Max Gasser
· 14.08.2023
65,45 nœuds - c'est la référence dans le monde de la voile à grande vitesse, et ce depuis plus de dix ans. L'ancien détenteur du record, Paul Larsen, et son équipe avaient auparavant mis une dizaine d'années de développement pour battre le précédent record. Et pourtant, une équipe suisse veut maintenant non seulement établir un nouveau record, mais s'est fixé pour objectif de battre l'ancien record de 15 nœuds supplémentaires.
Une étape importante a déjà été franchie sur cette voie : les Suisses ont mis à l'eau pour la première fois leur machine à record "SP80" début août. En outre, les premiers tests ont été effectués sur le lac Léman. Comme à l'accoutumée lors de l'America's Cup ou de projets similaires, mais pas sous voile, mais en remorque. "Ces premiers tests ont confirmé que le bateau peut être très rapide", explique le CEO et barreur du "SP80" Mayeul van den Broek.
Il a toutefois expliqué qu'il restait encore beaucoup de travail à accomplir avant de pouvoir effectivement atteindre les 80 nœuds visés, en vue des tentatives de record prévues en 2024 dans le sud de la France. "Les prochains mois d'optimisation seront décisifs si nous voulons nous attaquer au record de Paul Larsen l'année prochaine". Pour cela, le "SP80" a déjà été déplacé après une semaine vers la base française de l'équipe à Leucate, afin d'entamer la phase de test également sous voile.
Comme les deux cofondateurs Benoit Gaudiot et Xavier Lepercq, Van den Broek est un ancien étudiant en génie mécanique de l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). C'est là qu'a été conçu "L'Hydroptère", qui a détenu le record du monde officiel de vitesse à la voile de 2007 à 2012. Outre des partenaires tels que Richard Mille et BMW, l'université soutient également cet ambitieux projet avec son infrastructure.
La source de propulsion utilisée doit être révolutionnaire et décisive pour le saut de vitesse. Au lieu d'un gréement normal comme le détenteur du record "Vestas Sailrocket 2", le "SP80" dispose d'un cerf-volant. Combiné à l'accrochage dans l'eau, cela a surtout un effet sur la stabilité du yacht record. C'est pourquoi le "SP80", avec ses 7,5 mètres de large, est aussi nettement plus étroit que le détenteur du record de Paul Larsen. Néanmoins, la nouvelle construction suisse devrait pouvoir être équipée de plus du double de surface de voile tout en étant plus stable en mer.
La coque, qui doit rester en contact permanent avec l'eau en trois points ainsi qu'avec un foil principal et un foil de gouvernail, ressemble davantage à une fusée qu'à un voilier traditionnel. Le "SP80" a été fabriqué par la Persico en Italie. Avec des vitesses prévues d'environ 150 km/h, la protection des deux pilotes, qui prennent place l'un derrière l'autre, est également un facteur important. La capsule de commande avec les deux sièges doit résister à des forces de 50 g et est recouverte d'aramide à l'intérieur afin de protéger les pilotes des éclats de fibre de carbone en cas de crash. Les deux pilotes sont assis dans des sièges baquets et sont sécurisés par des harnais à six points et un casque. Une personne dirige alors le bateau à l'aide d'un volant avec gouvernail central, et derrière elle se trouve un membre de l'équipage qui gère la position de l'aile par rapport au vent.
Alors que la vitesse sur l'eau et dans l'eau était jusqu'à présent limitée en raison de la cavitation et des résistances croissantes élevées, on navigue depuis longtemps dans d'autres sphères sur la terre ferme sous des voiles. Ce n'est qu'en avril que l'Emirates Team New Zealand a pu porter à plus de 225 km/h le record qu'il s'était lui-même fixé en 2022. Mais là aussi, le développement n'est pas encore terminé.