Sun Odyssey 440Un voilier de croisière plein d'idées dans un segment de taille rarement desservi

Michael Good

 · 11.07.2024

Puissant : le Sun Odyssey 440 est à l'aise dans le vent et les vagues. Le grand génois permet d'avancer rapidement.
Photo : YACHT/Michael Amme
Un look cool, des détails innovants et un design de cockpit complètement différent - Jeanneau a lancé la nouvelle génération de ses yachts de croisière populaires avec le Sun Odyssey 440. Test YACHT

Pendant longtemps, la ligne de croisière Sun Odyssey de Jeanneau est restée plutôt calme. Le constructeur de yachts de la côte ouest de la France avait principalement actualisé son offre en remaniant des types déjà existants et s'était plutôt occupé du développement de sa gamme de bateaux à moteur. De plus, la gamme Jeanneau a été développée, l'offre de voiliers haut de gamme pour le segment premium de plus de 50 pieds.

En 2017, la direction du chantier naval s'est recentrée sur ses racines et s'est à nouveau développée dans son cœur de métier, à savoir les bateaux de croisière de la ligne Sun Odyssey et dans la gamme des 10 à 15 mètres de longueur de coque. Dans le même temps, la concurrence interne de Beneteau a annoncé une révision complète de sa gamme de croisière Oceanis, et Hanseyachts et Bavaria ont également lancé de nouveaux yachts dans ce segment de taille.

Alors que Beneteau a opté pour un grand bateau de 15 mètres de long pour le lancement de son nouveau programme (Oceanis 51.1YACHT 15/17), Jeanneau s'est d'abord lancé dans le segment des bateaux de taille moyenne. Le premier bateau était le Sun Odyssey 440. Dans le cadre d'un accord exclusif, la rédaction de test de YACHT a eu l'occasion d'examiner et de naviguer sur le prototype. Et celui-ci a montré un concentré d'innovation et de fraîcheur. Les bateaux de croisière de grande série sont tous identiques ? C'est du passé.

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Circuit sans obstacles

D'un point de vue purement visuel, le nouveau bateau est et reste un Jeanneau typique. Ceux qui s'attendaient à des transformations radicales ou à une toute autre apparence avec le renouvellement de la gamme française en seront pour leurs frais. Mais si l'on s'approche un peu plus et que l'on examine le bateau de plus près, on constate quelques innovations passionnantes et très intéressantes. Le détail le plus spectaculaire est sans doute l'inclinaison des ponts latéraux vers l'arrière, comme des rampes. Elles créent de véritables couloirs qui permettent de passer du cockpit à l'arrière à l'avant et vice-versa, sans avoir à enjamber la coque.

L'idée vient du constructeur Philippe Briand lui-même, inspiré sans doute par les concepts dits "walkaround" des bateaux à moteur. Pour les voiliers, il s'agit d'une véritable nouveauté, du moins pour les yachts à cockpit arrière traditionnels. La marque Moody, qui appartient au groupe Hansegroup de Greifswald, a déjà réalisé des aménagements similaires autour du cockpit avec ses yachts DS 45 et 54, mais sur la base d'un véritable concept de salon de pont et donc pas directement comparable à celui du nouveau Sun Odyssey.

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Dans la pratique, ce type de circuit autour du cockpit fonctionne plutôt bien, mais demande un peu d'adaptation. Sans doute par routine, les nouveaux arrivants à bord empruntent automatiquement le chemin, certes plus difficile mais aussi plus court, qui passe directement par le tableau de bord - en particulier sous voile et lorsque le passage au poste de pilotage est de toute façon bloqué au vent par le barreur. Au port, on accepte volontiers de faire un détour par l'arrière, surtout avec des bagages. Et ce sont surtout les navigateurs âgés qui se réjouiront des passages sans palier.

Le pont abaissé n'a pas non plus d'influence gênante sur l'espace disponible dans les cabines arrière sous le pont, contrairement à ce que l'on pourrait penser. De ce point de vue, l'aménagement inhabituel du pont est en tout cas un avantage sans réserve.

Une présentation de caractère

La deuxième nouveauté excitante dans le cockpit du Sun Odyssey 440 est le bord de coque flexible. D'un seul geste et grâce à un mécanisme très bien pensé, les dossiers se rabattent très facilement vers l'extérieur. Les confortables assises se transforment ainsi sans peine en un grand solarium où l'on peut aussi s'allonger à deux, et ce de chaque côté (photo en bas à droite). Là encore, c'est une bonne idée et une véritable nouveauté sur le marché.

D'autres caractéristiques de la génération actuelle du Sun Odyssey sautent aux yeux. Il s'agit d'abord de la section de proue extrêmement généreuse. Les bords de fuite s'étendent de la poupe jusqu'à l'étrave. Le volume supplémentaire à l'avant doit compenser l'énorme portance de la poupe très large et permettre au bateau de gîter de manière plus équilibrée et de moins plonger vers l'avant par la proue.

D'autre part, le bord de pont biseauté à l'avant du bateau ne passe pas inaperçu - une caractéristique que l'on voit souvent actuellement dans la course au large. Dans ces pays, on procède de la même manière pour gagner du poids au niveau du pont et pour réduire les turbulences dues au vent. Dans le cas du Jeanneau, ces arguments sont moins importants ; il s'agit plutôt d'une apparence moderne et sportive qui doit rester actuelle à l'avenir. Dans ce cas, l'apparence prime sur la fonction.

En raison de sa large poupe, le Sun Odyssey 440 est équipé de deux safrans. Il y a quelques années encore, les doubles ailerons de gouvernail étaient généralement considérés comme manquant de tempérament et peu propices à la sensation de gouvernail, sans compter qu'ils entraînaient beaucoup de freinages involontaires lors des manœuvres. Avec l'évolution vers des poupes de plus en plus larges, les deux safrans sont devenus plus ou moins la norme, même sur les bateaux de croisière. De plus, les développements de la construction ont déjà rapproché les doubles safrans des safrans simples en termes de performance et de réaction. Jeanneau et son concepteur, Philippe Briand, semblent vouloir définitivement passer à l'acte avec la génération actuelle de modèles.

Un bon plan, sans aucun doute, ce que le Sun Odyssey 440 peut confirmer dans des conditions de test idéales, mais aussi exigeantes, au large des Sables d'Olonne, sur la côte ouest de la France. Avec un vent d'ouest d'environ 15 nœuds et une houle assez puissante d'environ 1,5 mètre de hauteur, le jeune voilier français doit prouver son savoir-faire. Le Jeanneau franchit sans peine les hautes vagues, se pose proprement et en douceur. Et les Chinois prononcés font leur effet, non seulement en ce qui concerne l'équilibre de la flottaison et la stabilité de la forme, mais aussi en tant que déflecteur d'eau bienvenu. Même contre les vagues et dans une forte houle, les débordements d'eau sont rares, le bateau navigue droit et agréablement sec.

Des bases plus difficiles

Le pilotage est facile, car très direct. Et le bateau, qui mesure tout de même 12,65 mètres de long et pèse 8,5 tonnes, réagit très rapidement et immédiatement aux corrections de cap du barreur. Le Sun Odyssey 440 atteint 6,8 nœuds avec les voiles standard (grand-voile et génois) au vent fort, et ce avec un angle de virement de 85 degrés. Les bonnes performances sous voile sont d'autant plus surprenantes que le bateau de test (le prototype) est certes équipé du gréement Performance, plus haut d'environ un mètre, mais aussi de la quille courte (1,60 mètre au lieu de 2,20 mètres). Cette configuration est plutôt inhabituelle et Jeanneau l'a délibérément mise en place pour des raisons de test et de certification CE. Avec la quille basse standard adaptée au mât plus long, les performances du Sun Odyssey 440 devraient être encore meilleures.

Comme alternative au plan de voilure standard avec un génois se chevauchant à 120 pour cent, le nouveau peut également être équipé d'un foc auto-vireur. Des voiles d'espace et de près supplémentaires, comme le code zéro ou le gennaker, sont bien sûr également disponibles. Un beaupré est désormais solidement fixé au bateau et sert aussi bien de marchepied que de support pour l'ancre. Il est également possible d'y accrocher une échelle d'étrave, par exemple pour les pontons plats ou pour les randonnées dans l'archipel.

Avec cette série de modèles, Jeanneau a également changé de fournisseur pour les voiles standard. Celles-ci proviennent désormais d'Elvstrøm au Danemark et convainquent par leur bon profil et leur finition impeccable.

Travail facile

Comme le bord de la coque rabattable n'est pas disponible pour le montage des winchs d'écoute, Jeanneau a construit des plates-formes de winchs supplémentaires juste devant les colonnes de gouvernail. C'est là que l'on règle alternativement l'écoute de grand-voile et l'écoute de génois, à portée de main. Les drisses, les cordages de ris et de trim sont en revanche manœuvrés par les winchs situés sur le côté de la descente, comme c'était le cas auparavant. Cette séparation permet une manipulation claire, tant lors de la mise à la voile que lors des manœuvres.

La bôme est fixée très bas sur le mât, ce qui facilite la mise en place de la voile et la fermeture des lazybags, même sans devoir grimper sur le mât. Toutefois, l'angle d'action pour le hale-bas de bôme, très important, est très réduit et la manœuvre demande de la force. Les winchs électriques disponibles en option peuvent faciliter considérablement les travaux à bord, y compris pour le réglage de l'écoute de grand-voile et de génois.

La plate-forme de bain ouverte se trouve à 36 centimètres au-dessus de la surface de l'eau - suffisamment profonde pour que l'on puisse encore baigner ses pieds en étant assis, et suffisamment haute pour que les vagues ne viennent pas constamment s'écraser contre le bas du volet dans la baie. À l'arrière, on trouve également de grands espaces de rangement accessibles même lorsque la plateforme de bain est fermée. C'est particulièrement important pour l'accès au radeau de sauvetage, qui peut être saisi rapidement et facilement en cas d'urgence.

Le mécanisme de commande est également facilement accessible par le coqueron arrière, ce qui permet de bien ajuster les doubles safrans. Le système simple fonctionne avec un seul câble d'écoute continu sans quadrant central. En revanche, les deux arbres de safran sont reliés entre eux par une tige de poussée. En cas de panne, le système n'offre toutefois pas une double sécurité, comme ce serait le cas avec deux câbles de commande séparés. Le Sun Odyssey ne peut alors être dirigé que par le pilote automatique ou par la barre franche de secours.

Un classement sans concurrence

Avec une longueur de coque de 12,65 mètres pour le nouveau Sun Odyssey 440, Jeanneau se démarque de la concurrence. La concurrence des grands chantiers navals (Bavaria, Beneteau, Dufour, Hanse) ne s'est pas vraiment intéressée à ce segment de longueur. Dufour 44 après. Les autres chantiers navals passent directement de la classe homogène de douze mètres (41 pieds) à celle de 46 pieds avec une longueur de coque de 13,50 mètres. De ce point de vue, le 440 comble un vide entre deux classes de longueur importantes et populaires et ne rencontre donc pas de concurrence directe.

L'offre sous le pont, avec le choix de deux, trois ou quatre cabines, mais seulement deux salles d'eau, plaide également en ce sens. Pour situer les choses : dans la plus petite classe de 41 pieds, un maximum de trois cabines et deux salles de bain sont réalisables. Dans les plus grands 46 pieds, jusqu'à quatre chambres sont possibles, chacune avec sa propre salle de bain.

L'agencement du Sun Odyssey 440 sous le pont est également plein d'idées et différent. Jeanneau s'est fait une spécialité d'intégrer une grande cuisine en forme de U au milieu du salon - une disposition rare, voire inédite, sur des bateaux de cette taille. En revanche, la dînette à tribord est un peu plus petite. Mais grâce à un tabouret coulissant dans le passage vers l'avant du bateau, au moins six personnes peuvent tout de même s'asseoir à table avec suffisamment de place.

L'office offre un bon fonctionnement avec de grandes surfaces de travail et de nombreux espaces de rangement. On regrette cependant l'absence de compartiments plus grands et fermés pour y ranger les ustensiles de bord, les casseroles ou les poêles. En aménageant la cuisine comme un grand U, Jeanneau gagne de la place au profit d'une véritable navigation, qui permet de travailler correctement avec la carte, même en route.

L'électronique est également bien agencée et très accessible. Mais Jeanneau devrait encore travailler sur le câblage en coulisses. Les câbles sont mal posés et insuffisamment identifiés.

La qualité de l'aménagement intérieur correspond pour l'essentiel au standard de la grande série, dont les finitions sont assez soignées.

Dans la version à trois cabines, les couchettes sont exactement de la même taille, tant à l'avant qu'à l'arrière, et sont en outre rectangulaires : 2,00 mètres de long et 1,60 mètre de large, des dimensions luxueuses. En cas d'aménagement en deux cabines, la cloison longitudinale à l'arrière est déplacée de 40 centimètres vers bâbord. Dans ce cas, on dispose même d'une surface de couchage de 2,00 mètres sur 2,00 mètres à l'arrière - un lit d'une taille record. La qualité des coussins de couchette est réjouissante : ils sont désormais beaucoup plus épais et donc plus confortables que sur les modèles précédents de Jeanneau. Les coussins de la dînette du salon sont également très confortables.

La qualité de l'aménagement intérieur correspond pour l'essentiel au standard de grande série aux finitions plutôt soignées, comme le font également les concurrents. Ce n'est qu'en regardant de plus près sous le pont que l'on peut constater de petits défauts dans l'aménagement intérieur, comme par exemple des fentes incohérentes ou des arêtes de coupe non travaillées, par exemple sur les couvercles des espaces de rangement sous les couchettes et le canapé dans le salon. De plus, les planches de plancher grincent sous la charge et ne s'ouvrent que difficilement - des imperfections et des défauts qui sont peut-être à mettre sur le compte du statut de prototype. C'est pourquoi le développeur de produits de Jeanneau, Erik Stromberg, a déjà établi une liste assez longue d'améliorations pour la production en série du nouveau modèle. C'est à cela que sert un prototype.

Le Sun Odyssey 440 est équipé en standard d'un moteur diesel Yanmar à quatre cylindres d'une puissance de 45 CV et d'une transmission par arbre. Le bateau de 8,5 tonnes semble ainsi légèrement sous-motorisé pour les manœuvres portuaires. Pour plus de sécurité, il est conseillé d'opter pour le moteur plus puissant de 57 ch, disponible en option.

Les constructeurs de Jeanneau recherchent toujours des solutions de détail originales et ingénieuses pour leurs nouveaux développements - penser en dehors des sentiers battus plutôt que de s'adapter, telle semble être leur devise. Le début de la nouvelle génération de modèles en est une fois de plus un bon exemple. L'agencement avec le pont en creux autour du cockpit ainsi que les bords de coque rabattables vont certainement susciter de nombreuses discussions dans la branche. Jeanneau se distingue une fois de plus en matière d'innovation - un point important et un avantage dans la lutte pour le client.

Les valeurs mesurées lors du test du Sun Odyssey 440

Vitesse du vent : 15 nœuds (4 Bft.), Hauteur des vagues : houle d'environ 1,5 mètres, * Avec gennaker

Le Sun Odyssey 440 en détail

Variable : deux, trois ou quatre cabines sont possibles. Mais on en reste à deux salles de bain | Dessin : YACHT/N. CampeVariable : deux, trois ou quatre cabines sont possibles. Mais on en reste à deux salles de bain | Dessin : YACHT/N. Campe

Caractéristiques techniques du Sun Odyssey 440

  • Concepteur : Philippe Briand
  • Catégorie de conception CE : A
  • Longueur de la coque : 12,65 m
  • Longueur totale : 13,39 m
  • Longueur de la ligne de flottaison : 12,00 m
  • largeur : 4,29 m
  • Tirant d'eau/alternatif : 2,20/1,60 m
  • Vitesse théorique du fuselage : 8,4 kn
  • poids : 8,6 t
  • Taux de lestage : 2,3 t/27 %
  • Hauteur du mât au-dessus de la ligne de flottaison : 18,46 m
  • Grand-voile : 45,1 m2
  • Génois sur enrouleur (120 %) : 45,0 m2
  • Machine (Yanmar) : 33 kW/45 ch
  • Réservoir de carburant (plastique) : 200 l
  • Réservoir d'eau propre (plastique) : 330 l
  • Réservoirs à matières fécales (plastique) : 2 x 50 l

Construction de la coque et du pont

Coque : PRV entièrement stratifiée en appui manuel. Pont : construction sandwich en PRV, construite par injection sous vide

Prix du Sun Odyssey 440

  • Prix de base départ chantier naval : 336 650 euros bruts, TVA de 19 % incluse

Situation 07/24. Pour connaître la définition des prix affichés, voir ici!

Chantier naval

Chantier Jeanneau, 85505 Les Herbiers (France) ; www.jeanneau.com

Distribution

Réseau de concessionnaires

Evaluation par YACHT du Sun Odyssey 440

Un début prometteur pour une réédition complète de la série de randonnées de Jeanneau. Le concept présente de nombreuses innovations et une foule de détails passionnants

Construction et concept

  • + Une disposition de pont inédite et innovante
  • + Nouvelles formes, aspect agréable
  • + charge de la voile à l'avant

Performance de la voile et réglage

  • + Navigue au vent raide et sec
  • + Bonnes réactions sur les deux rames
  • - Guide d'écoute de grand-voile difficile à manier

Habitat et qualité d'aménagement

  • + Grandes couchettes carrées
  • + Cuisine spacieuse en forme de U
  • + Finition ordinaire dans le détail

Équipement et technique

  • + bôme et voile facilement accessibles
  • - Câblage peu soigné
  • - Machine standard faible

L'article est paru pour la première fois dans YACHT 16/2017 et a été mis à jour pour la version en ligne.

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