rester en place dans un premier temps lors de l'entrée dans un port ou au mouillage. En raison de sa plus grande résistance au vent, il peut toutefois influencer la manœuvre, selon la direction du vent, l'étrave se décale plus latéralement que sans le boudin de toile.
La voile s'enroule comme un génois, mais avec son propre matériel : Enrouleur avec drosse, étai, émerillon de tête. Le guindant est un tube dans lequel est inséré un étai sous forme d'un gros câble textile à faible étirement. L'enroulement se fait de bas en haut (bottom up), contrairement aux spinnakers à enroulement qui sont enroulés de haut en bas (top down). Le col est donc fixé sur le tambour, en haut la voile tourne librement grâce à l'émerillon. L'alternative consiste à utiliser des voiles sans câble qui, grâce à des bandes cousues de matériau à faible étirement dans le guindant, forment leur propre câble lors du vrillage. De telles voiles sont notamment proposées par Doyle, Elvstrøm, North et Quantum.
Quel que soit l'équipement, la procédure est la même et aussi simple que le déroulement d'un génois à enrouleur : mettre le cap, desserrer la pince de la drosse d'enroulement et dérouler la voile avec l'écoute sur le winch. Pour cela, il faut bien sûr que l'écoute au vent soit relâchée.
Pour récupérer le bateau, il faut si possible l'amener à un cap plus bas, d'environ 130 degrés par rapport au vent vrai, ce qui réduit la pression sur la toile et crée une distance avec le gréement. Veiller à ce que l'écoute de près soit sous l'emmagasineur, sinon elle risque d'être enroulée et de bloquer l'emmagasineur. Lancer et arrêter l'écoute avec courage, enrouler la voile jusqu'à environ un tiers, puis tenir l'écoute légèrement contre et continuer à l'enrouler. Si une main est encore libre, elle doit tirer l'écoute vers le bas sur les derniers mètres à l'avant du bateau, ce qui permet d'enrouler la voile plus proprement. Veiller à ce que les bandes velcro du point d'écoute s'emboîtent. et que l'écoute soit enroulée environ deux fois. Cela permet de sécuriser la voile lors de la récupération ultérieure.
La voile est arrimée au câble anti-torsion avec une certaine tension. Si la drisse est plus serrée, on étire non seulement le câble, mais aussi la voile au guindant. La ralingue ne doit donc pas être trop tendue si l'on veut éviter un allongement excessif. La tension de la drisse est adaptée à l'angle d'incidence et à la force du vent. Les cours de pointe exigent une tension de drisse plus importante, sinon la flèche devient trop grande.
Réglez maintenant la voile avec l'écoute de manière à ce que le guindant ne s'affaisse pas. Une voile trop serrée génère trop de gîte, plus de pression sur le safran et augmente la dérive. Lorsque la Code Zero est correctement réglée, sa chute doit être parallèle à celle de la grand-voile. Pour cela, le chariot de la grand-voile peut être amené au vent et le hale-bas de bôme peut être légèrement gréé. L'écoulement régulier de l'air assure une propulsion optimale.
Pour contrôler la chute, il est utile d'utiliser des barberholders, qui se placent à mi-chemin entre les haubans et la poulie d'écoute, sur le bord extérieur du bateau.