Les choses ont changé pour la marque sympathique et pragmatique du nord abrupt de la Bretagne. Même si cela ne se voit pas au premier coup d'œil, Boreal emprunte résolument de nouvelles voies, dans les grandes comme dans les petites. Bien sûr, le 56, le dernier modèle de Tréguier, est encore un yacht d'exploration, adapté comme peu d'autres bateaux de série à une navigation vraiment mondiale, même dans les hautes latitudes. Sa coque en aluminium non peinte, ses taquets soudés, sa potence d'ancrage en forme de bélier et son porte-outils à l'arrière indiquent clairement, même de loin, que le chantier naval a conçu un outil pour les longs et durs voyages en mer - un bateau de croisière avec une classe de glace, en quelque sorte.
Jean-François Delvoye, concepteur et co-associé du chantier, a cependant résolument misé sur la modernité des lignes de ce croiseur de 17 mètres. La caractéristique la plus visible de cet effort est la bande de fenêtres de la superstructure qui fait désormais le tour du bateau et qui intègre joliment les vitres du salon qui étaient auparavant encadrées individuellement, conférant ainsi au Boreal 56 une certaine élégance.
De manière moins évidente, mais tout aussi conséquente, Delvoye a adapté la forme de la coque aux tendances actuelles. Ce Français maigre à la peau tannée par le soleil et aux yeux pétillants, qui passe lui-même des mois en mer chaque année, a donné à son bateau une sorte de design scow-bow modéré, tel qu'il est de plus en plus répandu depuis des années sur les raiders de haute mer.
Certes, il n'a pas complètement arrondi l'avant du bateau et a conservé un étambot - rien à voir donc avec les arches presque en sabot des Mini 6.50 et Class 40 actuels. Néanmoins, le bord de pont montre à quel point le 56 gagne rapidement en largeur et dispose d'un volume important dès le premier tiers du bateau. Son pied avant est même biseauté, comme sur certains Imoca 60, afin de créer une portance dynamique et de minimiser la plongée de l'étrave dans les vagues.
Or, un explorateur de 20 tonnes ne ressemble pas du tout à un coureur en carbone à foils. De plus, la partie avant volumineuse sert parfois à des fins très différentes. Sur un bateau de croisière, elle crée un espace de rangement et de vie supplémentaire sous le pont. Mais Jean-François Delvoye a aussi opté pour ce principe de construction parce qu'il offre des avantages en termes de navigation : "Notre nouveau bateau a une plus grande symétrie dans la ligne de flottaison. Il ne se tord donc pas autant à l'assiette, devient plus stable dans le sens de la longueur et navigue en outre plus sec grâce à la portance supplémentaire".
Lors du convoyage de 400 miles nautiques entre Tréguier et IJmuiden en Hollande, il a pu tester sa dernière création à fond, avec 35 à 40, voire plus de 50 nœuds de vent dans les rafales, et une mer chaotique. Le bateau, raconte-t-il, "marchait comme sur des roulettes". L'équipage n'a eu besoin que de deux jours pour effectuer le parcours. "A part les empannages, nous avons navigué tout le temps en pilote automatique. Pas une seule fois le yacht n'a dérapé".
Il est donc logique que, pour le test en mer du Nord, un front secondaire balaye pendant trois jours la pluie à l'horizontale sur les pontons de la Seaport Marina et condense la mer en un tableau de Caspar David Friedrich : une force de la nature gris-vert-acier-bleu, si brute et indomptée qu'au début, il n'est pas question d'appareiller, car avec une force de 10, même la manœuvre du port deviendrait un jeu de Vabanque et les vagues de cinq mètres se briseraient à l'extérieur devant les longs môles.
Lorsque le troisième jour, le vent tombe à 5-6 Beaufort pendant quelques heures, le Boréal 56 doit prouver qu'il peut vraiment faire ce que son architecte promet. Avec la grand-voile et le génois, il se couche sur son bord de quille, ne gîte que modérément à environ 20 degrés d'assiette et, sans se laisser impressionner par la mer formée, marche imperturbablement au vent, comme s'il s'agissait d'un exercice d'échauffement. La roue n'a guère besoin d'être corrigée, ce qui est aussi le mérite du safran auxiliaire qui peut être abaissé sous le vent à l'arrière.
Les profilés font partie des nombreuses spécialités de chaque Boreal, ils sont en fibre de verre et sont placés dans des caissons en aluminium entièrement soudés de part et d'autre de la ligne médiane du bateau. Ils permettent au chantier naval de compenser l'efficacité limitée du safran principal central, qui est assez court pour permettre au yacht de tomber à sec sur sa propre quille. Ce système, qui peut être commandé depuis le cockpit, a fait ses preuves. D'une part, il assure la stabilité du cap et soulage le barreur ou le pilote automatique. D'autre part, les safrans auxiliaires peuvent être rattrapés en quelques secondes - par exemple à l'approche d'un plat ou en cas d'attaque d'orques.
Le safran central, quant à lui, est construit en aluminium. Son bord d'attaque est constitué d'un tube en aluminium épais et pratiquement indestructible, sur lequel sont soudées des tôles pliées sur les côtés, qui sont également solidement fixées à l'arbre du gouvernail. La construction de la dérive de ballast est similaire, sauf qu'au lieu d'un tube à l'extrémité avant, on utilise ici une barre ronde en matériau plein.
Le faible espacement entre les membrures (70 centimètres) et les larges profilés en T qui renforcent la coque dans le sens longitudinal et transversal ne sont pas les seuls éléments qui montrent à quel point le chantier naval mise sur la sécurité. L'étayage en étoile du quadrant, d'un bon demi-mètre de haut, qui répartit les charges sur la structure environnante en cas de collision, dépasse également de loin toutes les prescriptions de construction. En outre, tant les
Le coqueron arrière et le coqueron avant sont équipés de cloisons étanches soudées en tôle d'aluminium de quatre millimètres d'épaisseur. Le fond de quille mesure dix millimètres d'épaisseur, la bride de quille dix millimètres, les côtés de la coque entre huit et cinq. Il s'agit d'une conception conforme au slogan de Pantaenius "Ce qui peut venir peut venir".
Si l'on dirige le Boreal 56 plus ou moins à l'équerre dans un homme de trois mètres de haut, on peut constater de manière impressionnante l'effet de cette construction. Car à part une légère secousse qui traverse le bateau, il ne se passe rien ! Pas de torsion, pas de secousses, pas de claquement dans le creux de la vague, ce qui facilite l'utilisation à une seule main. Seule la hauteur de travail des treuils arrière semble un peu trop basse, raison pour laquelle il est recommandé de les électrifier.
Pour le reste, l'ergonomie est un modèle pour les yachts de croisière : On trouve des poignées partout, que ce soit dans le cockpit, sur la structure de la cabine ou sur le mât, où même les "Granny Bars" facilitent le travail sur les drisses de voile d'avant et les lignes de ris. Le gonflage de la grand-voile ou le dégagement de l'excédent de toile ne sont pas nécessaires. Même le gréement Seldén, bien soutenu par deux paires de barres de flèche vers l'arrière et un pataras en deux parties, ne se met pas à pomper.
La vitesse dans l'eau et la hauteur au vent sont très correctes pour les conditions. Mais c'est surtout la décontraction avec laquelle le bateau défie les éléments qui impressionne. On pourrait suivre le spectacle depuis le Doghouse, qui offre une vue panoramique presque sans entrave et même une vue sur la grand-voile via deux écoutilles. On pourrait être dans le cockpit sous le large après la prise de ris est massivement facilitée, car le toit du salon de pont garantit une hauteur de travail sûre. Autant de caractéristiques qui montrent que le chantier naval considère en quelque sorte le fonctionnement par gros temps comme un cas normal.
Seuls quelques points ont déplu sur le bateau d'essai. Ainsi, la peinture antidérapante sur les cordages du cockpit et sur le toit de la cabine s'est avérée trop peu adhérente en cas d'humidité. Les amortisseurs à gaz des trappes d'accès au coffre arrière, qui sont heureusement grandes mais lourdes, étaient situés au-dessus du toit du cockpit, protégés de la pluie ou des sprays. Mais l'un ou l'autre de ces deux éléments ne permettrait pas de profiter pleinement des joies de la navigation active.
En effet, l'agencement des postes de pilotage et de travail est tout simplement exceptionnel, à une restriction près. Les rameurs trouvent d'excellentes conditions de travail, qu'ils soient debout ou assis sur le côté. La vue sur le pont et dans les voiles n'est pas limitée par le Doghouse, ce qui est utile pour aborder les atolls ou les champs de glace, mais aussi pour d'autres raisons. La disposition des winchs est telle que les écoutes de génois et de grand-voile sont déviées vers le vent, ce qui est trop faible pour tenir en toute sécurité par vent de travers. Et les immenses espaces de rangement accessibles depuis le pont demandent à être subdivisés pour être utilisés de manière judicieuse.
Avec un volume de trois mètres cubes, le coqueron avant est si grand qu'une cloison d'abordage supplémentaire semble judicieuse ; en cas d'entrée d'eau massive, le yacht ne coulera pas, mais il s'inclinera fortement vers l'avant. La seule façon d'y remédier est de mettre tous les pare-battages à l'avant et les voiles d'ombrage à l'arrière, ce qui implique toutefois un travail de remorquage inutile.
Ah, quel silence, quel isolement surréaliste de tous les éléments ! Rien ne crépite ni ne grince, quel que soit le temps qu'il fait dehors. Les armoires et les tiroirs restent fermés. Les bruits s'estompent. Lorsque la porte de la Doghouse, semblable à une armoire blindée, tombe dans sa serrure, on a l'impression qu'il n'y a pas 6, mais tout au plus 3 ou 4 Beaufort dehors.
Ici aussi, il y a des mains courantes partout, là où on les cherche intuitivement. Les tables, les étagères et les plans de travail ont encore de vraies bordures, les douches des marécages profonds, de sorte qu'elles restent utilisables même en mer. Et puis le poêle Refleks, qui crée du confort dans le port ou au mouillage, sans consommer d'électricité. Grâce à un échangeur de chaleur, il peut également être intégré au chauffage central à glycol que Boreal installe sur demande et qui peut être utilisé en navigation. La classe de glace, nous en avons déjà parlé.
La salle des machines bien isolée offre encore suffisamment de place pour visser, même lors de l'installation d'un générateur et d'un réservoir d'eau. La cabine centrale offre des axes de vision parfaitement choisis, que ce soit en position assise dans la dînette surélevée ou debout dans la cuisine.
Tous ces aspects pratiques existaient également dans les modèles précédents de la marque. Mais le Boreal 56 offre partout le petit plus qui fait la différence : des volumes de réservoir deux fois plus importants que ceux du 47.2, des dimensions de couchette toujours confortables, une bonne hauteur debout dans presque tout le bateau. Et l'aménagement a sans aucun doute gagné en finesse. Ainsi, le nouveau bateau a presque l'élégance et la distinction de la classe de luxe, mais il la surpasse de loin en termes de navigabilité et de sécurité. Une synthèse prometteuse !
Explorateur clé de longue durée
sécurité et navigabilité
protection optimale contre les intempéries grâce à la Doghouse verrouillable et étanche
Un potentiel honorable pour les touristes
Disposition variable du cockpit
Grand arbre bien accessible
/(-) Grande stabilité de cap, un peu trop de pression sur la barre
Boiseries solides et bien ajustées
Vue panoramique fantastique
Partout des poignées et des barres antiroulis
Des dimensions de confort toujours bonnes
Composants de haute qualité
Des espaces de rangement exceptionnels
Absence de ventilation forcée à l'avant/salon
Pour connaître l'état en 2025 de la définition des prix affichés, voir ici!
Construction en aluminium entièrement soudée, quille en 12, fond de coque en 10 mm de matériau plein.
Sur le pont comme sous le pont, le Boreal offre un espace inégalé dans sa catégorie. Les coquerons avant et arrière à eux seuls absorbent plus de douze ( !) mètres cubes d'arrimage.
Des cloisons soudées étanches à l'avant et devant le quadrant rendent le bateau pratiquement insubmersible. Deux chauffages sont disponibles en option : un chauffage à air chaud et un poêle Refleks, dont les performances peuvent être combinées et qui rendent le Boreal adapté à l'Arctique. Deux pilotes automatiques complets et séparés sont également disponibles en option.
Boreal SARL, ZA Convenant Vraz, F-22220 Minihy-Tréguier, T. +33 296 92 44 37, voiliers-boreal.com