Peu avant l'arrivée, les choses se sont encore gâtées pour Christian Sauer. Dans la nuit de mercredi à jeudi, il a franchi le cap des Aiguilles, le point le plus au sud de l'Afrique. Il a bien progressé : avec les voiles d'alizé - les deux voiles A5 hissées - et le troisième ris dans la grand-voile, il a surfé sur les vagues. Puis le vent s'est levé, toujours plus loin.
Les voiles d'alizé devaient être baissées, raconte Sauer. Mais comme il avait déjaugé l'une des voiles, son chemin l'a inévitablement mené sur le pont avant. Au moment où il s'apprêtait à défaire le top nant, le bateau s'est couché sur le côté. Ses pieds ont glissé à travers le bastingage. Seule la ligne de vie le retenait. "C'était un moment de terreur", raconte Sauer. Il s'en est sorti avec des bleus.
Plus tard dans la journée, le temps s'est calmé. Sous un soleil radieux, Sauer a finalement franchi le légendaire Cap de Bonne Espérance et est entré dans le port du Cap dans l'après-midi. Il termine ainsi la troisième étape de la Mini Globe Race - la plus longue de toute la course. Des Fidji au Cap : une grande étape dans son voyage autour du monde.
La dernière partie de l'étape a débuté à l'île Maurice. De là, la flotte a navigué jusqu'à Durban et a ensuite longé la côte sud-africaine jusqu'au Cap.
Dans une interview avec l'organisateur du Mini Globe Don McIntyre, Christian Sauer dresse un bilan intermédiaire après son arrivée à Durban. La vidéo à ce sujet :
La Mini Globe Race interrompt ses quatre étapes par de petites escales. Les navigateurs y reconstituent leurs réserves ou réparent leur bateau. Les bateaux ne font que 5,80 mètres de long - les arrêts ont pour but de réduire les efforts. Tantôt obligatoires, tantôt volontaires, c'est ce que prévoit le règlement.
C'est à Durban que la flotte de la Mini Globe Race a rencontré pour la première fois le continent africain - onze navigateurs sont encore en lice. De là, la route s'est poursuivie vers le sud jusqu'à East London, puis Mossel Bay. De là, le dernier saut a permis de passer les deux caps et de rejoindre Le Cap.
Le facteur décisif dans cette zone de navigation : le courant des Aiguilles. Il s'écoule le long de la côte est de l'Afrique entre le 20e et le 40e degré de latitude et compte parmi les courants les plus forts du monde. Pour les navigateurs, il peut entraîner des conditions difficiles - par exemple de fortes vagues ou des tourbillons changeants. Christian Sauer raconte que lors du passage de Durban à East London, le courant l'a certes bien porté, mais la mer était difficile et les vagues inconfortables. "C'était la première fois de tout mon voyage que je ne me sentais pas à l'aise à bord", dit-il.
A cela s'est ajouté le regard sur le classement. "Il y a des jours où ça ne marche pas très bien", dit Sauer. Il aimerait bien conserver sa place dans le milieu du classement - il y est moins parvenu sur le tronçon entre l'île Maurice et Durban. Entre-temps, il s'est battu pour revenir. De Durban, il s'est rendu à East London, puis à Mossel Bay et enfin au Cap. À l'arrivée, il était septième, une position qu'il a conservée pendant la majeure partie de la course.
La Mini Globe Race est la première du genre : la première course autour du monde pour la plus petite classe monotype du monde.
Mais malgré son ambition sportive, son objectif premier reste autre : arriver sain et sauf à Antigua. "Je veux me prouver que je suis capable de faire le tour du monde à la voile avec un si petit bateau", dit-il. "C'est l'objectif principal".
Christian Sauer se rapproche de plus en plus de cet objectif : la dernière étape pour retourner aux Caraïbes est imminente. Il lui reste à peine quatre semaines en Afrique du Sud avant le départ, dimanche 28 décembre. Il se rendra ensuite à Antigua en passant par Sainte-Hélène et Recife. Il y a près d'un an, Sauer s'est effondré à Lagos, au Portugal. sur depuis, son regard vers l'avenir reste confiant : "On dit qu'à partir de l'Atlantique, il n'y a plus que des descentes. Il n'y a plus qu'à remonter l'Atlantique".