Entretien avec un cuisinier de navireUn smutje ne prend-il jamais sa retraite ?

Morten Strauch

 · 10.07.2025

Entretien avec un cuisinier de navire : un smutje ne prend-il jamais sa retraite ?Photo : Elmar Zuspann
Les vieilles amours ne rouillent pas : l'année dernière, cet homme de 75 ans s'est engagé sur l'"Alexander von Humboldt II". La fin de ce travail bénévole n'est pas encore en vue.
Elmar Zuspann associe sa passion pour la vie en mer à son travail de cuisinier sur les grands voiliers - une vocation qui le motive toujours, même à 75 ans. Dans notre interview, le smutje raconte ses expériences à bord et comment il a trouvé le travail de ses rêves après un apprentissage forcé.

YACHT : Dites-moi, M. Zuspann, un muttje ne prend-il jamais sa retraite ?

Elmar Zuspann : En fait, non, parce que c'est de la pure passion !

Et comment êtes-vous devenu cuisinier sur un grand voilier ?

Tout a commencé par une lettre bleue de l'école. Mon père était tellement en colère qu'il m'a rapidement mis en apprentissage chez un chef cuisinier français très strict. Après cela, je n'avais qu'une envie : partir et rêver d'une vie en mer. C'est ainsi que j'ai atterri à l'école d'approvisionnement de la marine à List sur l'île de Sylt, où j'ai suivi une formation de cuisinier de navire. En tant que major de ma promotion, j'ai pu choisir moi-même ma future cuisine : C'est celle du "Gorch Fock" qui a été choisie.

C'est ainsi que l'apprentissage forcé a débouché sur le travail de vos rêves ?

Oui, c'était comme gagner au loto. Lors de ces voyages, j'ai pu rencontrer des invités illustres comme le couple princier de l'époque, Rainier et Gracia Patricia. Nous avons également participé à des régates de grands voiliers. Et qu'y a-t-il de plus beau que de se tenir sur le pont avant de ce fier navire après avoir accompli son travail ? Mais le sel de la vie, c'est la communauté à bord.

Mais au bout de trois ans, il est retourné à terre ...

Pas tout à fait par choix (rires). Une femme était en jeu et je devais l'épouser rapidement, car nous attendions une descendance. Mais la vie à bord ne m'a jamais quitté. Rien que d'y penser, j'ai la chair de poule.

C'est pourquoi vous vous êtes réengagé sur un grand voilier à 75 ans ?

Cela s'est fait par hasard pendant la semaine de Kiel, alors que j'étais sur le "Alexander von Humboldt II" avec mon gendre. On cherche désespérément des smutjes et le courant est tout de suite passé. Il ne restait plus qu'à passer l'examen d'aptitude et nous sommes enfin repartis.

Existe-t-il une recette secrète en cas de tempête ?

Des œufs brouillés ! Si l'on prend de la gîte, les œufs sont poussés vers le haut dans la grande poêle et ils redescendent tout seuls. Il faut bien sûr se piquer soi-même.

On s'est déjà plaint de la nourriture ?

Non, jamais. Mais le public est très reconnaissant et ne peut pas non plus s'enfuir. Les personnes allergiques ou végétaliennes ne peuvent pas non plus monter à bord de l'"Alex-2", car le petit équipage de buses combinées ne pourrait pas le faire.

Pour finir, une petite anecdote, s'il vous plaît !

Une fois, nous étions amarrés avec le "Gorch Fock" devant le Tower Bridge à Londres et nous avions organisé une réception. Une passagère aveugle s'est alors amusée nue dans la baignoire du capitaine. A l'époque, ce petit scandale avait même fait la une du journal "Bild".


À propos d'Elmar Zuspann

Elmar ZuspannPhoto : Elmar ZuspannElmar Zuspann

Originaire du Palatinat, ce maître cuisinier dirige une entreprise familiale dont les origines remontent à 1702. La période la plus marquante a été son service en tant que smutje sur le "Gorch Fock".


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