L'attaque a eu lieu la semaine dernière au bord du golfe de Cadix, au large de la côte sud-ouest de l'Espagne. Peter Fricke et sa femme étaient partis le matin d'un mouillage près de la ville portuaire portugaise de Faro à bord d'un catamaran de type Lagoon 42 "Marianne" et avaient mis le cap sur le détroit de Gibraltar ; le couple se trouve actuellement sur une croisière de convoyage de la France vers la Croatie.
Dès le début de la matinée, le skipper a remarqué un Rib hautement motorisé qui traversait le champ de mouillage. Apparemment, pour espionner une future victime, comme le suppose Fricke. Peu après, alors que lui et sa femme levaient l'ancre pour poursuivre leur croisière vers la Méditerranée, ils auraient remarqué deux ribs qui les suivaient.
Des hommes masqués par des cagoules dans des ribs ultra-motorisés
Lorsque les deux hommes ont quitté la zone côtière avec la "Marianne" vers midi pour naviguer à la place à travers le golfe de Cadix, l'un des deux ribs est arrivé rapidement par l'arrière, raconte Peter Fricke à la rédaction de YACHT. Et de poursuivre : "Après un certain temps, nous avons pu voir que les hommes du rib portaient des cagoules. Comme ils continuaient à se diriger vers nous à une vitesse inchangée, il était clair qu'ils voulaient nous attaquer".
Les plaisanciers allemands ont eu de la chance car, au moment de l'attaque, ils naviguaient au moteur contre le vent et une vague d'environ deux mètres de haut. "Cela s'accompagnait de mouvements du bateau, ce qui rendait difficile pour les pirates de se rapprocher de l'une de nos poupes pour pouvoir passer", explique Fricke. Il a tout de même dû pousser le rib à plusieurs reprises avec la gaffe.
Entre-temps, sa femme a lancé un appel de détresse par VHF, qui a été immédiatement transmis aux garde-côtes espagnols par un pétrolier se trouvant à proximité. Ceux-ci ont envoyé un hélicoptère des garde-côtes. "Celui-ci était sur place dix minutes plus tard et s'est immédiatement abattu sur les assaillants", rapporte Fricke. Ceux-ci auraient alors pris la fuite en direction des côtes africaines.
"Nous ne pouvons que nous réjouir que les pirates n'aient pas emporté d'armes, du moins nous n'en avons pas vu. Sinon, l'histoire aurait pu prendre une toute autre tournure", déclare Fricke, soulagé après coup. Il ne tarit pas d'éloges sur l'intervention des garde-côtes espagnols, qui ont réagi si rapidement. Tout comme pour les capitaines de deux pétroliers qui ont proposé leur aide. "Ils voulaient s'interposer entre nous et les assaillants si nécessaire", raconte Fricke. Mais cela n'a pas été nécessaire.
Les garde-côtes espagnols prennent l'incident très au sérieux
A Cadix, où les plaisanciers allemands ont fait leur déposition à la police espagnole, ils ont eu le sentiment que les autorités prenaient l'incident très au sérieux. Outre les bandes de passeurs qui tentent d'amener les migrants d'Afrique sur la côte sud de l'Espagne, la zone maritime est également un haut lieu du trafic international de drogue. Les fonctionnaires sont partis du principe que les hommes qui ont attaqué le "Marianne" appartenaient à ce milieu criminel.
Par ailleurs, Peter Fricke a appris plus tard par des amis navigateurs que ceux-ci avaient déjà remarqué l'année précédente les ribs "patrouillant" dans les zones de mouillage et équipés de puissants hors-bord au même endroit, entre les îles au large de Faro et Olhão. Fricke conseille donc aux autres navigateurs de ne pas trop s'éloigner des côtes portugaises et espagnoles dans cette zone maritime et surtout de ne pas couper la route en traversant le golfe de Cadix comme lui et son épouse.
Lioba et Peter Fricke ont entre-temps traversé le détroit de Gibraltar sans encombre et poursuivent actuellement leur route vers la Croatie.