Fridtjof Gunkel
· 13.11.2024
Dans la série "Les marins se confessent", nous avouons nos erreurs les plus stupides en matière de voile. Mais nous sommes également impatients d'entendre vos confessions. Envoyez-nous votre texte, si possible avec des images, à mail@yacht.demot-clé "Confessions de navigateurs". Si vous le souhaitez, la publication se fera de manière anonyme.
C'était une de ces nuits dont on n'aime pas se souvenir, mais qu'il est difficile d'éviter.
Heureusement, ce que j'ai vécu est assez lointain.
En fait, la tâche était simple, mais l'issue d'autant plus imprévisible et énervante. Nous, trois membres d'équipage sur un Admiral's Cupper, devions ramener le bateau de Lymington, où il avait été mis en vente par un grand courtier après la Coupe, en Allemagne. Nous n'avons pas trouvé d'acheteur et nous avons décidé de le remettre en vente à la maison.
Nous sommes donc partis en Angleterre avec des vêtements épais, c'était déjà l'hiver. Il nous a fallu deux jours pour remettre le bateau en état de naviguer. Nettoyer, monter les voiles, faire le plein de carburant, s'approvisionner, faire appel à un courtier. Et c'est parti pour la basse mer. Le temps est au beau fixe, mais nous traversons le Solent avec le courant. Une terre sacrée, pour ainsi dire, où se trouve le berceau de l'America's Cup, puis de l'Admiral's Cup, où a débuté et pris fin la Whitbread Round the World Race.
C'est beau et digne d'être commémoré, mais cela n'aide que partiellement à lutter contre le froid. Les cirés respirants, le principe de l'oignon et les First et Midyayer fonctionnels n'existaient pas encore. Après une mauvaise nuit et des perspectives encore plus sombres pour les 400 milles restants, nous décidons de faire une halte à Douvres, l'un des plus grands ports de passagers d'Europe. Le plaisir de découvrir le port est de courte durée. Après avoir franchi l'entrée ouest et donc le trafic maritime intense, le courant et la houle, nous nous inscrivons comme prévu sur le canal 80, pour apprendre que la porte de la marina Wellington Dock, qui est soumise à la marée, ne rouvrira pas avant huit heures et que nous devrons jusque-là ("I am so sorry") jeter l'ancre dans le port.
Merde ! Pas de chauffage, pas de réchaud, un temps de piratage et des températures à un chiffre sur un cupper en aluminium nu. Comme harnais de base, on trouve à bord du matériel de régate courant. Une ancre à plaque et beaucoup de corde fine, tout doit être léger. Alors on jette l'ancre. Le fer semble tenir, selon le relèvement à terre. Et nous sommes pressés de pouvoir retourner sous le pont en étant au vent. Peut-être trop pressé. Nous nous jurons de ne pas nous endormir, nous nous réfugions dans les seuls endroits à peu près chauds où nous pouvons nous retirer : Dans les sacs de couchage sur les couchettes tubulaires. Le moteur en marche apporte un peu de chaleur au bateau et la nuit tombe sur notre mouillage. Nous avons encore des heures devant nous.
Et nous nous réveillons parce que deux choses ne correspondent pas à l'image habituelle. Le bateau gîte fortement et des bruits de grincement sur le côté bâbord annoncent à chaque vague un nouveau contact avec le gravier du rivage. Échoué dans le port ! La ligne de mouillage a été rompue, notre parabole en aluminium frotte sur la plage, le mât semble se faufiler entre les lampadaires au-dessus de la promenade du bord de mer, bien trop proche. Un autre plaisancier veut aller chercher de l'aide rapidement par radio, nous parvenons à le convaincre de ne pas encore lancer de Mayday. Nous aurons peut-être de la chance. Le moteur démarre déjà. Nous passons la marche arrière et espérons.
À chaque vague, le bateau s'éloigne lentement de la plage, puis de plus en plus vite. Dans la nuit noire comme le jais, nous passons deux rochers entre lesquels nous avons dérivé. Nous y arrivons vraiment ! Le bateau flotte à la verticale, le loch montre déjà un mètre d'eau sous la quille. Peu après que nous nous soyons juré de ne jamais raconter ce que nous avons vécu (OK, ça n'a pas marché, mais après 40 ans, il y a peut-être prescription), le canal 80 grésille ("You guys had a good night ? Well the Gates are open now, why don't you visit lovely Dover ?").
Avec plaisir !
Les leçons à tirer de cet événement : avant de partir en croisière, l'équipage doit prévoir d'éventuelles escales en cas de mauvais temps, de pannes techniques ou d'autres imprévus. Penser aux ports de substitution et aussi aux éventuelles restrictions comme l'approche, les marées et les fermetures. Avant un transfert, vérifier l'équipement de sécurité et le compléter si nécessaire. Quelques mètres de chaîne auraient peut-être suffi. Et un garde-mouillage n'est pas une mauvaise invention.
Vous aussi, vous avez fait des erreurs stupides ou évitables qui ont entraîné des situations amusantes, dangereuses ou coûteuses ? Alors écrivez-nous à mail@yacht.de, mot-clé "confessions de plaisanciers". Si vous le souhaitez, la publication se fera de manière anonyme.