Interview: Comment fonctionne une bourse de valeurs résiduelles pour les bateaux ?

YACHT : Hannes Häger, comment en êtes-vous arrivés à créer Brokeboats avec votre partenaire commercial ?

Hannes Häger : Après les inondations de la mer Baltique à l'automne 2023, nous avons été chargés par les assurances de déterminer les valeurs résiduelles des yachts échoués et fortement endommagés. Comme mon père est expert dans le secteur automobile, je connaissais le concept de la bourse des valeurs résiduelles pour les voitures en panne. En effet, même dans le cas de bateaux totalement endommagés, il reste souvent des équipements précieux comme les voiles, les winchs ou l'ancre.

Vous les proposez ensuite à la vente via votre bourse. Qu'est-ce qui vous différencie des autres sites de vente ?

Après le raz-de-marée, presque personne n'était prêt à prendre en charge tous les bateaux en mauvais état. La procédure s'est déroulée plus mal que bien, notamment parce que les offres n'étaient pas contraignantes. Notre plate-forme brokeboats.de constitue désormais un guichet unique sur lequel il est possible de passer une annonce et d'enchérir de manière ferme. Et si le marteau ne devait finalement pas tomber, nous proposons d'organiser le démantèlement.

Quels sont les avantages pour les propriétaires concernés ou leurs assureurs ?

Eh bien, pour le règlement des dommages totaux, notre bourse de valeurs résiduelles est une solution efficace. Même si le prix de vente n'est que d'un euro, l'assurance ou un vendeur privé n'aura pas à payer le transport coûteux et la démolition.

Que se passe-t-il si le vendeur n'est pas d'accord avec l'offre maximale ?

Contrairement à eBay par exemple, chez nous, c'est toujours le propriétaire qui a le dernier mot. Il peut donc aussi refuser une enchère maximale. Dans ce cas, il n'y a pas de frais pour l'enchérisseur. Ce n'est qu'une fois que le propriétaire a donné son accord qu'un contrat de vente juridiquement contraignant est conclu.

Quelle est la durée habituelle d'une telle vente aux enchères ?

Chaque action dure exactement deux semaines. S'il n'y a pas d'offre, nous proposons de démolir le bateau. Mais il est également possible de faire une deuxième tentative de vente aux enchères. Et à l'avenir, les propriétaires devraient pouvoir proposer leurs bateaux à des prix fixes sans limite de temps.

Vous voulez aussi vous occuper des innombrables bateaux en ferraille dans les ports. Pourquoi ?

Il est tout de même dommage que la voile, un sport durable par essence, soit à ce point accablée par la question non résolue de l'élimination des déchets. Nous voulons aider les exploitants de ports à se débarrasser des bateaux abandonnés et, en même temps, permettre aux jeunes de réaliser leur rêve de posséder un bateau pour une somme modique.

Comment ce modèle économique est-il rentable pour vous ?

Le plus offrant paie 50 euros pour les valeurs résiduelles inférieures à 2.000 euros. Pour les valeurs supérieures, deux et demi pour cent de l'offre maximale sont dus à titre de frais d'intermédiation. Actuellement, cela nous coûte plus cher que cela ne nous rapporte. Nous essayons toutefois de promouvoir la plateforme par le biais du marketing d'influence.

Comment les bateaux en ferraille s'intègrent-ils dans le monde idéal des influenceurs ?

Nous travaillons avec les Salty Brothers. Eux aussi ont acheté leur premier bateau pour un euro symbolique et l'ont ensuite remis en état. Entre-temps, les garçons naviguent autour du monde et sont devenus des YouTubers à succès.