Journée de travail passionnanteAttention au contrôle ! En route avec la police des eaux

Nils Leiterholt

 · 29.07.2025

Enno Cassens et son collègue Lars Cziszkus sont régulièrement en mission sur le fjord de Flensburg avec leur patrouilleur "Seestern".
Photo : Nils Leiterholt
Enno Cassens, le policier de Flensburg chargé de la protection des eaux, et ses collègues veillent à la sécurité dans leur secteur. YACHT les a accompagnés lors de leurs patrouilles.

"Votre billet n'est pas valable !" La voix d'Enno Cassens remplit le salon du yacht charter "Thetis" jusque dans les moindres recoins. Le protecteur de l'eau récolte des regards incrédules et légèrement désespérés de leur équipage - la famille Gsteu de Regensburg n'en croit pas ses oreilles, et la mère Gsteu cherche quelque chose à quoi se raccrocher. Après quelques hésitations, le commissaire Cassens demande en souriant si son fils ne veut pas signer son certificat radio SRC (Short Range Certificate) et le valider ainsi. Le soulagement se fait sentir et des rires réservés des personnes concernées se font entendre lorsqu'elles ont enfin digéré la frayeur.


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Nous nous trouvons sur le fjord de Flensburg, le territoire d'Enno Cassens et de ses collègues de la police fluviale. Ils y travaillent tous les jours et connaissent la région comme personne d'autre. Jour et nuit, les policiers sont ici pour s'assurer que tout le monde respecte les règles en vigueur sur l'eau, afin que tout le monde puisse naviguer en toute sécurité.

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En patrouille avec l'"étoile de mer

Aujourd'hui, l'intervention a lieu avec le "Seestern", un bateau à moteur de la société Hatecke. Il est équipé de deux moteurs Volvo de 900 CV avec propulsion par jet. Celui-ci accélère le bateau de près de 12 mètres de long jusqu'à 45 nœuds. Lors de courses d'essai, le véhicule des autorités aurait même déjà dépassé les 50 nœuds.

Le capitaine de police Lars Cziszkus est à la barre du bateau avec lequel les agents patrouillent régulièrement sur le fjord. Cet homme de 54 ans accélère le semi-rigide à une vitesse de 40 nœuds. Le siège à suspension, depuis lequel Cziszkus dirige le "Seestern", est équipé d'une ceinture à quatre points. "Nous pourrions théoriquement freiner jusqu'à zéro et nous arrêter dans une longueur de bateau de 45 nœuds", explique Cassens. "On peut imaginer les forces qui s'exercent alors". L'arrêt brutal du bateau est possible en inversant la propulsion par jet. "Mais cela n'est normalement pas utilisé dans le cadre du service quotidien", précise Cziszkus.

Lors du contrôle du Bavaria 46 "Thetis", dont le port d'attache est Breege, Cassens ne trouve rien d'anormal. Gilets de sauvetage, radeau de sauvetage et documents de bord : tout est à jour. Après un bon quart d'heure et une photo souvenir pour la famille Gsteu, il quitte le charter - en souvenir de leur premier contrôle par la police des eaux, les vacanciers se prennent en photo avec les deux agents de la police des eaux.

De nombreux chemins mènent à la police des eaux

Enno Cassens est lui-même un navigateur invétéré. Pendant son temps libre, cet homme de 57 ans navigue sur un Dragonfly 32, un trimaran qu'il utilise principalement comme bateau de croisière avec sa femme. En été, leurs excursions les mènent sur toute la mer Baltique. Son port d'attache est Fahrensodde, où se trouve l'association de plaisanciers de Flensburg, dont Cassens est aujourd'hui le secrétaire. Auparavant, il s'était déjà engagé pendant de nombreuses années dans la formation des jeunes de son association.

Lorsque Lars Cziszkus se retourne pendant qu'il pilote le "Seestern", il regarde entre la rangée de sièges derrière lui et un mur de carrosserie noir. C'est pourquoi les bateaux à moteur Hatecke sont équipés d'une caméra de recul qui transmet en permanence sur un écran au poste de pilotage ce qui se passe derrière le bateau. Cziszkus peut ainsi suivre avec précision ce qui se passe à l'arrière.

Pendant ce temps, le commissaire en chef Justus Manthey, 33 ans, tient la barre dans son poste à terre. Manthey fait partie d'une nouvelle génération au sein de la police des eaux (WSP). Il savait déjà bien avant sa formation qu'il voulait y travailler un jour. "Je viens de Rhénanie-du-Nord-Westphalie et j'ai su très tôt que je voulais assurer la sécurité sur l'eau", explique ce natif de Herford. Ce n'est que récemment qu'il a été promu et nommé chef de station adjoint. Pour Manthey, être policier de la protection des eaux sur le Rhin ou sur d'autres eaux intérieures n'était cependant pas une option : "Je voulais absolument devenir policier de la protection des eaux en mer. Rien d'autre n'entrait vraiment en ligne de compte pour moi". Comme le délai d'attente après une opération des yeux était plus court dans le Schleswig-Holstein que dans la police fédérale, il a opté pour cette voie de carrière.

Pour la formation, un stage de voile et des qualifications supplémentaires

Manthey apprécie surtout le contact amical en mer : "Sur l'eau, nous avons bien sûr affaire à une autre clientèle. On nous salue encore", dit-il en se référant à sa formation, durant laquelle il a également fait son service dans des commissariats à terre, où le ton était plus rude.

Enno Cassens est entré dans la police en 1994. Auparavant, il a suivi une formation de mécanicien naval et a pris la mer à cette époque. "Je me souviens qu'à l'époque, ma mère m'a conduit en larmes au port franc de Hambourg", se souvient Cassens. L'actuel commissaire a ensuite passé quatre ans dans l'armée allemande et a obtenu son baccalauréat professionnel avant de postuler "pour le plaisir" dans la police. Ce plaisir s'est ensuite transformé en sérieux. "En raison de ma formation, on m'a demandé si je ne voulais pas entrer dans la police des eaux. J'ai alors dit : 'Bien sûr, je le fais'. Les mécaniciens de bateaux qualifiés étaient bien sûr les bienvenus à la Wasserschutz", explique Cassens en se remémorant ses débuts dans la police régionale du Schleswig-Holstein.

La formation comprenait également un stage de voile de 14 jours. Le futur policier nautique a acquis les principales connaissances nautiques lors d'un cours supplémentaire à Hambourg. Il y a notamment reçu une formation radio, appris les radars et tout ce qui est important en mer dans l'optique du service de police.

"Il a fallu du temps pour que mes amis ont accepté qu'ils puissent aussi raconter des histoires quand je suis là. J'ai longtemps eu la réputation d'être un dur. Mais ce n'est plus le cas aujourd'hui".

Enno Cassens est originaire de Flensburg, sa mère était enseignante et son père soldat. Mais il n'est pas du tout quelqu'un qui n'est jamais sorti de sa ville natale. "Quand j'étais marin, j'ai vu le monde", se souvient-il. C'est pourquoi aujourd'hui, les grandes croisières, par exemple vers l'Amérique du Sud, ne l'attireraient pas vraiment. "Je pense que nous, les navigateurs, sommes tout simplement gâtés, que nous sommes si indépendants et libres de tout le monde", explique Cassens.

La sécurité intrinsèque avant tout

Lorsque la police des eaux part contrôler des voiliers, elle est toujours au moins à deux. Car même si la clientèle à contrôler est presque toujours plus sympathique que sur terre, ils ne peuvent jamais savoir ce qui les attend sur les bateaux. Lors de leurs interventions sur l'eau, les policiers portent, comme leurs collègues à terre, leurs gilets pare-balles et leurs armes de service. Pour traverser et sur le canot pneumatique, Cassens et ses collègues protègent en outre toujours leurs gilets de sauvetage automatiques.

"Même sur l'eau, notre sécurité personnelle est bien sûr prioritaire", explique Justus Manthey. Il apprécie également le fait que la police de l'eau leur permette d'enquêter eux-mêmes. "Alors que dans d'autres services, les policiers confient à un moment donné les cas à un service d'enquête, nous menons nous-mêmes toutes les investigations nécessaires sur le cas en question", explique Manthey.

Après le contrôle de la famille Gsteu, les policiers de la protection des eaux se remettent à l'affût sur le "Seestern". Avec leurs jumelles, ils cherchent de nouvelles cibles potentielles pour leur contrôle. Ils ont désormais dans leur ligne de mire un bateau de pêche privé. Mais lorsque Cassens comprend de quel navire il s'agit, il demande à son collègue de faire demi-tour. "Je suis allé sur ce bateau il y a quelques semaines", dit l'expert en voiliers de la police fluviale de Flensburg.

"Enno, parce qu'il s'occupe aussi de la voile pendant son temps libre, a des connaissances extraordinaires, dont le WSP en soi, mais aussi nous, ses collègues, profitons bien sûr", dit son jeune supérieur, le chef de station adjoint Justus Manthey.

La police de l'eau se déplace aussi la nuit

Le prochain bateau dont le skipper est prié par Cassens de se ranger le long du bateau de police est un Bavaria 37. L'équipage de l'"Uschi" est en route pour la base de location où il souhaite rendre le bateau. "Nous avons fêté des noces d'or à bord", raconte le skipper de son voyage. Et à bord de ce bateau aussi, Cassens ne trouve rien d'anormal sur les papiers.

"Même si la voile ne fait pas partie de mes loisirs, j'ai un plaisir incroyable à travailler comme agent de la police des eaux. C'est le travail en commun avec les collègues qui fait la différence".

Lorsqu'on lui demande s'il peut totalement mettre de côté son existence de policier de la navigation pendant ses loisirs, Enno Cassens répond d'un ton pensif : "Il a effectivement fallu du temps pour que mes amis navigateurs acceptent qu'ils puissent me raconter certaines histoires malgré mon métier". Il a cependant toujours fait comprendre à ses camarades de voile que si de l'alcool était en jeu ou si de l'huile était renversée, "il ne connaissait pas de parents", poursuit Cassens.

Si la situation l'exige, la police fluviale intervient également la nuit avec son bateau lors de services de week-end comme celui-ci. Mais même sans intervention nocturne, ils accumulent de nombreuses heures supplémentaires pendant les week-ends où ils sont de service. "Aujourd'hui, par exemple, vendredi, nous sommes de garde de 11 heures à 21 heures, puis nous partons de chez nous en astreinte jusqu'à demain 10 heures. Ensuite, nous revenons au commissariat et sommes de service jusqu'à 22 heures, à moins que nous ayons été en intervention la nuit. Dimanche, nous sommes de nouveau de garde jusqu'à 10 heures, en service jusqu'à 22 heures, puis de nouveau de garde jusqu'à lundi matin", explique Cassens.

Permanence le week-end en alternance avec des collègues de Kappeln

Lors d'un week-end de permanence, les agents passent donc au moins 34 heures au commissariat ou sur l'eau rien que du vendredi au dimanche. Un court trajet pour aller travailler est donc un avantage. Par chance, Enno Cassens habite non loin du commissariat. Il ne lui faut que six à sept minutes pour s'y rendre à vélo.

Lorsqu'Enno Cassens et ses collègues sortent en mer pour contrôler les voiliers, ils utilisent généralement leur bateau pneumatique. Mais aujourd'hui, le bateau équipé d'un moteur de 150 CV est utilisé pour la semaine de Kiel. Les agents de la police fluviale de Flensburg se partagent leurs permanences du week-end avec leurs collègues de Kappeln. "C'est pourquoi, à cette heure de la journée, nous pouvons être amenés à nous rendre jusqu'à Schleswig, car nous sommes actuellement coresponsables de l'ensemble de la Schlei", explique Cassens, "et bien sûr de tout le fjord de Flensburg jusqu'à Gelting".

La police des eaux assure le service administratif dans son poste. Celui de la police fluviale de Flensburg est situé à l'ouest de la pointe du port, sur le pont des bateaux, juste à la limite du centre-ville. Pour accéder à leur navire de police, il leur suffit de traverser la rue une fois. C'est là que se trouve la place d'amarrage où le bateau à moteur de Hatecke est amarré en permanence.

Après l'appareillage, la routine veut que l'on fasse un tour complet du bassin portuaire. De nombreux propriétaires de bateaux de plaisance amarrés aux nombreux pontons sont bien connus des policiers. Beaucoup d'entre eux font des signes aux agents qui patrouillent. On dirait qu'ils se réjouissent de la présence des agents de la police fluviale sur leur bateau à moteur.

La police des eaux veut montrer sa présence

Pour Cassens et Cziszkus, il s'agit avant tout d'être vus par les plaisanciers lorsqu'ils naviguent sur le fjord de Flensburg. D'une part, ils donnent ainsi un sentiment de sécurité, mais d'autre part, ils remplissent aussi une fonction d'avertissement, car leur visibilité rappelle qu'il faut respecter les règles en vigueur.

La préparation à l'intervention est également une routine pour les hommes. S'enduire de crème solaire en fait partie, tout comme les provisions et surtout beaucoup d'eau dans les bagages. Leurs lunettes de soleil, qu'ils ne quittent pas même lorsqu'ils montent à bord d'un bateau étranger pour le contrôler, sont censées protéger leurs yeux des rayons UV. Une nécessité quand on passe autant de temps sur l'eau.

En chemin, les policiers de la protection des eaux observent deux kayaks d'un vert remarquable. "Ils font partie du projet #GreenKayak. Le principe est que les utilisateurs peuvent emprunter des kayaks gratuitement", explique Cassens. Et son collègue Cziszkus ajoute : "En contrepartie, ils sont toutefois tenus de repêcher les déchets dans l'eau s'ils en voient en cours de route". Le projet est soutenu par les services municipaux et le centre d'exploitation technique de Flensburg.

Malheureusement, comme dans tous les autres "métiers à lumière bleue", les policiers de la protection des eaux sont régulièrement confrontés à des appels d'urgence pour lesquels ils ne sont pas les bons interlocuteurs. Même après avoir patrouillé sur le fjord de Flensburg, le téléphone sonne au poste de la police des eaux. Il est vendredi soir, 17h30. "Cassens, police des eaux de Flensburg, que puis-je faire pour vous ?", répond le commissaire. L'appelant signale aux policiers de la protection des eaux la présence d'une mouette sur la Sonwik, qui a visiblement une aile cassée. "Je ne peux malheureusement pas vous aider", dit Cassens à l'appelant et met fin à la conversation.

C'est son dernier acte officiel de la journée. Demain, il reprendra du service avec ses collègues. Ils continueront à veiller à la sécurité et à s'assurer que les plaisanciers et les professionnels de la mer respectent le droit et la loi et que les bateaux répondent aux normes les plus récentes, notamment en matière d'équipement technique de sécurité. Il faut en effet que tout le monde rentre sain et sauf de la mer.

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