Sur la voie d'un avenir sans CO2 et plus respectueux de l'environnement, le secteur de la location s'y met désormais progressivement, comme l'ont montré le géant français de la location Dream Yacht et le chantier naval Fountaine Pajot lors d'une présentation à Düsseldorf. Les Français ont présenté au salon le nouveau catamaran à moteur électrique Aura 51 Smart Electric, qui n'est que le premier des 20 bateaux que Dream Yacht intégrera à sa flotte au cours des 18 prochains mois.
Les données techniques sont tout à fait passionnantes : le catamaran est équipé de deux moteurs électriques au lieu des traditionnels moteurs diesel encastrés, qui fonctionnent également comme générateurs de courant lorsque le bateau navigue. Les hélices chargent alors les batteries lithium-ion à bord - de manière particulièrement efficace à partir d'environ six nœuds de vitesse, mais aussi en dessous. De plus, une grande partie du bimini fixe ou du toit du flybridge est équipée de panneaux solaires qui se chargent avec 2.500 watts. Un panneau de commande optique avec des informations sur la charge est alors installé à bord, informant à tout moment l'équipage de l'état actuel de la charge et de la consommation. L'équipage devrait ainsi être motivé à naviguer beaucoup et à moins utiliser le moteur, à l'instar de ce que l'on connaît déjà avec les voitures électriques.
Comme les bancs de batteries ne permettent que deux heures de navigation à huit nœuds en cas de mauvais temps sans charge solaire, un générateur avec réservoir de diesel est installé en secours pour prendre le relais lorsque la charge des batteries est trop faible. Il est alors possible de naviguer à une vitesse allant jusqu'à 6,5 nœuds. Le client doit ainsi toujours avoir la certitude de pouvoir utiliser les moteurs en cas de calme plat ou d'urgence.
Loic Bonnet, CEO de Dream Yacht, a expliqué le projet lors d'un entretien avec YACHT : "Sur la voie de la neutralité carbone en 2030, c'est une étape importante. Nous commençons maintenant avec 20 bateaux dans les 18 mois à venir, d'abord plus avec des catas, mais un Dufour 35 sera également équipé. Nous acquérons ainsi une première expérience importante avec le nouveau concept de propulsion. Les premiers bateaux iront en Méditerranée, le 51 à Naples, un 45 catamaran en Corse", explique le Français. Fountaine Pajot estime à 15 pour cent le surcoût en termes de prix d'achat pour les catamarans à propulsion électrique.
En 2023, Dream Yacht investit massivement dans sa flotte, 180 bateaux ont été commandés, mais tous ne peuvent pas être commandés directement dans une variante électrique, cela surchargerait tout simplement les bases et les chantiers navals. L'expérience acquise avec les nouveaux bateaux électriques sera toutefois déterminante pour organiser la transition d'ici 2030.
Une initiative de Moorings prouve que le secteur est en train de devenir plus vert. L'exploitant de la flotte équipe dès à présent tous les yachts de location de la série Premium en Méditerranée de moteurs électriques pour l'annexe au lieu de moteurs hors-bord à essence. Après une phase de test d'un an avec les moteurs d'E-Propulsion sur une base en mer Ionienne, le bilan est très positif : "Les clients ont été enthousiasmés par les moteurs, ils sont plus propres, plus silencieux et aussi plus faciles à utiliser s'ils sont embarqués et fixés au bastingage", explique Ingela Wilhelm, responsable marketing de Moorings.
Une autre initiative très réjouissante consiste à rendre l'approvisionnement en eau potable des équipages à bord indépendant de l'utilisation d'eau en bouteille plastique. Tous les nouveaux Moorings-Kats commandés seront équipés de systèmes de filtration qui permettront d'utiliser sans problème l'eau des réservoirs du bord comme eau potable. Jusqu'à présent, il était courant que les équipages s'approvisionnent en eau en bouteille avant de partir en croisière en Méditerranée, car les réservoirs ne sont pas à l'abri des germes. De tels systèmes de filtration, issus du secteur hospitalier et de très haute qualité, ont été testés pour la première fois il y a quelques années dans les modèles Sun-Loft de Jeanneau. L'expérience s'est révélée positive. La nouvelle technique doit aider à endiguer le flot de bouteilles en plastique utilisées par des milliers d'équipages de charters et dont l'élimination écologique est loin d'être toujours assurée dans le bassin méditerranéen. Trop souvent, les bouteilles ou des fragments de bouteilles se retrouvent encore dans la mer.
On voit que le secteur s'attaque aux problèmes du CO2 et du plastique, ce qui laisse espérer que la concurrence suivra rapidement et que l'impact environnemental du marché de la location pourra ainsi être réduit. Peut-être qu'en cherchant d'autres bonnes solutions, une véritable concurrence verra le jour et contribuera à la transformation du secteur.
