Jochen Rieker
· 19.04.2024
Cette liste, qui n'existe sous cette forme et de manière aussi complète chez aucun autre chantier naval de série, est un document interne. Aucun propriétaire ne la verra jamais. En effet, ce qu'elle contient sera à bord lorsque Amel remettra le nouveau yacht. Près d'une centaine de postes y sont mentionnés : Des filtres à huile et à carburant, un jeu d'anodes en zinc, un impulseur, une courroie, des manilles, des câbles de pontage pour les batteries, une boîte de WD-40, de la graisse pour les treuils et les hélices - tout ce dont on a besoin quand on veut rester autonome en mer plus longtemps.
Mais il n'y a pas que des pièces de rechange et d'usure qui font partie de l'équipement inhabituellement complet. Il y a aussi des lave-ponts et des gaffes, une pompe pour l'annexe, une hampe de pavillon avec son drapeau national, les pavillons de salutation Charlie et Novembre. Sous le pont, les soins du chantier naval vont encore plus loin : douze coussins figurent sur la liste, deux peignoirs, deux jeux de serviettes et de draps de plage, deux sèche-cheveux à air chaud, 30 sacs poubelles et 40 cintres, pour n'en citer que quelques-uns. Outre, cela va de soi en France, deux bouteilles de champagne, une bouteille de pineau, une bouteille de cognac et une bouteille de vin, 16 bouteilles d'Evian ou de Vittel, un ouvre-boîte et un ouvre-bouteille.
Le package "tout compris" pourrait être considéré comme un simple détail, voire comme une évidence au vu du prix d'achat tout à fait respectable de 1.249.500 euros. Mais c'est bien plus que cela. La liste interne des qualités est une partie et une expression du concept qui caractérise depuis toujours les yachts d'Amel. Conçus et construits pour vivre sur l'eau, ils doivent emmener leur équipage partout en toute sécurité et confort. Ce n'est pas une mince affaire. Le chantier naval s'efforce d'autant plus systématiquement de la mettre en œuvre, ce qui ne se limite pas à l'équipement en vin mousseux ou en éponges de nettoyage.
En effet, les Français poursuivent leur mission avec un sérieux presque prussien et une minutie souabe. Dans le passé, cela leur donnait parfois un air farfelu, car le fondateur de l'entreprise, Henri Amel, bien qu'innovateur et suivant son propre agenda, se fermait à certaines innovations techniques. Mais entre-temps, les collaborateurs ont repris le chantier naval et ont lancé une vague de modernisation sans précédent. Ils ont conservé de nombreuses caractéristiques typiques, tout en mettant l'accent sur de nouveaux aspects.
Les lignes de l'Amel 50 indiquent déjà qu'il cherche à s'inscrire dans l'air du temps. Son étrave verticale, son franc-bord élevé, sa grande largeur qui ne se rétrécit guère vers l'arrière et son langage des formes plutôt anguleux le distinguent nettement de ses prédécesseurs. Un beaupré fixe en acier inoxydable prolonge la coque, sert de support à l'ancre et de point d'ancrage pour le code zéro ou le gennaker. De plus, c'est la première fois qu'un Amel est équipé d'un double safran, ce qui devrait permettre de mieux contrôler le bateau en situation.
Le changement le plus visible par rapport à ses modèles frères de 55 et 64 pieds se trouve toutefois au-dessus de l'eau. Pour la première fois depuis près d'un demi-siècle, Amel construit à nouveau un slup avec le 50. Avant cela, tous les bateaux étaient gréés en ketch, ce qui permettait une meilleure adaptation aux conditions en mer et une plus grande stabilité de cap, mais nécessitait aussi plus de construction et d'utilisation. Fini !
Mais l'Amel 50 n'est pas un bateau de croisière ordinaire. Même dans la classe de luxe, à laquelle il appartient clairement, il se distingue toujours nettement de la concurrence. D'une part, il y a les particularités de construction. La cale profonde sert ici de collecteur pour les eaux grises et est spécialement étanche vers le salon. Il y a donc beaucoup moins d'ouvertures dans la coque et de vannes marines que sur les autres yachts de ce segment - un plus en matière de sécurité et de facilité d'entretien.
Le moteur, le générateur et les autres installations sont également centralisés dans une salle des machines facilement accessible depuis le cockpit. Elle est si vaste que les travaux d'entretien sont un vrai plaisir. Si nécessaire, tous les groupes électrogènes peuvent être démontés et évacués sur le pont par la grande trappe. L'équipage n'est pas du tout gêné par ce genre de travail sous le pont - une caractéristique de confort qu'il faut chercher ailleurs.
Le cockpit lui-même est inégalé dans sa forme. Couvert d'une vitre fixe et d'un toit rigide, il offre une protection contre presque toutes les intempéries. En été, il peut être agréablement aéré par une fenêtre centrale et deux lucarnes dans le toit. En cas de pluie ou de froid, il est également possible d'isoler complètement les côtés à l'aide de panneaux de tissu.
De hauts hiloires entourent le grand cockpit, qui semble aussi sûr qu'une forteresse. L'équipage n'a jamais besoin de quitter sa retraite pour manœuvrer les voiles - toutes les écoutes peuvent être manœuvrées d'ici, et les enrouleurs de grand-voile, de génois et de trinquette peuvent même être actionnés par simple pression sur un bouton depuis le poste de pilotage.
Situé à bâbord, il est si richement orchestré que le veilleur se croirait presque sur un cargo moderne. Depuis le fauteuil pivotant, on a effectivement tout sous la main et, surtout, sous les yeux. On éprouve ici un sentiment d'élévation. Amel a fait couper le génois, la trinquette et le Code Zero par Incidences, l'une des voileries françaises les plus réputées, plus haut dans la ralingue inférieure afin de ne pas limiter la visibilité. Cela entraîne une perte de pression aérodynamique, mais offre un avantage décisif en termes de sécurité dans les régions côtières très fréquentées, où il est indispensable de faire le guet.
C'est là que l'on voit avec quelle détermination le chantier poursuit sa philosophie. Alors que d'autres constructeurs de bateaux font des compromis en faveur de l'esthétique et du dynamisme, Amel reste obstinément fidèle aux vertus typiques de la marque, comme le confort et la facilité d'utilisation.
Lors du test au large de La Rochelle, cela se ressent. Dans une brise légère, inhabituelle en automne, le 19 tonnes a, comme on pouvait s'y attendre, un peu de mal à briller en termes de navigation. Pour cela, le bateau aurait besoin de 4 Beaufort ou plus, ce qui ne sera pas le cas deux jours de suite. Mais l'Amel a indéniablement gagné en tempérament par rapport à ses sœurs.
Grâce à sa longue ligne de flottaison et à l'aide d'un gennaker et d'un code zéro, il affiche des performances honorables. Sa vitesse de croisière, appelée "Straight line speed", ne se distingue guère de celle de la plupart de ses concurrents. Certes, l'Amel 50 ne va pas aussi haut que d'autres et le safran à démultiplication indirecte ne donne pas une sensation exploitable des conditions d'écoulement au niveau des deux pales. En revanche, il se déplace proprement en ligne droite et ne nécessite pratiquement pas de corrections au niveau de la roue.
Olivier Racoupeau, le concepteur, a réussi à créer une fissure efficace pour les longs voyages en mer. "Bien sûr, c'est une Amel", dit-il. "Mais nous avons essayé de lui donner, en plus de la navigabilité et de la souveraineté, de meilleures caractéristiques de navigation".
Il est particulièrement facile de l'adapter aux changements de conditions. Le code zéro et le gennaker sont rangés dans la charge de voile à l'avant ; pour les mettre en place ou les récupérer, il suffit de quelques manipulations. Par vent fort, le passage à une toile plus petite se fait encore plus facilement - il ne faut pas plus d'une minute pour passer du génois à la trinquette optionnelle, car les deux sont attachés en permanence et s'enroulent et se déroulent électriquement. L'Amel 50 est ainsi équipé, dès le départ du chantier naval, d'une fenêtre de vent de 5 à 45 nœuds, même sans mât de beaupré, une plage rarement étendue sur les bateaux de série.
Le bruit de la navigation sous la machine s'est avéré étonnamment fort sur le numéro 1, alors qu'il s'agit normalement de la discipline de prédilection de tous les Amel. C'est surtout dans la chambre du propriétaire à l'arrière que le bruit était insupportable. Un phénomène nouveau pour le chantier naval qui, jusqu'à présent, misait sur un aquadrive de sa propre conception, avec lequel l'hélice sortait au niveau du bord arrière de la quille. L'Amel 50, en revanche, dispose pour la première fois d'un système d'arbre traditionnel. Le battement de l'hélice rencontre la coque à la hauteur de la double couchette, où les aménagements agissent comme une caisse de résonance.
Le chantier naval a immédiatement réagi. Des mesures d'isolation supplémentaires sur le groupe de plancher ainsi qu'une hélice modifiée ont permis de réduire la valeur sonore de 83 à 70 décibels lors du test YACHT. Ainsi, l'Amel 50 se situe partout dans la zone normale ou silencieuse lors d'une vitesse de croisière de 8,1 nœuds. Toute autre solution serait inadéquate, car le propriétaire et ses invités doivent se sentir à l'aise en toutes circonstances, y compris lorsqu'il s'agit de passer une zone de calme à la machine.
Le chantier naval a fait des efforts pour que le séjour à bord soit agréable. Sous le pont, l'équipage est entouré d'une ambiance d'une élégance raffinée. Oui, on peut même parler d'un effet "waouh". Grâce à un maximum de lumière naturelle et à des couleurs et des surfaces harmonieuses, le yacht est clair mais pas froid, moderne mais pas inhabité - mais tout simplement harmonieux et beau.
L'intérieur a été conçu par Isabelle Racoupeau, l'épouse du constructeur, qui a fait preuve d'un grand sens du style. La réalisation par les constructeurs de bateaux d'Amel a été tout aussi magistrale. Des ajustements parfaits et des fentes minimales témoignent d'un grand savoir-faire artisanal et d'un travail minutieux sur les détails.
Des ferrures de haute qualité, des solutions élaborées se trouvent partout dans le bateau. Ainsi, les tiroirs du module de rangement qui relie la cuisine et le salon peuvent être verrouillés en toute sécurité par une barre en inox, même par gros temps. Là où des espaces de rangement se cachent sous les planches de plancher, celles-ci sont fixées à des charnières qui en facilitent l'accès. Les portes des douches sont si bien verrouillées qu'elles ne bougeront jamais, même par mer agitée. L'avant et l'arrière du bateau sont si bien isolés acoustiquement du salon qu'aucun bavardage sur le canapé ne vient troubler le sommeil des autres navigateurs.
Prendre la mer ou jeter l'ancre dans ce bateau ressemble presque à un coffre-fort, tant tout semble solide et (sur)dimensionné pour rassurer. L'avant et l'arrière du bateau peuvent même être fermés de manière étanche en cas d'avarie, ce qui témoigne de la volonté de sécurité d'Amel.
Tout cela n'est pas nouveau. Mais la compétence technique n'a jamais été aussi discrète, aussi décontractée que sur l'Amel 50. Alors que l'utilitarisme des modèles précédents était encore plus prégnant, que la forme suivait plus souvent la fonction, la nouvelle venue de La Rochelle se présente de manière étonnamment décontractée. Elle offre tout ce qui fait l'identité de la marque, dans un emballage très esthétique et contemporain. Après que le chantier naval soit reparti bredouille deux fois de suite, l'Amel 50 a été élu yacht européen de l'année 2018. La synthèse réussie de la substance et du design, de la solidité et du raffinement lui a permis de remporter à juste titre la victoire.
Sandwich en mousse de PRV, laminé par infusion sous vide. Pont et cloisons collés et surlaminés. Quatre compartiments à fermeture étanche. Quille en fonte. Arbres de gouvernail en acier inoxydable
04/2024, comment les prix affichés sont définis, vous trouverez ici!
Chantiers Amel S. A., 17183 Périgny Cedex, France, e-mail : amel@amel.fr, Web : www.amel.fr
Kronenberg Yachting, Munich, info@kronenberg-yachting.com
L'Amel est actuellement le bateau de croisière le plus moderne de la classe de luxe des 50 pieds. Aucun concurrent n'offre à l'équipage plus de protection et de confort dans le cockpit, ni une ambiance aussi particulière sous le pont. Une recommandation absolue pour de longues croisières en eau bleue bien encadrées.
L'article est paru pour la première fois dans YACHT 25/2017 et a été mis à jour pour la version en ligne.