NavigationComment élargir votre rayon de croisière

Alexander Worms

 · 14.08.2024

La nostalgie de l'étranger. Découvrir de nouvelles terres malgré le temps imparti
Photo : YACHT/A. Fritsch
Vous en avez assez de visiter toujours les mêmes ports ? Que diriez-vous de découvrir des régions plus lointaines ? Nous vous montrons comment profiter davantage de votre été et élargir votre rayon de navigation.

Le capitaine du port de Texel accueille le skipper qui vient d'arriver par son nom : "Ah, Monsieur Müller, de nouveau sur les îles ?" Oui, encore une fois ; comme chaque année ! Pourtant, l'envie d'explorer des territoires plus lointains sommeille depuis longtemps dans l'esprit de Monsieur Müller. L'Angleterre, ce serait super. Les îles Anglo-Normandes. Ou même la mer Baltique. Mais comment y aller ?

C'est la question que se posent de nombreux autres plaisanciers qui connaissent depuis longtemps leur région d'origine par cœur. Qu'ils soient amarrés en Hollande, sur la côte de la mer du Nord ou de la Baltique ou quelque part en Méditerranée. Dans la plupart des cas, le bateau est même parfaitement équipé pour des croisières plus longues. Ce qui manque, c'est le temps. Pour la plupart des gens, il n'est pas possible de passer plus de trois semaines d'affilée en été. Mais en trois semaines, on ne peut pas faire grand-chose. C'est du moins l'avis général.

Pourtant, même en vacances normales, de nombreuses destinations apparemment inaccessibles ne sont pas utopiques, à condition de bien les planifier. Quelques astuces permettent d'élargir considérablement le rayon de navigation habituel.

Avant de perdre le plaisir du hobby en raison d'un ennui territorial aigu, il vaut donc la peine de se munir d'un compas et d'un oversegler, de faire quelques calculs et de fournir un effort logistique. Mais quels objectifs de croisière sont réalistes dans la pratique ? Pour le savoir, il faut faire quelques hypothèses. Les exemples présentés dans les pages suivantes sont basés sur un yacht de croisière classique de 30 pieds. Les distances parcourues sont estimées de manière très prudente à 20 miles par jour en moyenne. Les jours de port sont toutefois déjà compris dans ce chiffre. Le souhait de nombreux équipages familiaux d'effectuer des trajets courts et relaxants est également pris en compte. Pour des vacances de trois semaines (20 jours), on obtient ainsi une distance totale maximale de 400 miles nautiques.

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La navigation se fait selon la règle des un tiers/deux tiers. Cela signifie que l'équipage fait demi-tour après environ un tiers de la croisière. C'est la seule façon d'avoir suffisamment de marge pour ne pas être pressé - et donc stressé - au retour à cause d'une accalmie, d'une tempête ou d'un vent contraire persistant. Le rayon d'action réel est donc de 150 miles nautiques (un bon tiers de 400 miles nautiques) autour du port d'attache.

Ce rayon peut être étendu jusqu'à 400 miles nautiques. Nous présentons comment cela est possible en nous référant aux zones de navigation typiques des propriétaires de yachts allemands : la mer Baltique, l'IJsselmeer et l'Adriatique. Le principe est qu'à la fin de la croisière, le bateau doit être de retour au port de départ, c'est-à-dire qu'il n'est pas prévu de changer de région à long terme. Une exception à cette règle est l'hivernage dans un port éloigné, d'où la croisière peut être poursuivie au printemps suivant.

Chaque équipage se base naturellement sur des hypothèses différentes pour planifier sa croisière. Cependant, que les distances de navigation soient plus ou moins grandes, ou que les périodes de vacances soient plus ou moins longues, cela n'a pas d'importance pour les considérations générales, qui restent valables même avec des distances différentes. Seuls les objectifs réalisables changent.

Voyage de nuit : le long coup

Notre yacht modèle parcourt environ 100 miles nautiques en 24 heures. Cela correspond par exemple à la distance entre l'écluse de Roompot, à la sortie de l'Escaut oriental, et Ramsgate, au sud de l'embouchure de la Tamise. Un point de départ idéal si la destination des vacances est Londres. Depuis Kiel, Samsø serait accessible en une seule fois. Si l'île en elle-même vaut la peine, on peut aussi partir de là pour faire tranquillement le tour du Seeland avec une visite de Copenhague en point d'orgue. Dans l'Adriatique, le yacht venant d'Izola a déjà dépassé le Kvarner après une nuit de navigation. Les îles Kornati sont alors ouvertes comme zone de vacances.

Un coup de force au début de la croisière est aussi particulièrement utile pour les zones de navigation qui s'étendent le long des côtes. La Côte d'Azur, la côte turque de la mer Égée ou encore les côtes mecklembourgeoises et polonaises de la mer Baltique en sont des exemples. Si l'on commence par une longue navigation jusqu'au point de virage, on peut se détendre complètement au retour en naviguant de baie en baie et de port en port.

Il en va de même pour les destinations insulaires. Rügen est facilement accessible sans escale depuis la côte du Schleswig-Holstein. En partant de Wismar, la destination pourrait être Bornholm. Depuis Cuxhaven, les îles de la Frise occidentale sont accessibles en 24 heures, et depuis la Côte d'Azur, la Corse.

Mais que faire si la famille ne veut pas suivre un long coup au début ?

Travail de fin de semaine : transfert

Un vendredi après-midi, un équipage se réunit à Makkum, sur l'IJsselmeer. Le bateau est rapidement préparé et le départ est donné. Objectif : traverser la mer du Nord jusqu'à Cuxhaven. Le propriétaire et sa famille veulent continuer une semaine plus tard, à partir de Kugelbake jusqu'à Brunsbüttel, puis par le canal de la mer du Nord-Ost, pour passer leurs vacances à la voile dans le sud du Danemark.

Afin de ne pas perdre de temps pendant les vacances et parce que sa femme et ses enfants en bas âge ne veulent ou ne doivent pas participer à la traversée de la mer du Nord, le propriétaire a fait appel à une équipe de convoyage un week-end avant le début des vacances. Au retour, l'opération devrait se dérouler de la même manière.

Si l'on avait navigué vers l'ouest depuis les Pays-Bas, le bateau se trouverait le dimanche soir à Hull, à l'embouchure du Humber. De là, il serait possible d'explorer la côte ouest de l'Angleterre pendant trois semaines. Depuis Kiel, on peut atteindre en deux jours Sölverborg dans la baie de Hanö, et en naviguant vers le nord, Göteborg figurerait déjà sur la quittance du capitaine du port. Pendant les vacances, on pourrait alors naviguer dans le Kalmarsund et même dans le Gotland ou dans l'archipel de l'ouest de la Suède. Car le retour du bateau n'est prévu qu'après les vacances.

Depuis la Slovénie, Split est atteinte après 200 miles. Il faut toutefois garder à l'esprit qu'un permis est nécessaire pour naviguer dans les eaux croates. De plus, au début de la saison, il faut mentionner toutes les personnes qui seront à bord au cours de l'année, donc également un équipage de convoyage. Cela rend la planification d'un tel projet dans l'Adriatique un peu plus compliquée qu'ailleurs.

D'une manière générale, un week-end au long cours doit être bien planifié : L'équipage doit savoir à quoi s'en tenir - rythme de veille, navigation de nuit, éventuellement de longues heures au moteur - et le bateau doit être à la hauteur de la tâche. Et une fois arrivé au port d'arrivée, l'équipage de convoyage doit pouvoir prendre le chemin du retour en toute simplicité. C'est le cas dans tous les lieux cités en exemple. Les stations de location de voitures, les gares, les ferries et les aéroports sont tous à proximité.

Enfin, la météo joue également un rôle décisif : s'il ne souffle pas dans la bonne direction le week-end prévu pour le transfert, il peut être difficile de gagner effectivement 200 miles. Cela vaut pour l'aller comme pour le retour !

Un défi pour le logisticien : il faut trouver un plan B, par exemple sous la forme d'éventuelles destinations de remplacement ou de ports intermédiaires à partir desquels il est également possible de rentrer chez soi. Si le port visé n'est pas atteint, les vacances commencent ailleurs.

Si les impondérables ou l'effort de deux week-ends de transition de ce type vous semblent trop importants, une autre possibilité s'offre à vous pour élargir votre horizon d'"expérience".

Joies partagées : changement d'équipage

Deux tiers des participants à un sondage de YACHT online seraient prêts à confier leur bateau à un autre équipage sans hésitation ou après avoir reçu des instructions précises. L'idée est d'atteindre des destinations lointaines, ce qui permet d'additionner les distances de croisière de deux vacances.

Si le voyage commence aux Pays-Bas, la destination peut être l'Écosse, à condition que l'équipage et le yacht soient résistants à la mer. En mer Baltique, les métropoles de Stockholm et d'Oslo attirent les équipages désireux de changer de bateau.

Mais où recruter un remplaçant adéquat ? Les proches - par exemple les familles de ses propres enfants déjà adultes - et les bons amis de la voile sont les plus susceptibles d'entrer en ligne de compte. Mais il peut aussi être intéressant de se renseigner auprès de camarades de club ou de voisins de mouillage.

Dans tous les cas, les deux équipages doivent avoir déjà navigué avec le bateau pour ne pas avoir à le découvrir en vacances. En effet, les bateaux de propriétaires présentent souvent des particularités, contrairement aux yachts de location assez standardisés. Une formation précise est indispensable pour que la croisière des deux équipages soit une réussite.

L'équipage qui a moins de confiance en lui devrait faire la moitié plus facile de la croisière, par exemple les étapes avec plus d'empannages ou les passages moins exigeants du point de vue de la navigation. De cette manière, il est plus probable que le bateau rentre à bon port, même dans des conditions difficiles.

L'avantage du changement d'équipage est qu'il n'y a qu'un seul équipage par direction, par exemple dans une zone côtière où il faut faire des allers-retours. Personne ne voit deux fois la même zone de navigation.

En Croatie, c'est une fois de plus la législation qui pose problème : le propriétaire doit toujours être à bord lorsque le bateau est déplacé, sinon il s'agit d'un charter. Et celle-ci est soumise à des directives strictes. Les exceptions ne sont accordées qu'au prix d'une lourde bureaucratie.

Le transfert est assez simple à réaliser. Si l'on arrive en voiture, il suffit que le premier équipage rentre avec. Sinon, il faut veiller à choisir un port d'échange bien desservi par le train, le ferry ou l'aéroport.

4e alternative : passer l'hiver à l'extérieur

Si la croisière se termine plus tard dans la saison, il est possible de chercher un lieu d'hivernage sur la destination de vacances. Certains opérateurs d'hivernage, en Suède par exemple, sont déjà spécialisés dans les yachts étrangers et proposent un service complet. Il est toutefois préférable d'éviter les grosses réparations. Au printemps, il suffit de reprendre la croisière.

Si l'on combine en plus cette stratégie d'hivernage avec un changement d'équipage la première et la deuxième année, le rayon de croisière correspond soudain à celui de quatre vacances de trois semaines. Alors pourquoi ne pas envisager sérieusement Saint-Pétersbourg, les Shetland ou Haparanda comme destination de vacances ?


Extension à l'Est

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Photo : YACHT

De nombreuses destinations de rêve sont accessibles au départ de Kiel : Stockholm ou Oslo par exemple, l'isthme de Courlande ou le Canal Göta. Avec un peu d'organisation, tous ces voyages sont réalisables à des intervalles de vacances normaux. En combinant habilement les possibilités présentées, il est possible d'élargir le rayon de navigation et même d'atteindre la Finlande.


Dans toutes les directions

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Photo : YACHT

Au départ d'Amsterdam, le choix est vaste. Toutefois, les escales sont moins nombreuses qu'en mer Baltique, par exemple. Si vous partez pour Southampton ou Hull, vous ne pourrez généralement pas changer d'équipage avant d'y être arrivé. En route vers la mer Baltique, il n'est pas toujours possible de faire escale dans les îles des Wadden en fonction des conditions météorologiques. De même, pour aller en vacances jusqu'en Écosse, il faut au début faire de longues traversées.


Mer Adriatique : en route vers le sud

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Photo : YACHT

En partant d'Izola en Slovénie, les îles Kornati sont ouvertes à la visite avec une longue traversée au début de la croisière. Si l'on effectue un transfert avant et après les vacances, même la côte des Pouilles est à portée de main - une perle de l'Italie non découverte par les navigateurs.


Comment les plaisanciers peuvent-ils prolonger leurs vacances ?

Les personnes qui louent un yacht dans une zone de navigation donnée peuvent également élargir leur rayon d'action. Par exemple sur la Côte d'Azur. Une traversée de 80 miles de Bormes Les Mimosas à San Remo permet de naviguer tranquillement dans les baies sur le chemin du retour. C'est toujours plus agréable que de devoir faire une grande étape à la fin. Les croisières en aller simple sont une autre alternative. Moyennant un supplément, le port d'arrivée n'est pas le même que le port de départ. L'offre est très variée. Les Oneways sont particulièrement fréquents dans les régions où le vent est dominant ou dans les régions qui longent les côtes.

La côte croate, les itinéraires Athènes-Kos/Athènes-Syros en Grèce ou la croisière de Marmaris à Göcek en Turquie sont par exemple très appréciés. Même dans les Caraïbes, des arrangements avec une seule direction de voyage sont proposés.


Cet article est paru pour la première fois dans YACHT 13/2011 et a été mis à jour pour cette version en ligne.

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