Alexander Worms
· 21.10.2024
Le regard nerveux, l'équipage de charter manœuvre sa grand-voile qui claque bruyamment pour rentrer au port. Le point d'écoute est enroulé plusieurs fois autour du mât, mais plus haut, un grand sac se forme et prend régulièrement le vent. Le mât tire le bateau de manière assez sauvage dans tous les sens, il tangue de manière imprévisible. Les conditions de départ ne sont pas optimales pour réussir une manœuvre d'amarrage.
Un problème qui se produit régulièrement. La cause : une grand-voile coincée. Cela se produit généralement lorsque le vent souffle un peu plus fort, car des plis se forment alors lors de l'enroulement à cause du battement pendant l'enroulement de la toile, qui est conduite avec l'étrave au vent. Et ceux-ci finissent par s'épaissir dans le profil du mât au point que rien ne va plus. Ça se coince. La grand-voile ne rentre pas là où elle devrait, ni ne sort. Car si c'était le cas, on pourrait au moins la laisser retomber par drisse.
Les raisons possibles d'un blocage indésirable dans le mât sont multiples : mauvaise manipulation avec trop peu de contre-pression sur la drisse de déroulement, enroulement dans le sens inverse, trop peu de tension sur la drisse ou trop de tension sur l'étai arrière. Avec beaucoup de tâtonnements, le plus souvent avec quelqu'un dans le mât qui essaie de clarifier les plis du mieux qu'il peut, la toile se libère en général. Mais ce n'est définitivement pas un travail que l'on peut faire en mer.
Pourtant, de nombreux yachts sont aujourd'hui équipés de grands voiles à enrouleur. Et ce, pour une bonne raison : correctement utilisées, elles offrent un confort certain et un maniement sûr et simple. Mais qu'est-ce qu'une utilisation correcte, et quels sont les avantages et les inconvénients de ce système par rapport à une grand-voile à enrouleur à une seule ralingue et à un lazy-bag ? Et quelles sont les alternatives les plus pratiques ?
Une grand-voile à enrouleur est en fait la même chose qu'une voile d'avant à enrouleur, mais dans le mât. Il s'agit d'un profil avec une rainure dans laquelle la voile est rétractée, d'un entraînement qui fait tourner le profil, qui peut être manuel, électrique ou hydraulique, et d'une ligne qui tire la voile hors du mât le long de la bôme. La grande différence avec la voile d'avant est toutefois l'espace restreint dans lequel la toile doit tenir. C'est pourquoi il faut l'enrouler proprement. Si cela ne se produit pas avec la voile d'avant, ce n'est pas grave. Il suffit de dérouler et de réenrouler la toile, avec un peu plus de contre-pression de l'écoute, pour qu'elle soit parfaitement enroulée autour de l'étai. Pour la grand-voile, un mauvais enroulement peut toutefois entraîner le scénario décrit au début : Tout se bloque, rien ne va plus. Mais ce n'est pas une fatalité.
Comme la voile est enroulée autour du profil dans le mât, il n'est pas possible d'utiliser des lattes horizontales comme pour les grandes voiles conventionnelles. Pour éviter de naviguer constamment avec une chute battante, celle-ci est coupée de manière creuse, concave. Cela fait perdre de la surface au grand voile à enrouleur par rapport aux autres toiles. Le problème peut être résolu par de très longues lattes verticales. Celles-ci sont placées verticalement dans la voile, parallèlement au mât, et sont simplement enroulées. Cela permet d'obtenir plus de surface et même des ralingues de poupe évasées. La puissance d'une grand-voile à enrouleur est alors à peine inférieure à celle de son équivalent traditionnel.
Cependant, comme les lattes doivent aussi s'adapter au profil de mât déjà étroit, il faut faire très attention lors de l'enroulement. Or, il arrive souvent que les lattes ne rentrent pas, surtout si le profil du mât est plutôt petit. Si vous souhaitez passer d'un grand voile enrouleur sans lattes à une surface plus importante avec des lattes, vous devez en discuter avec le voilier.
En raison du profil de mât plus complexe, de la voile qui reste toujours en haut, même lorsqu'elle est prise, et du profil et de l'enrouleur, le gréement à enrouleur est un peu plus lourd. Cela augmente le poids au sommet, ce qui réduit le moment de redressement. Il se peut donc qu'un bateau réponde aux critères de la catégorie CE A avec un mât normal, mais pas avec un gréement à enrouleur. Sur un mouillage agité, il se peut que la voile se balance dans le mât. C'est bruyant et difficile à arrêter.
Ces inconvénients sont contrebalancés par toute une série d'avantages. Une fois enroulée, la voile est déjà entièrement prise en charge. Pas de drisse à ligaturer, pas de fermetures éclair qui accrochent, pas de voile encombrante. Bien utilisée, la toile s'adapte parfaitement à toutes les conditions de vent, car elle n'a pas besoin d'être prise par paliers. En cas de besoin, la voile peut aussi être enroulée sur des parcours plus bas. C'est plutôt difficile, car il y a un fort feutrage au niveau du bord d'attaque du mât et la toile en souffre. Mais si les alternatives manquent, c'est au moins possible. En combinaison avec un entraînement électrique ou hydraulique, il faut faire preuve d'un peu de doigté. Souvent, un moteur fait tourner le profil dans le mât et l'autre actionne l'outhaul. Si celui-ci tourne plus lentement que l'enroulement dans le mât, une trop grande tension s'accumule, ce qui peut bloquer le système. Il est donc indispensable d'avoir une vue dégagée sur la voile lors de la manipulation. Cela vaut également pour la commande manuelle.
Si deux personnes effectuent la manœuvre, une bonne coordination est également importante. La vitesse d'enroulement et la tension de la drosse doivent être compatibles. Avec un peu d'entraînement, il est alors possible de hisser ou d'affaler la voile lorsque le bateau n'est pas au vent.
Il est très difficile, voire impossible, de mouiller, de prendre des ris ou de récupérer au vent avec des voiles à lattes horizontales. Le frottement sur le gréement est trop important et la toile s'accroche alors volontiers aux lazy-jacks. Ce n'est qu'au prix de beaucoup de tâtonnements et d'acrobaties que l'on peut y remédier.
Pour récupérer le tissu et le gonfler correctement, il faut réduire l'angle par rapport au vent ; avec l'écoute de grand-voile relâchée, la pression sur la voile disparaît. Avec une drisse bien préparée - elle doit pouvoir s'échapper librement - le tissu tombe tout seul dans le lazy-bag ou les lazy-jacks.
Une corde de récupération déviée dans le cockpit sur le guindant peut être une aide supplémentaire et éviter de monter sur le pont pour sécuriser la voile une fois qu'elle est hissée, afin qu'elle ne remonte pas immédiatement dans chaque vague. La prise de ris se fait idéalement avec un seul cordage. Défaire la drisse, passer le cordage de ris, passer la drisse. C'est tout. Un équipage entraîné y parvient en un rien de temps. Ce qui est moins confortable, c'est de devoir monter au mât pour accrocher l'œillet de ris. Sinon, tout le système est très simple : une drisse et quelques coulisseaux de mât, il n'y a pas d'autres pièces mobiles. En veillant à ce que le mât soit propre et en lubrifiant les coulisseaux ou les chariots avec un spray au téflon, on se simplifie encore la tâche. Un winch électrique sur le toit de la cabine ou sur le pavillon et une poulie avec une démultiplication de 1:2 sur la drisse rendent le travail encore plus facile.
La grand-voile elle-même peut être coupée par le voilier presque sans restriction : Un profil particulièrement important ? Un haut très évasé ? Une toile très lourde ? Un bas de voile lâche ou fixé à la bôme ? Beaucoup de choses sont possibles. Le propriétaire paie ces avantages par un peu plus de travail avec la toile : dans le port, elle doit être bien emballée et ensuite protégée des rayons UV. Pour cela, il faut fermer une fermeture éclair généralement longue et difficile d'accès. Sur les grands yachts et surtout sur les catamarans, le lazy-bag se trouve si haut qu'il faut grimper sur le pont pour y accéder. C'est particulièrement problématique au niveau du sprayhood et du cockpit. Ce n'est certainement pas du goût de tout le monde. Résultat : la fermeture éclair reste trop souvent ouverte et la grand-voile vieillit rapidement au soleil.
Un système d'enroulement dans la bôme semble combiner le meilleur des deux mondes. Comme son nom l'indique, il s'agit d'enrouler la voile non pas dans le mât, mais dans la bôme. Une voile presque normale avec des lattes horizontales ne pose pas de problème. Mais les lattes doivent être enroulées exactement parallèlement à la bôme. Il est donc très important que le mât et la bôme forment un angle droit lors de l'enroulement. En raison de la courbure souvent nécessaire du mât, une pièce de compensation doit être fixée au mât pour niveler la courbure.
De plus, sur certains systèmes, le guindant est sorti de la gorge du mât lorsque la voile est hissée afin de la protéger totalement des UV. Il disparaît alors complètement dans la bôme. Inversement, lors de la mise en place, le guindant doit être enfilé dans la gorge. Certains propriétaires laissent la tête de la voile dans la gorge et acceptent les UV, mais il est indispensable de garder un œil sur le guindant pour s'assurer qu'il glisse sans problème dans la gorge lors de la mise en place. L'interaction entre la manœuvre de drisse et une personne au mât peut s'avérer nécessaire. Enfin, la bôme doit être recouverte pour éviter que la pluie et les rayons UV ne pénètrent dans la voile par l'ouverture. La solution apparemment parfaite des deux systèmes de bôme susmentionnés présente donc également quelques inconvénients. Mais de nombreux propriétaires ne jurent que par elle.
Une autre possibilité est ce que l'on appelle le Dutchman Reef. Selon la taille de la voile, deux à cinq cordes à pêche solides sont enfilées du dirk perpendiculairement à la bôme à travers de petites cosses dans la voile. Si l'on défait la drisse, la grand-voile se plie d'elle-même sur la bôme et y reste. Elle est en effet enfilée sur les cordes de pêche. Les navigateurs en solitaire ne jurent que par ce système. Lors de la mise à l'eau, le dirk doit être affirmé, ce qui est de toute façon nécessaire, du moins s'il n'y a pas de rodkicker à bord.
L'inconvénient de ce système est toutefois que la robe de voile est un peu compliquée à monter : chaque corde a besoin de sa propre fermeture éclair latérale. Le premier interlocuteur pour un tel système est donc le propre voilier. Dans l'idéal, il fournit également le dirk avec les lignes de pêche. Le Dutchman Reef peut être installé ultérieurement sans problème. Ce que de nombreux propriétaires apprécient dans ce système, c'est qu'il est invisible. Pas de lazy bag qui traîne, pas de lignes supplémentaires dans le mât, juste une simple grand-voile.
Quel que soit le système installé sur son propre yacht, il est important de s'y intéresser. Comment optimiser le maniement, comment éviter les erreurs et les problèmes qui en découlent ? Lors de l'achat d'un bateau neuf, le choix du système de grand-voile est en fin de compte une question de goût personnel. Mais peut-être que la question ne se pose même pas, parce que le yacht de ses rêves, d'occasion, est tout simplement équipé de l'un des systèmes. Si une bôme à enrouleur peut tout à fait être installée ultérieurement, ce n'est que partiellement le cas d'une grande voile à enrouleur dans le mât. Les kits de rééquipement, comme le système CF de Facnor, ne sont plus proposés. Il n'est pas non plus possible de passer d'un enrouleur à une toile entièrement lattée, car le profil du mât n'est tout simplement pas adapté. Il faut alors généralement changer tout le gréement, ce qui représente un travail immense.
Avant d'en arriver là, il est nettement plus judicieux de s'intéresser à son propre système de prise de ris, car il est possible de compenser de nombreux inconvénients par la pratique ou des investissements judicieux.
Certains ne jurent que par elle, d'autres ne veulent pas en entendre parler. Pourquoi ?
Le mât à enrouleur est plus complexe, mais offre un très grand confort d'utilisation.
En fait, le système est simple à utiliser, mais il a ses inconvénients. Lesquels ?
L'aspect technique est simple, mais la prise de ris et le pliage sont nettement plus compliqués.
Cela semble logique : enrouler la voile avec les lattes horizontales dans l'arbre. Mais est-ce vraiment le cas ?
Enrouler, mais horizontalement. Est-ce la solution idéale pour la prise de ris et la récupération ?