Christian Tiedt
· 04.12.2024
Dans la série "Les marins se confessent", nous avouons nos erreurs les plus stupides en matière de voile. Mais nous sommes également impatients d'entendre vos confessions. Envoyez-nous votre texte, si possible avec des images, à mail@yacht.demot-clé "Confessions de navigateurs". Si vous le souhaitez, la publication se fera de manière anonyme.
Tout d'abord, ce qui m'est arrivé - ou plutôt ce qui est arrivé à mon équipe - au milieu des années zéro serait difficilement imaginable de nos jours. Heureusement, d'ailleurs. Cela est dû au progrès technique à bord. Et je ne parle pas ici des traceurs, des pilotes automatiques et des applications météo, mais du bon vieux téléphone. Beaucoup s'en souviendront : bien sûr, les téléphones portables existaient déjà à l'époque. Mais ils ne faisaient pas encore partie intégrante de la vie quotidienne - et c'est pourquoi on ne les avait pas toujours sur soi, loin de là.
La croisière charter avait commencé à Heiligenhafen, en direction de la mer du Sud danoise. C'était tard dans l'année, début octobre. L'avantage de cette période : des ports vides. Son inconvénient : des journées courtes. En dehors de cela, c'était de toute façon la seule date qui nous convenait à tous les trois.
Après une longue navigation jusqu'à la Schlei, nous nous sommes rendus le lendemain à Sønderborg au Danemark, où nous nous sommes amarrés dans le port presque désert de la ville. Mais seulement pour quelques heures, car pour une raison ou une autre, nous avions décidé de jeter l'ancre pour la nuit, même si le temps devait se dégrader et que la pluie était annoncée. Notre destination était Hørup Hav, juste au coin de la rue. Le lendemain, nous devions traverser le Petit Belt pour nous rendre à Ærø.
Comme le vent allait tourner au sud-ouest et se renforcer un peu en fin de soirée, nous avons cherché un endroit abrité loin à l'intérieur de la lagune, devant la rive nord de la péninsule de Kegnæs. Nous étions complètement seuls, le seul autre yacht nous avait dépassés en sortant, et nous nous réjouissions de cette place magnifique que nous avions désormais pour nous seuls.
Dès que l'ancre a été baissée, l'annexe a été préparée pour une sortie à terre : mon équipage de deux personnes voulait profiter du reste de la journée pour aller visiter le phare de Kegnæs. Je ne sais plus exactement à quel endroit nous étions amarrés, mais si je regarde les distances sur Google Maps, la distance entre le mouillage et le phare devait être d'au moins un mille nautique - avec le même trajet de retour. Même dans de bonnes conditions, c'était ambitieux, mais nous étions encore jeunes.
Les deux ont commencé à ramer. Je suis resté un peu dans le cockpit jusqu'à ce qu'il fasse trop frais, puis je suis descendu. Je me suis installé confortablement dans le coin salon avec un livre et j'ai fini par m'endormir. Quand je me suis réveillé, j'étais toujours seul à bord. Dehors, il faisait nuit et il pleuvait. Mes compagnons de voyage étaient déjà partis depuis des heures et j'ai supposé qu'ils étaient assis quelque part au chaud avec une bière en attendant que la pluie s'arrête.
Puis la pluie a cessé. Depuis la descente, j'ai brièvement mis la tête dehors : il faisait noir comme du charbon, la visibilité était nulle. Une autre heure s'est écoulée sans aucune trace de l'annexe. Je n'ai cessé de regarder dehors. En fait, l'obscurité totale aurait dû me mettre la puce à l'oreille. Mais ce soir-là, il a fallu attendre que le déclic se produise - par hasard.
Car une nouvelle idée m'est soudain venue à l'esprit : peut-être le sud-ouest avait-il fait dériver le reste de l'équipage en ramant ? Par réflexe, j'ai levé les yeux vers le déclic - et je n'ai rien vu. Le feu de mouillage ! Je ne l'avais pas allumé quand je suis descendu ! Comment avais-je pu l'oublier ? Je me suis précipité en bas et j'ai appuyé sur l'interrupteur. Moins de dix minutes plus tard, j'ai entendu des coups de rame dans l'obscurité.
Trempé et gelé, mon équipage est monté sur le pont, alors que j'aurais voulu m'enfoncer dans le sol. Un bar, mon cul. Ils avaient pris le chemin du retour de bonne heure. Il leur avait toutefois fallu un peu de temps pour conclure, incrédules, que le feu de mouillage de notre yacht n'était manifestement pas allumé : Non, cela n'arriverait jamais à Christian ! Ou bien si ? Puis la pluie s'était mise à tomber.
Finalement, ils avaient ramé jusqu'à la rive et grimpé sur la terre ferme pour s'abriter sous un arbre. Et attendre. Pendant ce temps, ils avaient d'ailleurs décidé d'être cléments avec moi. Et alors qu'ils s'étaient résignés à devoir tenir jusqu'au matin, une lumière s'était tout de même levée au-dessus de l'eau.