Jochen Rieker
· 26.10.2022
Quatre jours, 14 bateaux. Cela promettait un programme varié, mais aussi bien rempli pour les rédacteurs en chef et les testeurs en chef, qui recherchaient sous cette forme pour la 20e fois les meilleurs nouveaux venus de l'année. Et même si les gagnants ne seront connus que peu avant le boot Düsseldorf, où la remise des prix aura lieu le 21 janvier lors de la Flagship Night des éditions Delius Klasing et de la Messe Düsseldorf : Nous pouvons déjà révéler un peu de choses. Par exemple, qu'Oyster a envoyé dans la course le yacht le plus spécial que nous ayons jamais vu. Le 495 nommé "Tuga" est arrivé dans un look de graffiti jaune et orange et n'a rien montré de l'understatement britannique habituel, même sous le pont. La raison en est que le bateau d'essai appartient à Eddie Jordan, l'ancien propriétaire d'une écurie de Formule 1, pour qui ont couru entre autres Michael Schumacher et Heinz-Harald Frentzen.
Les couleurs et le design n'ont pas été pris en compte dans le jugement du jury, ce qui, franchement, n'était pas si simple. Les commentaires sur le design variaient : à l'extérieur, certains collègues trouvaient des similitudes avec "un morceau du mur de Berlin", à l'intérieur avec "l'art psychédélique". Un collègue a dû retourner immédiatement dans le cockpit, car il risquait d'avoir le mal de mer. Mais cela peut aussi être dû à la houle, qui atteignait jusqu'à deux mètres et demi ; il n'a pas été possible de faire la différence avec autant de précision. Eddie est en tout cas un propriétaire cool, car il ne s'est pas fait prier pour nous laisser son bateau, qui sortait pour ainsi dire du seau de résine. Sur Youtube, il explique pourquoi il a choisi ce nom et pourquoi le 495 ne devait en aucun cas devenir blanc.
D'une certaine manière, nous avons tous fini par apprécier son "Tuga" d'une manière ou d'une autre. Les qualités de navigation et l'aménagement du plus jeune et du plus petit yacht d'Oster ont bien sûr contribué à ce succès.
Puisqu'il a été question de houle, le Bente 28, l'un des plus petits du groupe, s'est également bien défendu. Nous l'avions déjà testé deux semaines auparavant a navigué pour la première fois sur le lac de Constance Il s'agit d'une nouvelle expérience en mer, par 5 Beaufort, voire 6 dans les rafales. Antoine Cardin était également présent, son concepteur, qui dessine habituellement des yachts de régate chez Judel/Vrolijk & Co et travaille sur un projet passionnant de petite série dont nous parlerons bientôt ici. Il apporte avec lui des influences de la scène offshore bretonne, et c'est ainsi que le Bente se présente. Bien qu'avec ses trois tonnes, il s'agisse clairement d'un bateau de croisière et non d'un racer, il s'est bien laissé piloter sur le parcours ondulé. Il a même dérapé de temps en temps. Bravo !
L'Excess 14 se situe exactement à mi-chemin entre la maison de vacances flottante et le deux-coques endiablé.
Le jury attendait avec impatience le nouvel Excess 14, le dernier-né de la jeune ligne de catamarans du groupe Beneteau. Ceux qui viennent souvent ici savent que nous n'avons pas totalement apprécié les modèles précédents, notamment parce qu'ils n'étaient pas à la hauteur des attentes créées par Beneteau lui-même en termes de performances. Maintenant, c'est fini ! Le dernier-né est vraiment à mi-chemin entre la maison de vacances flottante et le deux-coques rapide.
Dans quelques semaines, nous vous montrerons et raconterons en détail comment cela s'est passé. En fait, nous n'avons pas le droit de le montrer. Le concepteur Hervé Piveteau, autrefois un redoutable skipper de mini-transat, aujourd'hui encore un optimisateur de poids et de propulsion inspiré, a jeté plusieurs centaines de kilos par-dessus bord avec les constructeurs de VPLP. En fait, il s'agissait même de près de deux tonnes ! Mais il ne veut pas que nous révélions toutes les astuces que nous avons trouvées. Vincent Lauriot-Prévost, le "LP" de "VPLP", est aussi venu spécialement à Port Ginesta pour voir sa création en train d'être testée. Il a encore d'autres idées pour le prochain bateau et nous en a dévoilé quelques-unes. On attend donc avec impatience la suite des événements. Et Beneteau peut être fier de ce qu'il a déjà accompli. Chapeau !
Le test du bateau européen de l'année est comme toute rencontre entre plusieurs bateaux : Même s'il ne s'agit pas vraiment de savoir qui est le plus rapide et qui peut courir le plus haut (ou le plus bas).- les matchs sont toujours très importants. L'Excess 14, nominé dans la catégorie Multihull Cruisers, s'est ainsi retrouvé à plusieurs reprises en duel avec des catamarans de la catégorie Performance. Et il s'en est plutôt bien sorti.
Les jurés se sont forcément mesurés aux cruisers Performance, ceux qui n'ont qu'une seule coque. Quatre des cinq nominés de cette classe sont venus à Port Ginesta : l'Elan E6, le Grand Soleil 40 Performance, l'Italia 12.98 dans sa version Bellissima et le Solaris 50, ainsi que l'Ice 62 et l'Oceanis Yacht 60, tous deux de la classe luxe, tous deux de longueur similaire et pas vraiment lents. Il est évident que des régates spontanées ont été organisées.
Si l'on avait pu faire un vœu, il aurait été un Wolpertinger. C'est ce que les Bavarois disent d'un être qui est en quelque sorte multiple. Notre Wolpertinger en mer aurait la précision du safran Grand Soleil, le feed-back de l'Italia, les lignes du Solaris, la couchette avant du Beneteau, la quille relevable et le code 55 de l'Ice, sans oublier l'ingéniosité du Balance 482, sa salle de douche à sensations à l'arrière, l'insolence du Bente, la solidité de l'Oyster, la durabilité de l'Ecoracer 25 et bien d'autres attributs encore de ceux qui ne sont pas cités ici. L'année prochaine, il y aura peut-être une candidate qui aura tout cela et qui pourra le faire. Ce serait quelque chose !
La première série de tests a déjà eu lieu à la mi-septembre au large de La Rochelle. Voici tous les nominés pour l'European Yacht of the Year 2023 !