Le développement particulièrement rectiligne de la gamme est et a toujours été le cheval de bataille de Jeanneau Yachts. Peu d'autres chantiers navals développent et remanient leurs séries de produits de manière aussi conséquente et durable que les constructeurs de yachts français en Vendée. C'est particulièrement vrai pour la gamme Sun Odyssey. Dernièrement, avec le très remarqué Sun Odyssey 440, les Français ont donné le coup d'envoi d'un cycle de produits entièrement nouveau et homogène sur le plan conceptuel. Ce qui s'accompagne d'une nouveauté très intéressante : le cockpit dit "walkaround", jusqu'alors une véritable innovation pour les yachts de croisière de cette orientation.
L'idée de cet arrangement à la fois original et inventif est la suivante : les coursives latérales descendent en continu depuis le milieu du bateau, comme des rampes, jusqu'au niveau du plancher du cockpit. Il en résulte une sorte de canal entre le panneau de cockpit et la coque en saillie sur le côté, une sorte de passage continu du cockpit vers le pont latéral. C'est entre autres pour cette innovation bien pensée et qui a très bien fonctionné lors du test que le Sun Odyssey 440 a reçu le titre de yacht européen de l'année 2018. Jeanneau a par la suite mis en œuvre avec succès la même caractéristique sur le plus grand Sun Odyssey 490 et le plus petit bateau de douze mètres Sun Odyssey 410.
Le Sun Odyssey 380, comme tous les petits bateaux de Jeanneau, est une construction de Marc Lombard. Il remplace le Sun Odyssey 389 (anciennement 379), un bateau qui était déjà sur le marché depuis 2011 avec des modifications et qui a connu un grand succès en tant que bateau de propriétaire et pour la location de yachts. Outre le cockpit walkaround, qui est sans doute la modification la plus importante, le Sun Odyssey 380 présente également quelques nouveautés intéressantes par rapport à son prédécesseur, qui a connu un grand succès.
Ainsi, le Sun Odyssey 380 de Jeanneau est disponible dans une version équipée de la quille pivotante, apparemment de plus en plus demandée. Jusqu'alors, cet aileron à relevage hydraulique n'était proposé par le chantier naval que pour le plus petit modèle, le Sun Odyssey 349. Avec les doubles safrans standard, les deux petits bateaux de la gamme de tourisme de Jeanneau sont donc adaptés à la navigation à sec, mais uniquement avec l'utilisation de supports de watts assez compliqués à monter. La base reste cependant la quille fixe en fonte en forme de L avec bombe de lest, qui est disponible avec deux passages profonds.
Le concept de gréement est également nouveau. Le mât relativement haut, avec deux barres de flèche très inclinées, est placé avec une chute de mât très importante. L'inclinaison vers l'arrière est d'environ 4 degrés, ce qui est déjà beaucoup et saute aux yeux. L'objectif des concepteurs est de réduire l'angle d'attaque de l'étai sur le mât, ce qui permet de mieux contrôler l'étai en augmentant la tension du hauban et la tension de l'écoute de grand-voile.
En contrepartie, il est possible de renoncer complètement à l'étai arrière, sans pour autant devoir négliger le réglage de la voile. Cela réjouit particulièrement le barreur qui, grâce à l'absence de câbles à l'arrière du Sun Odyssey 380, dispose d'une plus grande liberté de mouvement dans sa zone de travail, que ce soit en position debout ou assise. Sur son grand frère, le Sun Odyssey 410, le double pataras gêne en revanche le barreur, surtout en position assise.
La bôme est fixée très bas à l'avant du mât. De loin, cela peut paraître étrange et peut-être même antisportif, mais l'avantage principal est que la grand-voile est accessible à bonne hauteur et peut être facilement enroulée dans les lazybags. La grand-voile haute et fine avec une exposition rectangulaire au sommet ainsi que le génois à chevauchement court avec des points d'amarrage 3D définissent le standard d'équipement sportif. Les navigateurs peuvent commander leur bateau en option avec un mât à enrouleur et/ou un foc auto-vireur.
Le test sous voile s'est déroulé dans des conditions variables au large de Barcelone, en Espagne, où le Sun Odyssey 380 a été soumis au jury international chargé de désigner le yacht européen de l'année 2022. Dans des conditions initiales calmes, avec seulement 8 nœuds de vent, le Sun Odyssey 380, de construction assez légère par rapport à ses concurrents, a rapidement et facilement pris de la vitesse, atteignant 5,6 nœuds au près et virant sur un angle de 90 degrés. Plus tard, dans un vent plus soutenu de 16 nœuds et une houle assez forte, le voilier français s'est montré encore plus dynamique et a atteint une hauteur satisfaisante de 40 degrés par rapport au vent et 6,7 nœuds de vitesse sur le fond.
Le Sun Odyssey 380 s'est également montré très rigide et droit sur tous les parcours. La grande stabilité de forme est due en premier lieu à la large coque, avec son écoinçon assez marqué et sa membrure plate dans la carène. Il faut toutefois mentionner que le yacht de test, le numéro de construction 1, était équipé de la quille pivotante en option. Entièrement dégonflée, l'annexe variable a un tirant d'eau imposant de 2,70 mètres, mais le lest est un peu moins important. Selon les données polaires (VPP), la version à quille pivotante offre un avantage de performance au vent d'environ 0,4 nœud par 4 à 5 Beaufort par rapport au bateau à quille profonde standard.
La commande est simple. Une chaîne et un câble continus sont directement reliés à la barre de poussée qui accouple les quadrants sous le pont. Ce mécanisme correspond au standard éprouvé sur tous les petits bateaux de Jeanneau et Beneteau de moins de 40 pieds de longueur de coque. Le système n'est certes pas redondant, mais il est parfaitement accessible grâce à de grandes trappes d'entretien dans les cabines arrière. Et le pilote automatique est directement relié à un quadrant du gouvernail, ce qui garantit la manœuvrabilité en cas de défaillance du système. L'avantage de cette mécanique simple sur le Sun Odyssey 380 est un comportement de direction très souple. En particulier par vent fort et vagues, le bateau français peut être dirigé avec beaucoup de facilité et de sensibilité à la pression exercée sur les safrans ; le pilotage est un plaisir.
Les écoutes de la grand-voile et du génois passent de part et d'autre du bord de la coque pour rejoindre les winchs situés devant les postes de barre. Le barreur peut facilement les atteindre depuis sa position, mais aussi l'équipage depuis le cockpit. Il est possible de travailler sur les winchs de manière exemplaire, avec force et à une hauteur ergonomiquement raisonnable, en se tenant sur le côté dans le canal approfondi du cockpit walkaround. Les drisses et les lignes de trim sont commandées à l'avant, sur le côté, au niveau de la descente.
Deux coffres de rangement permettent d'organiser le cockpit du Sun Odyssey 380. Les objets plus volumineux, comme les défenses ou les voiles supplémentaires, peuvent être rangés à l'arrière dans le coqueron arrière. Un espace de rangement fermé est prévu à l'arrière pour le radeau de sauvetage, mais il n'est accessible que lorsque la plate-forme arrière est ouverte. Cette dernière n'est d'ailleurs disponible qu'en option et contre un supplément de prix, ce qui mérite d'être remis en question. En effet, la trappe de bain fait partie intégrante du bateau en tant que fermeture arrière sûre, justement parce que les colonnes de direction sont montées très loin à l'arrière et que le concept Walkaround impose même le tour du cockpit autour des postes de pilotage.
En ce qui concerne l'aménagement intérieur, un détail du Sun Odyssey 380 attire particulièrement l'attention : la couchette double installée en biais sur le côté de la coque avant. Grâce à cette disposition rare, Jeanneau crée plus d'espace sur le côté opposé pour un cabinet de toilette supplémentaire qui, à en juger par les plans, est nettement plus grand que sur les bateaux de la concurrence et dispose en outre d'une possibilité de douche. Une salle d'eau supplémentaire à l'avant en option fait désormais partie de l'offre standard dans la catégorie des 38 pieds. L'inconvénient de la couchette installée en biais réside dans les dimensions modestes de la couchette en comparaison. La surface de couchage n'est que de 1,37 mètre de large au niveau des épaules, ce qui est nettement inférieur à la moyenne de la classe. En revanche, le lit est également accessible sur le côté, mais seulement si aucune salle de bain n'est installée à l'avant.
Dans sa version standard, le Sun Odyssey 380 est livré en tant que deux-cabines avec un grand coffre à bâbord accessible aussi bien de l'extérieur que de l'intérieur. Dans ce cas, la salle de bain arrière est également complétée par une salle de douche entièrement séparée et accessible séparément. De plus, la cloison longitudinale est décalée à l'arrière, de sorte qu'il y a plus de place dans la cabine arrière à bâbord ; le lit double fait alors 1,80 m de large sur toute la longueur. Les bateaux de la concurrence ne peuvent pas offrir ce confort. Si le Jeanneau est aménagé à l'arrière avec deux cabines doubles, la cloison longitudinale est montée au milieu entre les chambres. Les dimensions des couchettes restent alors opulentes, avec une largeur de 1,60 mètre sur toute la longueur.
L'offre de rangement dans les cabines n'est certes pas très abondante, avec une grande armoire et des rangements supplémentaires, mais elle correspond tout à fait au standard de la classe. En revanche, on cherche en vain des possibilités de rangement bien organisées dans le salon. Les armoires suspendues sur le côté ne sont pas non plus disponibles en option, car on ne veut pas obstruer les grandes fenêtres de la coque et donc la vue sur l'extérieur - un compromis. Les seuls espaces de rangement utiles se trouvent sous les canapés du salon. Ils ne sont toutefois pas facilement accessibles partout.
Avec un prix de base de 225 500 euros (situation au troisième trimestre 2010), Jeanneau classe son Sun Odyssey 380 parmi les offres de la concurrence. Les bateaux comparables de Bavaria et Beneteau sont un peu moins chers, les modèles de Dufour et Hanse un peu plus chers, et ce pour des suppléments d'équipements supplémentaires comparables.
Avec le Sun Odyssey 380, Jeanneau a construit un bateau attrayant, polyvalent et modulable, poursuivant ainsi avec détermination la voie empruntée avec succès dans le développement de la gamme croisière. Une chose est sûre : quiconque s'intéresse à la classe attractive des 38 pieds de croisière devra inévitablement se pencher sur le nouveau venu français.
Cet article est paru pour la première fois dans YACHT 2/2022 et a été remanié pour la version en ligne.
Une évolution déterminée du concept de croisière innovant de Jeanneau avec un cockpit walkaround. Le Sun Odyssey 380 marque des points grâce à sa grande polyvalence et fait également très bonne figure sous voile. Un prix juste
Coque : PRV laminé en support manuel. Pont : sandwich en fibre de verre avec âme en balsa, construit par injection sous vide (RTM)
Prix de base départ chantier naval 225 500 € (état Q3/2023)
Chantiers Jeanneau, 85500 Les Herbiers (France) ; www.jeanneau.de
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