Fabian Boerger
· 17.10.2025
Le nouveau type de voilier cargo "Roll on Roll off", le "Neoliner Origin", est parti jeudi pour sa première traversée de l'Atlantique. C'est ce qu'a annoncé la compagnie maritime Neoline, basée à Nantes. Le cargo de 136 mètres de long, dont la principale source de propulsion est la voile, doit traverser l'Atlantique en huit jours et atteindre le port de Saint-Pierre-et-Miquelon au Canada.
De là, le navire poursuivra son voyage quatre jours plus tard vers Baltimore, où il devrait arriver le 29 octobre. Il poursuivra ensuite sa route vers Halifax avant d'entamer son voyage de retour. Cette ligne sera régulièrement empruntée à l'avenir.
Grâce à une propulsion hybride composée de voiles et d'un moteur électrique et diesel, la consommation de combustibles fossiles devrait pouvoir être réduite de plus de 80 pour cent. Les émissions de gaz à effet de serre pourraient même être réduites de 90 pour cent. Les deux grandes voiles en carbone spécialement conçues se déploient comme un accordéon.
Le navire dispose d'une surface de voile totale de 3.000 mètres carrés, composée de deux grandes voiles de 1.050 mètres carrés chacune et de deux autres voiles de 450 mètres carrés chacune. Cela permet d'atteindre des vitesses d'environ onze nœuds. Les mâts, qui mesurent environ 90 mètres de haut, peuvent être repliés, ce qui réduit la hauteur totale à environ 42 mètres - un avantage décisif pour les entrées de port délimitées par des ponts.
Derrière le voilier se trouve l'entreprise française Neoline, fondée par des experts maritimes. L'objectif est de réduire de manière significative les émissions du marché du transport de conteneurs à l'aide de voiles. Le "Neoliner Origin" a été mis à l'eau en janvier 2025 à Istanbul. Il a été construit dans le chantier naval RMK. Quelque 700 ingénieurs ont participé à la construction de ce navire de 136 mètres de long. Selon la compagnie maritime, le projet a nécessité plus de douze ans de travail de développement.
Michel Pery, cofondateur de Neoline, explique les défis à relever comme suit :
Un navire marchand doit être fiable ; nous ne pouvons adopter que des solutions éprouvées. Nous ne pouvons pas nous permettre d'expérimenter. Nous avons donc regardé quelles technologies étaient matures et facilement disponibles, et à part les voiles, il n'y avait pas grand-chose.
Jean Zanuttini, également cofondateur de Neoline et président de l'entreprise, cite les trois étapes qui sous-tendent le projet. La première est de miser sur l'énergie éolienne comme moteur principal. Cela permet d'être globalement plus lent, mais de réduire presque de moitié l'énergie nécessaire. A cela s'ajoute un routage intelligent qui permet de miser davantage sur la force de la voile.
A terre, nous misons dans un deuxième temps sur le courant de quai", explique Zanuttini. De plus, il y a des batteries à bord, dont la capacité sera augmentée à l'avenir. Il sera alors possible d'effectuer des manœuvres portuaires et de naviguer à l'électricité en cas de calme plat. La troisième étape consistera à remplacer le diesel par des carburants alternatifs. L'hydrogène pourrait le remplacer. Cela permettrait de produire de l'électricité qui serait ensuite utilisée pour la propulsion.
Concernant la compétitivité avec les porte-conteneurs réguliers, M. Zanuttini déclare
Ce navire est l'un des plus grands cargos à voile jamais construits. Il est clairement compétitif par rapport aux navires de même taille ; nous pouvons prouver que nos coûts sont à peu près équivalents.
Le navire a certes beaucoup plus d'équipements, de voiles et de moteurs hybrides, mais cela s'équilibre avec un besoin en carburant nettement plus faible.
Le défi réside toutefois dans le fait que, pour les transports transatlantiques, d'autres navires sont nettement plus grands et peuvent donc proposer des prix plus bas. L'objectif est de pallier ce désavantage en s'adressant principalement aux clients situés à proximité immédiate des ports de départ et d'arrivée. Les distances de transport à terre devraient ainsi être plus courtes et la différence de coûts surmontée.
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Dès le début, un certain nombre d'entreprises de renom ont participé au projet. Outre Renault et des producteurs de spiritueux comme Hennessy, Remy Cointreau, le groupe français Beneteau et Longchamp sont également impliqués. Longchamp et Hennessy ont l'intention de transporter leurs produits à l'aide des voiliers de transport, comme l'ont déclaré les représentants des entreprises lors du lancement du bateau à Istanbul au début de l'année.
Ils mettent en avant la volonté de réduire les émissions de gaz à effet de serre lors du transport des marchandises. Dans le cas d'Hennessy, il s'agit aussi de revenir aux origines. Dès la fin du 18e siècle, les bouteilles de Hennessy étaient transportées par voilier vers les États-Unis. Le port d'attache du "Neoliner Origin" est Saint-Nazaire en France.
Pour une utilisation optimale des voiles et une route idéale, le bateau utilise un système de routage météorologique spécial. Celui-ci a été développé par l'entreprise française D-ICE Engineering . Ce système permet de prévoir les conditions météorologiques et d'adapter l'itinéraire en conséquence afin d'utiliser au mieux la puissance des voiles.
Selon Zanuttini, il s'agit d'un élément essentiel du concept, car il permet de miser davantage sur l'énergie éolienne et de minimiser ainsi l'utilisation du moteur auxiliaire. Grâce à la planification intelligente des itinéraires, le "Neoliner Origin" pourrait représenter une alternative fiable et respectueuse de l'environnement malgré sa vitesse réduite par rapport aux cargos conventionnels.
Vous trouverez plus d'informations sur le projet ici.