La mer du Nord au large d'IJmuiden, aux Pays-Bas, ne correspond pas à la zone de navigation que l'on aimerait parcourir à bord d'un petit day-sailer intelligent. Au lieu d'une eau transparente, d'une douce brise et d'un environnement charmant, il y a ici du courant sans fin, souvent des tempêtes, une eau brune avec une grosse vague. Et sur la terre ferme - visuellement peu attrayante - se trouve l'une des plus grandes aciéries d'Europe, dont les cheminées soufflent des volutes de fumée nauséabondes sur la mer. Ce n'est pas un endroit pour une sortie en mer agréable, surtout à l'approche d'un front météorologique qui, ce jour-là, est précédé de quelques averses.
Mais le coup d'essai avec le nouveau Saffier Se 24 Lite compense tous ces désagréments. Dans un vent de 12 à 15 nœuds maximum (4 Beaufort), le séduisant nain de mer déploie tout son savoir-faire lors du test de YACHT. Avec son étrave négative dans le style d'un wavepiercer, l'hybride bateau de sport/daysailer de seulement sept mètres de long se fraie un chemin à travers les vagues courtes et raides de la mer du Nord. Au plus près du vent, la jauge affiche nonchalamment 5,5 nœuds, avec un angle de moins de 40 degrés par rapport à la direction du vent réel. Comme le montre le test de YACHT : Le petit Saffier est un bon voilier de croisière, il navigue au vent et atteint une bonne hauteur.
Le bateau montre aussi ses points forts sur les parcours au largue. Avec son grand gennaker de près de 50 mètres carrés, le petit bateau se laisse diriger sans effort et réagit rapidement aux impulsions de la barre franche, comme un dériveur. Dans les rafales, l'étrave se lève parfois et le bateau glisse. Avec un peu de soutien des vagues, il est possible d'atteindre une vitesse de près de neuf nœuds dans des conditions de vent modérées.
Compte tenu des très bonnes performances pour un bateau de cette taille, il est important de mentionner les deux points suivants. Le bateau d'essai, le numéro vert 1, qui a déjà été présenté en première mondiale au salon boot de Düsseldorf, est équipé d'un mât en fibre de carbone et de haubans en PBO. Le gréement complet est allégé d'environ la moitié du poids standard avec le mât en aluminium et les haubans en fil de fer, grâce à l'utilisation de fibres textiles haute performance. Bien entendu, cela a une influence positive sur le comportement de la voile, en particulier dans les vagues courtes. Et la mise à niveau des voiles avec le tissu laminé d'Elvstrøm aide également.
Comme pour compenser, le bateau d'essai est devenu plus lourd d'environ 150 kilos que ce qui avait été calculé au départ. Ceci parce que des raidisseurs de coque supplémentaires ont dû être installés ultérieurement. Dans la zone du chanfrein entre la coque et le pont, la construction en PRV, initialement laminée de manière monolithique, n'avait pas atteint la rigidité souhaitée et a dû être recouverte d'une âme en mousse. Dans la série, toutes les coques ainsi que les ponts des 24 sont désormais construits en sandwich de fibre de verre avec infusion sous vide.
Avec les couleurs vert vif du numéro 1, Saffier Yachts veut bien sûr se faire remarquer. D'autre part, il s'agit aussi de mettre en avant le thème de la durabilité écologique. En effet, seul un moteur électrique de Torqeedo est prévu pour la motorisation. En croisière et avec des batteries entièrement chargées, il est ainsi possible de naviguer pendant près de cinq heures à vitesse réduite.
Pour recharger la batterie, des panneaux solaires sont intégrés au pont avant. Ainsi, l'accumulateur d'électricité vide peut être à nouveau disponible à pleine capacité en l'espace de quatre à cinq jours, selon la durée d'ensoleillement. Ainsi, l'ensemble du système est dans une certaine mesure indépendant du courant de quai, par exemple lorsque le bateau est amarré à une bouée ou sur une remorque à terre. L'équipement de base au départ du chantier naval ne prévoit toutefois pas encore de motorisation. L'ensemble comprenant la propulsion E-Pod et la batterie de Torqeedo ainsi que les panneaux solaires coûte près de 12.000 euros bruts en plus du prix de base.
Par conviction, les Hollandais de Saffier Yachts ne croient pas aux appendices de coque flexibles comme les quilles de levage ou de pivotement. Selon leurs arguments, les pièces mobiles demandent généralement beaucoup d'entretien, sont sujettes à des défauts et sont complexes à construire. En revanche, le Se 24 Lite propose pas moins de trois variantes de quilles fixes avec différents tirants d'eau (1,00 m/1,30 m/ 1,44 m). Les proportions de ballast, les profils de quille ainsi que la longueur et la forme des safrans sont adaptés en fonction. Néanmoins, pour une utilisation en tant que remorque ou bateau de randonnée dans les eaux intérieures ou pour la mise à l'eau par la rampe, des systèmes de quille et de gouvernail flexibles seraient tout à fait souhaitables sur le Saffier Se 24 Lite, du moins en tant que variante.
Le 24 est le premier bateau de Saffier Yachts sans pataras. À la place, la grand-voile élancée est largement déployée au sommet (squarehead), ce qui est avant tout esthétique, mais apporte aussi un plus en termes de performances, notamment par vent faible. Lorsque la brise est plus forte, la fonction de l'étai arrière manquant doit être compensée par le long traveller sur le pont arrière ainsi que par l'écoute de grand-voile. Pour un réglage précis de la grand-voile, un réglage fin de l'écoute au départ du chantier naval serait le bienvenu. Un tel réglage pourrait être installé facilement et à peu de frais.
Le concept de gréement prévoit en standard un foc auto-vireur. Celui-ci rend le bateau parfaitement adapté à la navigation en solitaire. La variante est le génois à recouvrement court (110%) avec points d'amure 3D. Les écoutes sont passées par le toit de la cabine et restent à portée de main du barreur grâce à la barre franche et à la rallonge, tout comme l'écoute du foc auto-vireur. L'équipage est assis confortablement et en toute sécurité sur les bouts ou de manière plus sportive avec les fesses sur le bord élevé.
Le gréement simple avec une barre de flèche est disponible en version standard en aluminium et en version en fibre de carbone du fabricant Neut Mast aux Pays-Bas. Il est posé sur le pont sur un pied de mât rabattable et peut ainsi être facilement mis en place et couché à la main. Le beaupré de 1,10 mètre de long est en aluminium et est solidement fixé à l'avant. Il peut également être retiré pour le transport sur remorque.
En ce qui concerne l'aménagement, l'essentiel est vite dit : Jusqu'à quatre personnes peuvent passer la nuit dans un confort relatif à l'avant et sur les canapés qui sont construits latéralement jusqu'à l'arrière du bateau. En bas, la luminosité est agréable grâce aux fenêtres de la coque et l'aménagement avec des coques intérieures est globalement joli et même confortable. Il n'est toutefois pas possible de s'asseoir à l'intérieur en raison de la faible hauteur. Il y a des espaces de rangement ouverts sous les banquettes latérales et sous le pont avant. Mais si l'on souhaite vivre plus longtemps sur le bateau, il faut obligatoirement vivre de sa poche et emporter des toilettes portables en cas de besoin.
Dans sa version de base simple, le Saffier Se 24 Lite coûte 83.180 euros bruts, TVA de 19% comprise. Comparé à la concurrence potentielle, le prix semble sûr de lui, mais s'explique aussi par la construction bien construite et solide ainsi que par l'équipement de base assez haut de gamme. Les voiles et le moteur ne sont d'ailleurs pas encore inclus dans ce package, ce qui est assez courant pour des bateaux de cette taille et de cette orientation.
Avec le Se 24 Lite, les frères Hennevanger, les patrons de Saffier Yachts, ont construit un bateau passionnant et bien pensé, avec lequel on peut faire beaucoup de choses. Les régatiers y trouveront leur compte, tout comme les amateurs qui ne souhaitent utiliser le bateau que pour un petit plaisir de navigation de temps en temps.
Quilles en plomb en forme de L en trois variantes (tirant d'eau) :
* comment les prix affichés sont définis, vous trouverez ici !
Le Saffier Se 24 Lite est très performant au vent et plaît aux navigateurs actifs grâce à ses caractéristiques proches de celles d'un dériveur. Le concept reste cependant très simple. A l'intérieur, on peut bien vivre avec des restrictions