Max Gasser
· 24.02.2024
A l'occasion de l'actuelle Défi Arkea UltimDepuis le début de la course, qui a vu six trimarans de 105 pieds faire le tour du monde en solitaire et entrer en collision avec des objets inconnus, les yachts de course sont fortement attaqués par les organisations environnementales. Ce n'est pas la première fois que les navigateurs offshore sont accusés d'être responsables de la plupart des collisions avec les baleines. Celles-ci seraient alors gravement blessées, voire tuées. Certains appellent même à l'interdiction des foils.
En effet, des recherches menées par l'association Meer e. V. pour la protection des baleines et des dauphins avaient déjà révélé en 2010 que la probabilité d'une collision avec des voiliers augmentait considérablement à des vitesses élevées. Les foils, qui permettent aux bateaux de course d'atteindre des vitesses nettement plus élevées, n'étaient pas encore très répandus. L'une des conclusions de l'étude de l'époque était toutefois que des collisions se produisent même à faible vitesse. Cela s'explique notamment par la présence d'animaux endormis et par le faible niveau sonore d'un voilier par rapport au niveau sonore des autres océans.
Le média écologiste français "Reporterre" a mené des recherches sur 18 courses au large françaises entre 2008 et 2022 et arrive à 51 collisions signalées. L'ancien professionnel de la course au large Adrien Hardy indique dans l'article qu'il a heurté des animaux marins lors d'environ un quart de ses traversées de l'Atlantique.
En général, après une collision avec un OVNI (Unknown Floating Object), il est rarement publié s'il s'agit d'une collision avec une baleine. Selon l'organisation de protection de la mer "Sea Shepherd" et l'océanographe Philippe Borsa, c'est pourtant le cas dans 99 pour cent des collisions. La plupart du temps, les navigateurs ne parviennent pas à déterminer si ce sont des objets flottants comme des conteneurs ou des animaux marins qui ont été touchés. Dans un communiqué, "Sea Shepherd" reproche au monde de la voile de passer sous silence de tels incidents, notamment pour des raisons de popularité et de marketing du sport.
Parmi les professionnels, cela a même été partiellement confirmé entre-temps. Le groupement de coureurs au large "La Vague", considéré comme respectueux de l'environnement et auquel appartiennent de grands noms comme Paul Meilhat ou Roland Jourdain, a dénoncé le comportement de son propre milieu et a confirmé dans un communiqué de presse que les équipes enregistrent en partie les incidents avec les baleines mais n'en parlent pas. Ils souhaitent garder une image propre et ne pas associer une telle réputation à leurs sponsors. C'est également l'organisation "La Vague" qui appelle à sortir de la course perpétuelle aux records et à introduire des limites de vitesse pour protéger les animaux.
En effet, plus la vitesse des bateaux de course est élevée, plus le risque de collision augmente, mais aussi, sans aucun doute, le potentiel de blessures pour les baleines. Les appendices, certes fins, mais non tranchants sur le bord d'attaque, notamment les foils, suffisent alors à découper les habitants des mers.
Une autre possibilité de protéger les habitants de la mer pourrait donc être d'aménager des zones interdites spécialement sur le parcours, dans lesquelles les participants à la course ne seraient pas autorisés à naviguer. En effet, des recherches ont montré que les collisions avec des baleines sont plus fréquentes lors des régates qui traversent des zones particulièrement fréquentées par les cétacés. De telles réglementations existent déjà, notamment lors de l'actuel Arkea Ultim Challenge, la zone autour des îles Kerguelen est interdite.
Pour ces derniers, la mini-voileuse française Carolin Boule trouve également des mots élogieux dans une lettre ouverte publiée sur "Voiles et Voiliers", dans laquelle elle critique fortement "les attaques répétées et ciblées dont le monde de la course au large a fait l'objet ces derniers temps". Celles-ci pourraient avoir "de graves conséquences sur l'équilibre fragile d'un système dont dépendent les professions de milliers de personnes", selon Boule.
Elle plaide pour que le développement des technologies ne soit pas stoppé par des interventions fortes. Selon elle, cela vaut aussi bien pour les systèmes d'alerte, qui peuvent également être utilisés sur de nombreux cargos, que pour les foils. "Il est dommage de les évincer sans réfléchir à ce qu'ils peuvent nous apporter. L'efficacité d'un foil peut être jusqu'à dix fois supérieure à celle d'une coque planante. C'est pour cette raison que le foil est la technologie qui permettra de réduire significativement la consommation des bateaux à moteur rapides", explique Boule, avant d'affirmer : "Face à l'urgence climatique, nous devons tout faire pour réduire au maximum l'empreinte carbone₂".
Cette navigatrice expérimentée en mer souhaite donc davantage de collaboration plutôt que des critiques destructrices : "Si l'on jette des pierres au lieu de proposer des alternatives, le monde n'avancera pas. Dans les équipes de course au large, il y a des centaines de personnes intelligentes qui, si elles travaillaient ensemble, pourraient trouver de grandes solutions pour améliorer notre monde. C'est peu probable lorsque les sponsors décident de retirer leur financement de peur d'être associés à l'image que ces organisations donnent de notre monde".