Nécrologie de la mortLa dernière croisière de Harald Mertes

Jürgen Strassburger

 · 07.03.2025

C'est ainsi que l'on connaissait Harald Mertes : toujours le "gros sac" sur l'épaule.
Photo : Mertes/privat
Harald Mertes, auteur et photographe de longue date de nos magazines BOOTE et YACHT, est décédé le 17 février 2025 à Coblence. Là où Harald était, la vie grondait. Aujourd'hui, il est devenu silencieux. Une nécrologie de Jürgen Strassburger.

Ses reportages étaient aussi colorés que sa vie, pleins de force et de joie de vivre débordante. Un conteur brillant, dont on ne savait parfois pas si le récit reflétait une partie réelle de sa vie ou s'il était spontanément sorti de son imagination débordante. Les personnes qui en ont fait l'expérience s'en moquaient largement : peser ici la vérité contre la fiction était bien trop profane face à cet art captivant de la narration.

Harald le tour du monde à la voile

Lors de nos croisières, il m'a beaucoup parlé de son tour du monde en voilier de trois ans avec son ami américain Neil Hollander. Le fait qu'au cours de ce voyage, en tant que propriétaire d'une bananeraie au Costa Rica, il n'ait pas seulement connu l'amour d'une latino-américaine au sang chaud, mais qu'il ait également généré des liquidités pour un retour aisé en Europe, fait partie des moments heureux de sa vie.

Le livre "So lange sie noch segeln", publié par notre maison d'édition en 1983, est le témoignage en images de ce voyage. Les derniers voiliers de travail", avec une préface de Thor Heyerdal.

Harald en tant qu'auteur de livres

Dans ce livre, la signature de Harald en tant que photographe apparaît clairement. Contrairement à ses apparitions narratives, il n'y a ici aucune mise en scène, aucun décor artificiel, aucun masque et aucune intervention dramaturgique. Avec son appareil photo, il se sentait exclusivement redevable à la vérité et était ainsi un véritable représentant de la photographie de reportage.

Dans les premières années de notre collaboration, la photographie était encore analogique et les films DIA étaient chers. Contrairement à la rédaction en chef, Harald ne se souciait pas de savoir combien de films il gaspillait par jour de reportage (il y en avait entre dix et vingt !), et la rédaction en chef a donc décrété "deux films maximum par jour", ce qui correspondait à 72 images. Pour Harald, c'était la punition maximale.

Pionnier de la photographie numérique

Heureusement, la photographie est vite devenue numérique et Harald a pu à nouveau s'en donner à cœur joie. Combien de fois l'ai-je vu, la nuit, allongé à plat ventre sur sa couchette devant son ordinateur portable, en train de passer en revue le butin de la journée, d'effacer les "déchets" et de faire une première sélection d'images. Car la capacité de la mémoire était encore très limitée.

Malgré le travail de nuit, Harald était déjà sur pied au lever du soleil. J'appelais cela une "fuite au lit sénile". Mais Harald recherchait l'ambiance des premières lueurs du jour dans les ports, sur les canaux et les rivières ou sur la côte. Je n'ai jamais vu de Harald au coucher du soleil.

Mais il n'en avait pas le temps à bord : le soir, il était aux fourneaux à deux feux et concoctait les plus délicieux "dinner for two" dans cet environnement modeste.

Harald en tant que cuisinier de bord

"Le cuisinier est capitaine", affirme Harald avec Neil Hollander dans le livre paru pour la première fois en 1980 chez notre éditeur. Le fait que j'ai pu goûter une bonne moitié des "200 recettes contre la faim et la soif pour les skippers, les navigateurs et les épouses de marins sur l'eau et sur terre" fait partie des meilleurs moments de mes nombreuses croisières avec Harald. Et il va de soi que ce bon vivant, né à Trèves et vivant à Coblence, préférait boire un riesling de la Moselle.

Mais le cuisinier est le capitaine, comme je l'ai constaté en nettoyant la cuisine après le repas.

Tu vas nous manquer, Harald !


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