Après l'ivresse de la victoireÀ bord avec Kirsten Neuschäfer sur "Minnehaha

Morten Strauch

 · 01.05.2023

Arrivée à l'occasion du Freedom Day de l'Afrique du Sud
Photo : YACHT/ M. Strauch
Kirsten Neuschäfer est entrée dans l'histoire de la voile en devenant la première femme à remporter une régate autour du monde. Nous avons rencontré cette sympathique Sud-Africaine aux racines allemandes à bord de son "Minnehaha", une fois l'émotion passée.

Kirsten, es-tu heureuse d'être de retour à terre ? Après huit mois de solitude, voici le grand battage médiatique. En fait, tu n'aimes pas être sous les feux de la rampe, n'est-ce pas ? As-tu même eu un moment Moitessier (le livre est sur l'étagère) et tu aurais voulu faire demi-tour et continuer à naviguer ?

Oui, j'ai eu des moments Moitessier où je me suis dit que ça allait être difficile de revenir, parce que je savais comment ça se passait aux Sables pour les départs et les arrivées. Ce n'est pas vraiment mon truc d'être sous les feux de la rampe et d'avoir autant de monde autour de moi. D'un autre côté, les gens des Sables-d'Olonne sont tellement enthousiastes et passionnés par tout ce qui se passe que cela me fait vibrer aussi. Je ne veux pas les décevoir non plus. Ils sont tellement pleins d'énergie et de persévérance dans l'attente pour vous accueillir - on doit se sentir très honoré. Mais cela fait déjà deux jours que je suis de retour à terre, et je n'ai dormi que six heures en tout, et je commence à sentir la fatigue me rattraper. Mais c'est très agréable. Ma mère, mon oncle et des amis ont fait le déplacement, et cela me fait évidemment très plaisir. Des petites choses comme manger un croissant ou des légumes frais sont aussi tout à fait merveilleuses.

Dès ton arrivée, tu as eu un grand pot de glace à la main. C'est ce qui t'a le plus manqué ?

J'aime beaucoup la glace, et tout le monde le sait. C'est devenu une habitude, et je joue le jeu. Si quelqu'un me demande ce que j'ai le plus envie de manger après une telle tournée, je réponds "de la glace". Avant de débarquer, on m'avait déjà tendu la coupe de glace.

Tu as déjà pédalé seul d'Europe en Afrique du Sud, et le GGR n'est pas non plus sans danger - y a-t-il vraiment quelque chose qui te fait peur ?

Kirsten réfléchit quelques secondes ...

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Rien ne me vient à l'esprit. Mais je pense que si quelque chose de dangereux s'abattait sur moi, j'aurais certainement peur, ce qui est nécessaire pour survivre. Mais je n'ai pas peur quand je pense de loin à quelque chose qui pourrait être dangereux.

Mais rien d'autre ? Pas de peur des araignées, de claustrophobie ou de vertige ?

Mais il y a quelque chose. Je n'aime pas du tout aller chez le médecin. Même une petite piqûre me fait peur. Les scalpels, les aiguilles et les médecins, c'est quelque chose d'horrible pour moi !

Lors de la conférence de presse, tu as raconté que tu avais lu le livre de Tapio Lehtinen pendant la course - en finlandais. Comment se fait-il que tu parles cette langue assez exotique ?

Quand j'avais 19 ans, j'ai déménagé en Finlande pour deux ans afin de dresser des chiens de traîneau. La langue m'avait vraiment enthousiasmé à l'époque et j'ai pu la parler couramment assez rapidement. Aujourd'hui, 18 ans plus tard, les choses vont un peu moins vite, mais j'ai eu beaucoup de temps en route.

Ensuite, après son naufrage dans l'océan Indien, Tapio a été sauvé par une personne qui parle finlandais. Il a dû se réjouir deux fois plus ! Comment s'est déroulée la mission de sauvetage de ton point de vue ?

Tapio était à environ 110 miles nautiques de moi quand l'appel à l'aide est arrivé. J'ai passé la nuit à la barre, et le matin, peu après le lever du soleil, je l'ai retrouvé - en découvrant d'abord à quel point il est difficile de repérer un lève-personne entre les vagues en mer. Tapio était à la radio et pouvait me voir, mais pas moi. Il m'a donc guidé directement vers lui en me donnant des ordres continus tels que "plus à bâbord, plus à tribord" et ainsi de suite.

Après l'avoir fait monter à bord, la première chose que nous avons faite a été de boire une gorgée de rhum. Il était super content d'être enfin sorti de son petit radeau de survie. Outre le sauvetage réussi en soi, j'ai vécu une expérience précieuse en voyant comment Tapio a géré la situation de manière positive. On peut en tirer beaucoup d'enseignements sur la manière de surmonter des situations difficiles avec une énergie positive.

Prévois-tu déjà la prochaine tentative de record ou la participation à une autre course au large ? La question de la Vendée s'impose.

Je m'en tiens au proverbe "il ne faut jamais dire jamais". Mais je ne prévois pas de le faire actuellement. Je ne suis pas une compétitrice de nature. J'aime plutôt les défis où je dois trouver mes propres forces. Je préfère donc le faire seule, comme mon voyage à vélo en Afrique par exemple. Le défi consiste à résister aux éléments naturels et à dépasser mes propres faiblesses, et non à affronter d'autres personnes. Je ne sais donc pas si la Vendée est faite pour moi. J'ai participé au GGR avec tout mon enthousiasme, mais la Vendée serait en effet un pas de plus évident vers la compétition. Mais qui sait ? Peut-être que je ne naviguerai pas pendant six mois et que j'aurai soudain de l'appétit.

Qu'as-tu prévu pour les prochains mois ?

Je veux retourner en Afrique du Sud et revoir ma famille, en particulier mon père et mes chiens. J'ai un coin de paradis là-bas : la côte authentique du Transkei. Il n'y a rien de plus beau que de passer quelques jours avec mes chiens sur cette côte à la fois belle et sauvage. Faire du camping sauvage avec un feu de camp tout en regardant les étoiles.


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