Alan Johnstone est responsable de la construction du J/99. Et une fois de plus, il le fait sans effet de surprise notable. En d'autres termes, le J/99 est lui aussi un J typique, et ce de la poupe à la proue. Le saut de pont modéré avec un franc-bord relativement bas, la forme arrondie de la proue et surtout les lignes qui se rétrécissent vers l'arrière avec une poupe plutôt fine caractérisent généralement les fissures de Johnstone depuis des années.
En comparaison avec les formes de plus en plus radicales, inhabituelles et anguleuses des bateaux concurrents à vocation sportive, le nouveau modèle a une allure classique et conservatrice - ce qui peut plaire à l'œil. Vu de l'extérieur, le J/99 est attrayant, avec des lignes séduisantes et des proportions harmonieuses. C'est aussi ce que les clients apprécient.
Les bateaux de croisière performants de J/Boats ne sont donc pas conçus en fonction d'un système de jauge particulier (ORCi ou IRC), mais sont plutôt axés sur une performance maximale. Néanmoins, la jauge et le handicap sont si importants que le chantier naval a prévu toute une série d'options possibles pour ces thèmes. Par exemple, le J/99 peut être équipé d'une quille à ailerons au lieu de la quille en L standard, ce qui favorise le rating selon l'IRC.
Et au lieu d'un safran profond et fin, il est possible d'utiliser deux ailerons de commande plus petits, installés plus en arrière, près de la poupe. C'est le bon choix pour les longues manœuvres en mode une ou deux mains. Des réservoirs de lest d'eau intégrés sont également disponibles en option.
En outre, le client peut choisir d'équiper le bateau d'un spinnaker ou d'un gennaker - ou des deux. En conséquence, le beaupré peut être plus court (20 centimètres seulement) ou plus long (jusqu'à 1,30 mètre maximum).
D'ailleurs, avec le J/99, c'est la première fois que le chantier naval construit un bateau de sport avec un nez fixe et rompt avec sa propre tradition : les Johnstone ont quasiment inventé le beaupré long et extensible latéralement et l'ont rendu commercialisable ; la trompe mobile est toujours considérée comme la marque de fabrique de J/Boats. Le chantier naval justifie sa décision par des économies de poids dues à la suppression des raidisseurs structurels dans la zone de la proue. De plus, sur les longues traversées offshore, l'eau ne peut plus pénétrer dans le bateau par les guides du beaupré.
YACHT a pu tester le Performance-Cruiser J/99 par un beau temps printanier, mais malheureusement aussi par un vent relativement faible, entre 8 et 10 nœuds, et avec peu de vagues. Le bateau navigue à 6,3 nœuds en croix et vire sur un angle de 80 degrés. C'est dans la fourchette de ce que l'on peut attendre d'un yacht de cette orientation, orienté vers la performance.
Équipé du pack spinnaker devenu rare, le bateau fait également bonne figure au vent et peut naviguer à basse altitude grâce à la possibilité d'ajuster la voile en conséquence au vent. Dans ces conditions de vent léger, le J/99 atteint sa vitesse de pointe de 7,4 nœuds sur un angle de 120 degrés par rapport à la direction du vent vrai. Les bateaux équipés d'un gennaker devront naviguer plus haut pour maintenir cette performance.
Le J/99 navigue de manière très équilibrée et sensiblement rigide, surtout dans le vent fort. Les deux variantes de quille (L et aileron) ont un poids similaire d'environ 1600 kilos, ce qui correspond à un taux de lest comparativement élevé de près de 42%. C'est pourquoi le J pèse un peu plus lourd que la concurrence.
Le barreur et le grand-voile sont assis côte à côte et peuvent commander les écoutes et tous les dispositifs de réglage importants depuis leurs positions respectives. Pour les régates en double et les longues distances, l'agencement du cockpit peut être modifié à peu de frais. Il est par exemple possible de rabattre l'écoute de génois sur des poulies supplémentaires et de l'utiliser également au vent.
L'accastillage est déjà monté sur le bateau au départ du chantier naval. Les points d'amarrage 3D font également partie de la livraison. Le système compliqué mais très efficace de haleurs est dévié sur le toit de la cabine du côté opposé à chaque fois et est commandé par l'équipage sur le bord haut.
L'option de trappes supplémentaires sur les flancs des hausses et sur la cloison de la cabine est exemplaire. Cela apporte d'une part plus de lumière sous le pont et offre d'autre part la possibilité de faire disparaître élégamment les extrémités libres des nombreuses drisses, écoutes et amarres.
La barre franche est le standard. La tête du safran est placée loin à l'arrière de la poupe et n'est pas directement reliée à l'arbre du safran, qui se trouve environ 70 centimètres plus loin. L'accouplement se fait à l'aide d'une biellette, ou de deux biellettes s'il y a deux safrans.
Dans la liste des options, on trouve également une simple commande de roue, ce qui semble toutefois aberrant avec cette disposition du cockpit et cette orientation : une seule roue au milieu serait à peine saisissable latéralement depuis les positions assises, et une double commande de roue n'est pas réalisable. J/Composites souhaite néanmoins proposer la commande des roues en option, en particulier pour les États-Unis.
Le mécanisme de la commande est très facilement accessible par une trappe située à l'arrière du cockpit. Toutefois, l'installation est ouverte, c'est-à-dire sans couvercle ni cloisons supplémentaires. Le coqueron arrière n'est donc plus un espace de rangement - le risque que des défenses ou des amarres s'y emmêlent dans la commande est trop grand. C'est regrettable, car il n'y a pas d'autres espaces de rangement dans le cockpit pour des objets plus ou moins grands.
Le gréement en aluminium du J/99 mérite une mention spéciale. Le fabricant AG+ a développé en exclusivité pour J/Composites un profilé avec une rainure rapportée, mais qui n'est pas vissée, mais extrudée d'un seul tenant avec le tube. Cela confère au mât une résistance supplémentaire et réduit son poids. Le profil du mât, qui repose sur la quille, ne pèse que 71 kilos, sans le matériel dormant et courant, ce qui est déjà très proche d'un mât en fibre de carbone de taille similaire. Un gréement en carbone est disponible en option, bien qu'il ne soit pas explicitement mentionné dans la liste des options.
Au-delà de la descente, on est accueilli par un intérieur rectiligne, sans fioritures et d'apparence sobre. Le chantier naval ne laisse planer aucun doute sur l'orientation du J/99, axée sur la performance. Le confort n'est donc pas à l'ordre du jour sous le pont, volontairement. C'est plutôt la fonctionnalité, certes simple mais fonctionnelle, qui domine à l'intérieur. Néanmoins, si l'on est prêt à faire des compromis en matière de confort, le J/99 peut tout à fait être considéré comme un bateau habitable, même pour une croisière en famille.
L'agencement du salon et de la poupe est symétrique sur ce croiseur performant. Les couchettes dans les cabines arrière, d'une largeur de 1,30 mètre au niveau des épaules, ne conviennent toutefois que partiellement à une occupation double. On dort confortablement sur les couchettes du salon, qui sont suffisamment longues et larges si on enlève les coussins de dossier.
Ces derniers peuvent être conçus en option de manière à pouvoir être rabattus vers le haut et fixés au toit de la cabine à l'aide d'une béquille réglable en longueur. Cela permet d'obtenir des espaces de rangement spacieux et ouverts, qui sont plus utiles aux régatiers pour leurs grands sacs que les petits compartiments de rangement dans les tiroirs ou les coffres.
L'avant du bateau, en revanche, est complètement vide, à l'exception des toilettes. C'est ici que peuvent et doivent être stockées les voiles ou d'autres choses pour lesquelles il n'y a pas d'espace de rangement sur le pont. Ceux qui souhaitent utiliser leur J/99 pour la croisière pourraient faire aménager une surface de couchage supplémentaire, par exemple pour les enfants. L'investissement pour cela serait relativement limité, car la couchette pourrait reposer sur les haubans latéraux. Cette possibilité n'est toutefois pas spécialement communiquée par le fabricant.
Pour des raisons de poids, J/Composites renonce aux coques intérieures pour l'aménagement sous le pont, ce qui laisse des surfaces peu esthétiques avec des structures grossières ; les vis saillantes pour l'accastillage sur le pont sont simplement recouvertes de topcoat. Les régatiers n'y voient probablement pas d'inconvénient, à condition qu'ils ne se cognent pas la tête dans les cabines contre les saillies aux arêtes vives. Ce qui est plus gênant, c'est le câblage désordonné et mal étiqueté, notamment derrière le panneau électrique.
Le prix de base départ chantier pour ce cruiser performant est de 165.290 euros sans voile (état au 6/23). Le J/99 se situe donc dans le juste milieu en termes de prix. Comme c'est souvent le cas pour les bateaux de performance, le coût des voiles n'est pas encore pris en compte. Pour un jeu simple (grand-voile et génois uniquement), il faut compter au moins 10.000 euros supplémentaires pour la taille du bateau. Une garde-robe adaptée à la régate, avec un génois plat et un génois bas, ainsi qu'un spinnaker et/ou un gennaker, pèsera encore plus lourd dans le budget.
Bateau concurrent performant pour la classe des cruisers de performance autour de dix mètres de longueur de coque. Le bateau est transformable, en fonction de l'utilisation et du système de jauge. Prix compétitif