Tatjana Pokorny
· 15.02.2024
L'affaire secoue le monde de la voile depuis le début de la semaine : un concurrent ou une concurrente - c'est ce qui a été dit dans un premier temps - aurait triché lors du Vendée Globe 2020/2021. Cette accusation a été formulée dans un mail anonyme reçu par Jean-Luc Denécheau, le président de la Fédération Française de Voile (FFVoile). Plus d'une dizaine de captures d'écran d'une conversation entre deux navigateurs sont censées prouver la prétendue fraude.
Le président de la FFVoile avait alors informé la direction de course du Vendée Globe et demandé la constitution d'un jury chargé d'examiner l'affaire. La procédure a été lancée. Dans un premier temps, ni l'expéditeur du mail ni la personne incriminée n'étaient connus nommément. Clarisse Crémer, navigatrice française de l'Imoca, s'est maintenant identifiée comme accusée dans une déclaration clairement formulée. Elle s'oppose avec la plus grande fermeté aux accusations qui circulent.
Début 2023, Clarisse Crémer avait déjà fait parler d'elle dans le monde entier lors d'un bras de fer public avec son sponsor de l'époque, Banque Populaire. A l'époque, la Française avait attiré l'attention sur le fait que le partenaire économique refusait de suivre sa navigatrice professionnelle, devenue mère en novembre 2022, sur la route du Vendée Globe 2024/2025. La raison invoquée à l'époque était l'absence de qualification de Clarisse Crémer pour les milles et les faibles perspectives de départ du Vendée Globe qui en découlaient dans le cadre d'un règlement modifié. L'affaire a même occupé les politiques français.
Plus tard, Clarisse Crémer a trouvé un nouveau soutien auprès de l'équipe du circumnavigateur britannique Alex Thomson et un nouveau sponsor avec L'Occitane en Provence. Aujourd'hui, la Parisienne de 34 ans doit à nouveau se défendre dans la lutte pour la participation au 10e Vendée Globe. C'est ce que fait la skipper la plus performante du Vendée Globe 2020/2021, douzième au classement général, avec une détermination farouche. Dans une déclaration publiée entre autres le 15 février sur le réseau social Facebook, elle écrit :
Je n'ai jamais triché. Je n'ai jamais eu l'intention d'enfreindre une règle pendant ce tour du monde de 87 jours".
"Je souhaite réagir aux récentes accusations portées contre moi ces derniers jours. J'ai appris l'ouverture d'une enquête de la Fédération Française de Voile, que j'ai menée lors du Vendée Globe 2020 avec mon mari (Rédaction : Tanguy Le Turquais).
Cet échange a eu lieu sur mon téléphone portable de bord, propriété de mon ancienne équipe, que j'avais rendu accessible à tous dès mon arrivée à terre. Je n'ai jamais triché. Je n'ai jamais eu l'intention d'enfreindre une quelconque règle pendant ce tour du monde de 87 jours.
Au cours de nos discussions, qui sont essentiellement intimes, Tanguy ne me donne jamais d'informations que je n'avais pas déjà. Aucune conversation avec lui n'a contribué à modifier ma trajectoire ou à prendre une décision stratégique qui aurait pu influencer ma course. J'ai toujours pris toutes mes décisions de performance seul et sans assistance, conformément aux règles.
Trois ans après la fin du dernier Vendée Globe, on ne peut que s'interroger sur les raisons et le timing de cette révélation anonyme."
Je suis indigné par l'écho que peuvent avoir des messages anonymes. Sans même que l'on se pose des questions sur les bases réglementaires ou le contexte de ces messages. Je suis indigné par la manière dont ces captures d'écran ont conduit à des conclusions hâtives et erronées, qui dépassent totalement les enquêtes officielles et nous portent déjà préjudice.
Trois ans après la fin du dernier Vendée Globe, on ne peut que s'interroger sur les raisons et le timing de cette divulgation anonyme. Nous nous réservons le droit de porter plainte si nécessaire. Je me tiens bien entendu à la disposition de la Fédération Française de Voile et du Vendée Globe pour analyser nos échanges en toute transparence".
L'affaire va encore échauffer les esprits pendant un certain temps jusqu'à ce qu'elle soit résolue. Il reste à espérer que le jury mis en place par le Vendée Globe assumera sa mission d'examen avec rigueur et célérité et que la FFVoile agira au plus vite en fonction des résultats du verdict du jury et mettra fin à cette malheureuse affaire par les faits. Il ne fait aucun doute que la navigatrice Clarisse Crémer, dont la popularité dépasse les frontières françaises, n'a pas que des amis dans son milieu professionnel.
La meilleure skipper du Vendée Globe 2020/2021 y a évoqué son retour dans la classe Imoca et ses projets après la course du Fastnet 2023 à la fin de l'été :