Au cours des dernières décennies, Dufour a connu plusieurs transformations - tout en restant fidèle à lui-même. Est-ce encore le cas aujourd'hui, avec le renouvellement de la série de modèles ? Et avec ce bateau qui s'appelle et sonne comme un yacht de onze mètres, mais dont la coque ne mesure que 9,99 mètres, ce que même le chantier naval considère entre-temps comme un peu trop de marketing ?
Eh bien, il y a en tout cas une constante : Comme les trois générations précédentes, la dernière nouveauté est issue du studio du constructeur de yachts italien Umberto Felci. Et même s'il s'oriente vers une navigation confortable, il a des accents sportifs. Avec sa coque effilée vers le pont et ses bords au-dessus de la ligne de flottaison, il emprunte son style aux yachts de haute mer modernes comme les Class 40 ou les Imoca 60.
Mais pour sa longueur, le Dufour, que nous avons du mal à nommer 37, est étonnamment large - plus large que tous ses concurrents directs. L'effet est le plus visible dans la partie avant du bateau, qui se remplit rapidement à partir de l'étambot. Umberto Felci a néanmoins réussi à dissimuler habilement la puissance. Pour ce faire, il a intégré au milieu de la coque une bande de fenêtres caractéristique et sensiblement ascendante, qui se trouve dans une rainure et qui, avec les Chinois, allonge visuellement le franc-bord élevé - et rend en outre le bateau identifiable de loin. La bande noire ne cache cependant qu'une seule fenêtre habituellement large par côté - la grande majorité du reste n'est qu'un simple effet de style.
A quai ou en mer, le bateau semble en effet plus impressionnant en raison de ses lignes caractéristiques, plus grand aussi que les 32,7 pieds qu'il mesure en réalité. Il dépasse ainsi de deux pieds ou 64 centimètres seulement son petit frère, le Dufour 32, présenté l'année dernière. Nicolas Bérenger, le chef de produit, n'y va pas par quatre chemins : le 37 est trompeur, on en est conscient. "Comme le yacht offre tellement plus d'espace habitable que le 32 et que son prédécesseur, le Dufour 352, nous avons choisi une désignation de modèle qui correspond le mieux à la sensation d'espace".
On peut certainement discuter de ce procédé, d'autant plus que le prix des nouveaux produits, très éloigné de ce qui se faisait jusqu'à présent, a sans doute aussi joué un rôle dans la décision. Nous y reviendrons dans un instant. Mais il y a une chose que l'on ne peut nier : Grâce à une conception habile des aménagements intérieurs et à de nombreuses fenêtres de pont et latérales, le chantier naval a effectivement réussi à créer une impression de générosité et d'espace jusqu'alors inconnue dans cette catégorie.
Dufour propose trois variantes d'équipement pour son nouveau modèle : La version "Easy" est principalement destinée aux bateaux de location, elle dispose d'un foc auto-vireur et de seulement deux winchs dans le cockpit, qui sont de surcroît peu dimensionnés.
En version "Ocean" (supplément de 5.950 euros), le bateau est équipé d'un génois avec réglage du point d'amure par talonnettes, de deux winchs supplémentaires sur la coque du cockpit et est préparé pour un spinnaker asymétrique.
La version Performance (10.710 euros supplémentaires) est dotée d'un gréement peint en noir et de six winchs au total, dont certains sont un peu plus grands. L'écoute de grand-voile n'est plus manœuvrée sur la superstructure, mais est accrochée au fond du cockpit, d'où elle mène à la bôme, devant le mât et revient des deux côtés dans le cockpit. De plus, le bateau est équipé d'un pataras réglable, d'une table de cockpit plus petite et de cordages de relance en Dyneema.
Quelle que soit l'option choisie, le Dufour offre beaucoup d'espace sur le pont. Son cockpit est situé au maximum à l'arrière et très à l'extérieur, ce qui offre plus de surface. Là aussi, aucun autre concurrent ne propose actuellement plus. Il faut toutefois faire des concessions ici et là. La position assise sur les bancs du cockpit est très basse (38,5 centimètres), tout comme la hauteur de travail des winchs sur la descente (88 centimètres). De plus, la distance entre la barre et les sièges rabattables est trop courte (37 centimètres) pour les rameurs ; en naviguant debout, on sent les bancs sur les mollets. Les bancs du cockpit sont cependant bien dimensionnés.
L'espace de rangement dans le cockpit est restreint en raison des grandes et spacieuses cabines arrière. Il n'y a qu'un coffre de bâbord peu profond mais qui s'étend jusqu'à la paroi de la coque (volume : 460 litres) et un autre dans l'espace pour les pieds du poste de pilotage du même côté, d'une capacité d'un bon mètre cube.
Elle est difficile d'accès, car il faut d'abord rabattre la banquette sur le côté. De plus, la trappe de fond s'ouvre vers l'avant, ce qui rend l'accès difficile depuis le cockpit ; il faut passer par-dessus le couvercle. Il serait préférable d'avoir un point d'ancrage sur le côté ou à l'arrière, car on ne peut ainsi accéder facilement aux objets à ranger que depuis la plate-forme de bain, courte mais suffisante. C'est aussi de là que l'on peut utiliser le barbecue à gaz plancha, qui fait de plus en plus d'adeptes.
Le chemin vers l'avant est praticable en toute sécurité grâce à des ponts latéraux relativement larges. Sur le pont avant, une grande surface de pont invite à prendre un bain de soleil, mais offre aussi suffisamment de place pour un canot. Ce qui manque clairement, c'est une trappe vers la baille à mouillage, qui est très compacte et ne peut être atteinte que par une trappe d'inspection dans la chambre du propriétaire, au cas où le winch ferait grève ou que la chaîne s'accrocherait.
La disposition de l'accastillage et des winchs semble cohérente. Seules les pinces à levier sur le panneau de cockpit pourraient être montées plus près des winchs, afin que le barreur puisse également les utiliser. Insolite : le mât sur le pont était extrêmement tendu sur les haubans supérieurs et presque courbé en forme de banane vers l'arrière - en fait, un réglage par vent fort. Mais dans cette configuration, le Dufour s'est montré très vivant par vent faible et moyen. L'étai arrière n'est malheureusement pas réglable dans la version Ocean ; il est réglé de manière fixe.
Au port et à la machine, le Dufour se distingue par sa très bonne manœuvrabilité grâce à son safran unique. Même sous voile, il réagit directement aux ordres de pilotage et donne beaucoup de sensations à la barre. Lors du test au large de La Rochelle, le premier jour, le vent ne souffle qu'à dix ou douze nœuds, mais la pression est suffisante pour obtenir des valeurs très acceptables. Au vent, le bateau enregistre 5,6 à 6,1 nœuds, puis 7,5 à 8,4 nœuds sous gennaker lors de la descente vers un cap d'écoute.
Le lendemain, lorsque le vent se lève jusqu'à 16 nœuds, le Dufour montre son vrai potentiel et navigue entre 8 et 9 nœuds, soit plus que sa vitesse de coque théorique. Au croisement, il atteint en moyenne 6,5 nœuds avec un angle de virement d'environ 90 degrés. Dans toutes les manœuvres, le Dufour est très équilibré sur le gouvernail et s'engage en douceur dans la vague au niveau de la croix. Une bonne performance dans l'ensemble.
Ceux qui achètent un bateau de cette taille plutôt pour ses vertus secondaires, c'est-à-dire le confort d'habitation, ne seront pas non plus déçus. En effet, le Dufour est un véritable miracle d'espace dans les limites des possibilités physiques. Certes, une entretoise de pont située juste devant l'écoutille coulissante réduit la hauteur debout lors du passage sous le pont. Mais une fois à bord, le bois clair et les surfaces de travail et de rembourrage gris clair, associés aux grandes fenêtres de pont et latérales, rendent le yacht extrêmement accueillant. La porte à double battant donnant sur l'avant du bateau agrandit encore visuellement l'espace de vie. L'éclairage indirect par LED prolonge cet effet jusqu'au soir.
Le bateau dispose en option d'un total de six couchettes dans trois cabines plus deux dans le salon. En renonçant à la deuxième chambre arrière, on gagne de la place dans la salle d'eau et dans le coffre de rangement à tribord. Il y a suffisamment d'espace de rangement sous les couchettes et dans les placards au-dessus, mais les portes des placards s'ouvrent vers le haut et ne sont donc pas adaptées à la navigation lorsque le bateau est couché. À l'avant, le chantier naval a choisi un matelas en forme d'hexagone qui, avec une largeur maximale de 1,58 mètre, est suffisant. Il existe en outre des coussins triangulaires insérables ; ils élargissent la surface de couchage à la tête de lit jusqu'à une taille princière de 2,37 mètres. Contrairement à l'avant, les cabines arrière semblent sombres et mal aérées, mais le chantier naval veut encore améliorer cet aspect et installer des fenêtres supplémentaires vers le cockpit. La taille des couchettes, 2,02 par 1,50 m, est plus que suffisante.
Ce qui n'a pas été totalement convaincant, c'est la finition des détails (voir ci-dessus). Le chantier naval est conscient de ces lacunes et promet des améliorations. Celles-ci sont nécessaires, car le Dufour 37 n'est pas vraiment bon marché, même dans sa version la plus simple. Pour la version "Easy", qui est loin d'être entièrement équipée, il faut compter 185 000 euros. Pour l'"Ocean", prêt à naviguer, il faut débourser 208 675 euros. Le bateau de test avec presque tous les extras coûte même plus de 310.000 euros. Les récentes augmentations des prix des matières premières et de l'énergie ont donc déjà un impact considérable.
Si elle en vaut la peine ? Cela dépend notamment des exigences et du budget de chacun. Il existe des bateaux de dix mètres pour nettement moins cher. Mais aucun n'offre autant d'espace, de lumière, de design moderne que le Dufour 37 et aucun ne procure autant de plaisir à naviguer. Cela serait encore plus vrai s'il s'appelait Dufour 33.
sans dérive/courant ; vitesse du vent : 10 à 12 nœuds (3-4 Bft), hauteur des vagues : environ 0,5 m
Le Dufour 37 a peu de surface de voile pour son déplacement, mais il la transforme efficacement en vitesse.
Avec une grande cohérence dans le design de la coque, le chantier naval a réussi à construire un véritable vaisseau spatial qui dispose néanmoins de bonnes caractéristiques de navigation. Il ne paraît pas seulement plus grand qu'il ne l'est en réalité, mais il est aussi très impressionnant sous tous les angles. Le surplus d'espace et de modernité se paie toutefois cher chez Dufour
Le design Farr est le plus ancien concurrent sur le marché, la coque est basée sur le Cruiser 32 de 2009. Le bateau est disponible avec deux ou trois cabines, mais il est assez étroit à l'arrière et dans le cockpit.Longueur de la coque 9,99 m ; largeur 3,42 m ; poids 5,3 t ; à partir de 136.612 euros
Test YACHT : Magazine 18/2016
Lors du test, le yacht de Greifswald a convaincu par ses bonnes propriétés de navigation et son espace. Entre-temps, il ne fait plus figure de référence en matière d'espace et de diversité.Longueur de la coque 9,99 m ; largeur 3,50 m ; poids 6,5 t ; à partir de 164.101 euros
Test YACHT : Magazine 15/2018
L'année dernière, le magazine YACHT certifiait que ce bateau avait le plus grand volume de sa catégorie. Cette position unique est révolue. Avec un intérieur moderne et une bonne répartition de l'espace, il reste néanmoins contemporain.Longueur de la coque 9,96 m ; largeur 3,57 m ; poids 5,5 t ; à partir de 142.681 euros
Test YACHT : cahier 25-26/2021
Le yacht de dix mètres de Jeanneau entre dans sa neuvième année. Cela se remarque sous le pont, où il offre moins d'espace que le Dufour. En revanche, il est disponible sur demande avec un tirant d'eau variable (quille pivotante).Longueur de la coque 9,97 m ; largeur 3,44 m ; poids 5,3 t ; à partir de 145 180 euros
Test YACHT : Magazine 6/2014
Cela pourrait également vous intéresser :