L'ascension de la marque peut presque être qualifiée de comète. Bali Catamarans n'existe que depuis 2014, mais s'est imposé en quelques années comme l'un des principaux fabricants dans le segment des catamarans de croisière. Derrière la marque et son succès se cache le propriétaire du chantier naval, Olivier Poncin. Ce poids lourd de la branche (anciennement Harmony Yachts) a développé Bali en tant que dérivé de la marque exclusive et sportive Catana, adapté à la croisière, au charter et au marché de masse, et l'a intégré dans le groupe d'entreprises du même nom.
En tant que concepteur, Poncin a imaginé un concept très original. Particularité remarquable : les coques des Bali-Kats sont stratifiées comme une plateforme continue de la poupe à la proue. Cela signifie qu'il n'y a plus de trampoline à l'avant entre les coques, mais plutôt une construction solide avec un cockpit avant intégré. Les traverses structurelles, appelées beams, peuvent donc être supprimées sur les Bali.
Lors du développement du Bali Catspace, Poncin a exploité de manière conséquente et jusqu'aux limites de la faisabilité le gain d'espace et de volume qui en résulte, afin de pouvoir installer à l'avant deux cabines doubles très spacieuses avec de larges lits îlots transversaux. Dans la catégorie d'entrée de gamme de 40 pieds (douze mètres) de longueur de coque, il s'agit d'une caractéristique unique remarquable. Dans les concepts de catamarans classiques de la concurrence, les cabines avant et leurs couchettes restent limitées dans l'espace à la largeur des coques. Mais Bali veut offrir les deux : Les Français construisent leur entrée de gamme Bali 4.1 (désormais Bali 4.2) également avec un agencement conventionnel.
Une autre exclusivité du Bali Catspace est le solarium et le poste de pilotage sur le flybridge, une commodité qu'aucun autre catamaran de cette taille ne peut offrir. Ce luxe s'accompagne toutefois de quelques inconvénients visuels. La bôme est placée relativement haut pour ne pas mettre en danger les passagers de l'étage supérieur pendant les manœuvres. Ce n'est pas très esthétique et en plus, c'est assez compliqué pour le rangement des voiles - un compromis.
Lors du test en 2020 devant la porte de Bali à Canet-en-Roussillon, dans le sud de la France, le vent est faible et ne dépasse pas 8 à 10 nœuds. Sous voilure standard (grand-voile et foc auto-vireur), les performances restent décevantes et le Catspace s'avère sous-gréé. Un code zéro enroulable, qui permet d'augmenter les performances à partir d'un angle d'incidence du vent d'environ 80 degrés, constitue un remède efficace et devrait faire partie du concept et de l'équipement de base. Quoi qu'il en soit, le croisement par vent faible n'est pas la discipline de prédilection du Catspace.
Au cours des tests, le vent se lève et se transforme en véritable brise de mer avec une force pouvant atteindre 18 nœuds. Le bateau supporte mieux ces conditions, il peut alors convaincre avec des performances réjouissantes et beaucoup de tempérament au vent, même sous foc. Le loch enregistre 6,4 nœuds de vitesse avec un angle de virement de 100 degrés. Le français compact atteint presque 8 nœuds sur le fond avec un vent à mi-course et un code zéro déroulé. Le Catspace fait preuve d'une dynamique et d'une agilité surprenantes. Les virements de bord, en particulier, sont étonnamment rapides, sans que la double coque ne soit freinée jusqu'à l'arrêt complet, ce qui est le cas de nombreux autres catamarans.
Le pilotage n'est toutefois pas une révélation. Le système entièrement hydraulique (standard) reste insensible, même avec plus de vent et de pression dans le gréement. Le travail du barreur se limite à maintenir le cap, ce que le pilote automatique fait au moins aussi bien. Celui-ci est d'ailleurs directement couplé au système hydraulique de la barre. En cas de défaillance du système, par exemple une fuite dans les conduites hydrauliques, le catamaran ne pourrait donc plus être dirigé qu'avec une barre franche de secours.
Le poste de pilotage est intégré très haut sur le côté du flybridge. Le barreur a une bonne vue sur tous les côtés ainsi que sur les voiles et peut voir les deux bouchains et la poupe à tribord dans le port. La partie arrière de la coque bâbord reste cependant cachée.
Les drisses, les écoutes et les lignes de réglage sont sans exception déviées jusqu'au poste de pilotage, où elles sont trop faciles à utiliser. On apprécie particulièrement la disposition des deux grands winches d'écoute sur le côté de la superstructure de la cabine, où ils sont également accessibles aux autres navigateurs qui se tiennent en bas sur le pont roulant. L'agencement de l'accastillage est bien pensé, en particulier pour les skippers qui ont l'habitude de naviguer en solitaire, même dans les manœuvres. En cas de mauvais temps, le Bali peut être piloté à distance par le pilote automatique, même depuis la navigation dans le salon. La vue vers l'avant et sur les côtés est également presque illimitée depuis cet endroit. En revanche, il est difficile de contrôler la position des voiles.
En raison de la plate-forme stratifiée jusqu'à la proue avec cockpit avant, les grands espaces de rangement habituels à l'avant du bateau devant la superstructure de la cabine sont supprimés sur le Catspace. À la place, les deux coques avant offrent des possibilités de rangement suffisamment grandes pour les défenses, les amarres et les voiles supplémentaires. Il y a également des espaces de rangement sous les sièges et les couchettes du cockpit, y compris pour le radeau de sauvetage, qui dispose d'un système bien pensé de dégagement rapide vers le bas.
Le grand cockpit et le salon sont combinés de manière fonctionnelle, l'extérieur et l'intérieur forment une unité. Comme sur tous les modèles actuels de Bali, le rouf du Catspace peut être complètement isolé si nécessaire, par exemple en cas de mauvais temps ou de froid. Pour cela, il suffit de fermer les fenêtres coulissantes sur les côtés ainsi que la paroi arrière du rouf. Une fois ouverte, celle-ci est relevée comme une porte de garage sous le bimini fixe. Le mécanisme d'ouverture et de fermeture de la porte est assisté pneumatiquement et fonctionne parfaitement.
Comme ses frères Bali 4.1, 4.3 et 4.6, le Catspace est fabriqué dans une filiale du chantier naval en Tunisie. La coque complète est un élément cohérent, fabriqué par infusion sous vide avec un noyau en mousse PVC et une résine polyester. Le pont, la cabine et le toit avec flybridge sont fabriqués selon le procédé d'injection sous vide (Resin Transfer Moulding, RTM). Cette méthode de construction est certes très coûteuse, mais elle permet d'obtenir des surfaces parfaites, même sur les faces intérieures du stratifié. Cela permet à Bali de renoncer en grande partie aux coques intérieures habituelles pour l'aménagement sous le pont et donc, surtout, de gagner du poids.
Le Catspace pèse 9,2 tonnes, ce qui est relativement peu si l'on considère que le dessous de la coque est entièrement laminé jusqu'aux extrémités du bateau. Les courtes quilles tronquées sont d'ailleurs simplement collées sur les coques, et non pas boulonnées ; elles doivent tomber en cas d'échouage et ne pas endommager la structure de la coque. Malgré cela, les corps des quilles sont suffisamment robustes pour que le bateau puisse se tenir sans problème sur eux, à terre ou même pour se mettre à sec dans les eaux de marée.
Sous le pont, le Catspace est aménagé de manière assez sobre, rectiligne et sans fioritures. En même temps, l'aménagement intérieur, avec sa conception très moderne et ses forts contrastes de couleurs, est agréable et confortable. L'acheteur peut choisir s'il souhaite des teintes plutôt claires ou foncées pour l'ameublement. Pour l'aménagement, le chantier naval utilise des stratifiés plutôt que du bois véritable, ce qui lui permet de réagir de manière très flexible aux souhaits des clients. Les autres avantages du plastique imitant le bois sont qu'il est insensible aux rayures et qu'il ne fonce pas.
En ce qui concerne la qualité des travaux, il y a tout de même des critiques à formuler. À de nombreux endroits, l'aménagement n'est pas intégré de manière adéquate, avec parfois de grandes fentes qui sont plutôt inesthétiques et enduites de mastic - il y a encore un potentiel d'amélioration dans ce domaine.
Comme nous l'avons déjà mentionné, les cabines doubles encastrées transversalement à l'avant offrent nettement plus d'espace habitable que celles de la concurrence avec un aménagement traditionnel dans les coques. Et les couchettes doubles sont également plus généreuses que la moyenne, avec des largeurs de 1,50 mètre au niveau des épaules. De plus, il est possible de transformer la tablette sur le côté de la coque en une autre couchette individuelle avec une grande surface de couchage grâce à une planche d'insertion extensible et des coussins supplémentaires. Cette idée n'est pas seulement bonne, elle est aussi impeccablement réalisée sur le plan artisanal. A l'arrière aussi, les lits dans les cabines sont bien larges ; avec une longueur de seulement 1,90 m, ils sont toutefois un peu justes.
Dans la version propriétaire, la coque bâbord est aménagée en cabine principale continue avec une grande salle de bain à l'avant. À tribord, on conserve deux cabines et deux salles d'eau. Et pour la location de yachts, il y a la version avec quatre cabines et quatre salles de bain comme sur le bateau d'essai. Toutefois, avec deux cabines dans la même coque, les salles d'eau deviennent étroites. L'option de coupler les deux petites salles de bains et d'aménager un compartiment douche séparé n'est pas non plus proposée par Bali en tant que variante - c'est dommage. Avec seulement une très petite fenêtre à battant, la ventilation dans les toilettes est en outre insuffisante. La ventilation dans les cabines est meilleure.
Le Bali Catspace coûte 455.000 euros dans sa version de base, y compris les voiles et les deux moteurs Yanmar de 20 cv installés correctement. Dans la catégorie d'entrée de gamme, le montant reste comparable aux offres de Fountaine Pajot, Lagoon ou Nautitech ; seul l'Excess 11 sort du lot au niveau du prix de base, mais il est aussi un peu plus court que ses concurrents.
Tout compte fait, le Bali Catspace joue clairement le rôle d'outsider dans la plus petite catégorie de catamarans de croisière, ce qui rend le bateau passionnant et donc attractif. Les petits défauts de l'aménagement intérieur ne ternissent que très peu la bonne impression et devraient finalement pouvoir être évités. En revanche, les nombreuses idées nouvelles et parfaitement mises en œuvre sont un vrai plaisir.
Vitesse du vent : 15 nœuds (4 Bft.) Hauteur des vagues : env. 1,0 mètre
* Avec le code zéro
La charge de voile avec foc auto-vireur est plutôt faible pour un catamaran
1 : nombre sans dimension. Calcul : 2√S/3√V. Plus la valeur est élevée, plus la surface de voile (S) du bateau est importante par rapport à son déplacement (V).
Un bateau pour le grand public avec un maximum d'espace de vie sous le pont et de nombreuses zones de détente à l'extérieur. Sur le plan de la navigation, le Catspace a du potentiel, mais il a besoin de vent. L'offre est également compétitive en termes de prix.
Coque construite à partir d'un moule par infusion sous vide avec noyau en mousse. Pont : Injection RTM
454 940 euros départ chantier naval, bruts avec 19 % de TVA (état juin 2023)
Bali Catamarans, Canet-en-Roussillon ; www.bali-catamarans.com
Distribution via le réseau de revendeurs
Ce test est paru dans le numéro 24/2020 de YACHT et a été révisé par la rédaction en juin 2023.