Ils vivent leur rêve : traverser l'océan à bord du Shark 24. Après leur transfert rapide et venteux du bateau vers les Canaries en juillet dernier, André Kurreck et Tim Wolf (tous deux âgés de 37 ans), originaires de Schwerin, sont partis dimanche dernier en direction des Caraïbes. "Le Shark s'est étonnamment bien comporté pendant les quatre mois où il nous a attendus à Graciosa", explique André Kurreck sur le blog www.lebemeer.de. "Sauf sur la partie inférieure du bateau, où quelques algues se sont installées. Nous nous sommes déjà attaqués à elles avec une éponge de nettoyage".
Après sept jours d'avitaillement et de préparation, le duo a déplacé son bateau vers le port de départ de Las Palmas, sur l'île de Grande Canarie, à la mi-décembre. Peu avant Noël, le moment était venu de partir pour les Caraïbes !
Les 200 premiers milles du trajet de 2800 milles vers la Barbade ont également été une entrée en matière venteuse pour les deux amis, qui avaient passé les mois précédents au pays pour travailler. Maintenant, avec le début de la saison des traversées de l'Atlantique, ils poursuivent leur voyage entamé l'été dernier. Après ce long séjour à terre, il n'est pas surprenant que Kurreck et Wolf aient dû lutter contre des vagues pouvant atteindre 3,5 mètres de haut. Mais dès le lendemain, le mal de mer a fait place à l'attrait de l'aventure que représente la traversée de l'Atlantique avec un si petit bateau. Surtout lorsqu'une membrure inférieure se brise, mais qu'elle peut être réparée avec les moyens du bord.
Le deuxième jour, ils relatent une rencontre avec un cargo : "Le navire visé arrive vers nous par l'arrière et Tim me réveille", écrit Kurreck sur son blog. "Nous observons encore un peu la situation, puis nous sommes mal à l'aise, car le navire se dirige directement vers nous. J'attrape la radio, donne la position, le nom et le cap de notre bateau et demande si nous sommes vus. Nous obtenons rapidement une réponse avec une question en retour : "Est-ce que tout va bien ? Ensuite, le bateau change visiblement de cap et nous dépasse sur le côté bâbord". Une grande expérience. "J'avais l'impression d'être un petit chiot à qui sa maman donne un coup de museau pour vérifier que tout va bien", écrit Kurreck.
Le troisième jour, il est nécessaire de corriger à nouveau le provisoire rapide du bas de ligne réparé. "Au lieu de la réparation, nous avons maintenant un hauban de remplacement en Dyneema", écrit Kurreck. "Pour cela, Tim a dû monter dans le mât, ce qui lui a rapidement fait perdre le sourire dans la houle".
Ils sont tous les deux surpris par la rapidité de la navigation dans le Shark très lourdement chargé. "Les quatre premiers jours, nous avons toujours eu cinq ou six nœuds sur le loch", explique Kurreck à YACHT dans un mail - et il se corrige aussitôt : "Sur le GPS, je veux dire. Jusqu'à présent, nous n'avions pas encore allumé le loch. Nous n'utilisons en fait que l'iPad pour la navigation". De véritables navigateurs du 21e siècle - qui naviguent toutefois depuis un bateau des années 70.
"Notre distance parcourue a même toujours été supérieure à 120 miles nautiques, mesurée par GPS, ce que je ne comprends pas du tout vu notre charge utile", explique Kurreck au sujet de la progression du voyage. "Le Shark, d'habitude si mordant, a cependant du mal à sortir son corps de l'eau. S'il lui arrive de déraper, ce n'est malheureusement que pour un court instant". L'immense poids supplémentaire se fait nettement sentir, même si l'équipage s'est déjà limité. A bord, outre les conserves, les pâtes, les fruits et les légumes, il n'y a qu'environ 200 litres de liquide. "Lorsque le vent est faible, le Parasailor nous aide à nous mettre en route", écrit Kurreck. "Sinon, on s'ennuierait parfois beaucoup". C'est pourquoi les deux sportifs se réjouissent déjà de la deuxième partie de la traversée de l'Atlantique, les derniers mille miles jusqu'à la Barbade. "Nous aurons alors moins de lest à bord et nous reviendrons plus souvent surfer !"
Le voyage peut être suivi sur le blog sur www.lebemeer.de ou ici sur YACHT online.