Sweden Yachts GroupPeine de prison et interdiction d'exercer pour le directeur du chantier naval

Jochen Rieker

 · 17.06.2025

Sweden Yachts Group : peine de prison et interdiction d'exercer pour le directeur du chantier navalPhoto : YACHT/G. Wrobel
Ancienne production du Sweden Yachts Group. Lorsque Mattias Rutgersson a déposé le bilan fin 2023, de nombreux bateaux presque entièrement payés se sont révélés n'être que des cascades ; dans un cas, il n'existait même que les moules de la coque et du pont.
Pendant des années, Mattias Rutgersson s'est débrouillé avec des méthodes commerciales douteuses. Aujourd'hui, l'ancien patron du groupe Sweden Yachts, qui a fait faillite fin 2023, paie le prix fort.

Le verdict rendu le 11 juin par la chambre pénale du tribunal de district d'Uddevalla, dans l'ouest de la Suède, met fin à l'un des cas les plus audacieux d'escroquerie à l'insolvabilité que le secteur international de la construction navale ait connu ces dernières années. Comme YACHT l'a largement documenté depuis le début de l'année 2024, Mattias Rutgersson, ancien patron du Sweden Yachts Group, a escroqué pendant des années des acheteurs de yachts en leur faisant miroiter des paiements anticipés d'un montant de plus de quatre millions d'euros.

En savoir plus sur l'affaire :

Les clients, dont un médecin de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, n'avaient cessé d'injecter des centaines de milliers d'euros pendant la pandémie de Corona afin de permettre la poursuite de la construction de leurs bateaux. En réalité, le patron du Sweden Yachts Group de l'époque a utilisé ces fonds pour surmonter d'autres difficultés de financement.

Il s'avère aujourd'hui qu'il s'en servait même pour payer ses propres dettes fiscales. Une sorte de vente pyramidale qu'il a pu maintenir jusqu'à l'automne 2023 grâce à la bonne réputation des constructeurs de bateaux d'Orust, à son attitude digne de confiance et à la bonne foi des propriétaires. Mais à ce moment-là, la supercherie a été découverte.

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Un an de prison pour Rutgersson

Suite au jugement rendu le 11 juin par le tribunal de district d'Uddevalla, dans l'ouest de la Suède, Rutgersson devra passer un an en prison. Il s'est également vu infliger une interdiction d'exercer de trois ans ainsi que de lourdes amendes pour "fraude fiscale grave".

Il peut faire appel jusqu'au 2 juillet. Toutefois, le tribunal est resté en deçà des réquisitions du parquet en fixant la peine d'emprisonnement et a clairement indiqué que la peine désormais trouvée n'avait pas d'alternative.

Au cours du procès, Rutgersson a même fait preuve d'une certaine compréhension. Il a certes nié être responsable des retards répétés dans les déclarations d'impôts, qui lui ont permis de dissimuler les difficultés financières de son chantier naval. Il n'a toutefois pas contesté la qualification de la gravité de ses infractions. Comme l'indique le prononcé du jugement, il a "reconnu l'infraction fiscale" lors de l'audience. De même, "il ne s'est pas opposé aux demandes d'interdiction d'exercer une activité commerciale".

Plus de 4 millions d'euros disparus

Lorsque la procédure de faillite a été ouverte au printemps de l'année dernière, l'ensemble du fiasco provoqué par Rutgersson s'est peu à peu révélé : une comptabilité plus que lacunaire, des dettes élevées, de nombreux yachts partiellement achevés et pratiquement aucun bien d'équipement pouvant être utilisé comme masse de la faillite.

Dans son rapport, l'administratrice judiciaire Paula Save a constaté que seuls 11.860 euros d'actifs avaient été retrouvés - mais que les créances impayées s'élevaient à 4,17 millions d'euros. En raison des lacunes flagrantes dans la comptabilité, elle s'est vue dans l'impossibilité de déterminer la date exacte de l'insolvabilité. Celle-ci pourrait avoir eu lieu "dès le premier trimestre 2020", soit trois ans avant que Rutgersson ne dépose son bilan.

Jugement de la Chambre de district d'Uddevalla dans le procès pour fraude contre Mattias Rutgersson. Il ne laisse aucun doute sur la gravité de la culpabilité de l'accusé, qui avait déjà fait l'objet d'un dossier.Photo : YACHT/J. RiekerJugement de la Chambre de district d'Uddevalla dans le procès pour fraude contre Mattias Rutgersson. Il ne laisse aucun doute sur la gravité de la culpabilité de l'accusé, qui avait déjà fait l'objet d'un dossier.

Au cours de la procédure qui vient de s'achever, la chambre de district du tribunal de grande instance a constaté au total "sept violations de l'obligation de tenir une comptabilité", qui doivent être considérées comme "non mineures"". L'accusé "n'a pas été en mesure de fournir une explication raisonnable sur la raison pour laquelle tous les comptes annuels n'ont pas été présentés à temps, malgré les rappels et les pénalités de retard".

Détournement de fonds de l'entreprise

Mais ce qui a pesé le plus lourd dans la balance, c'est le détournement des fonds de l'entreprise pour payer les dettes fiscales. Le tribunal a estimé qu'il était prouvé que Rutgersson avait détourné un total de 4 090 000 couronnes suédoises (soit environ 373 000 euros) de deux de ses sociétés, Sweden Yachts Group AB et Sweden Yachts Group Marin AB, pour payer ses dettes privées.

"Il a expliqué qu'il avait emprunté l'argent ailleurs et qu'il voulait ensuite le rembourser", ont constaté les juges. "Mais Rutgersson n'a pas donné la moindre indication sur la provenance de l'argent. (...) Il devait savoir qu'il ne serait peut-être pas en mesure d'emprunter plus de 4.000.000 de couronnes à titre privé. (...) Dans ce contexte, le tribunal de district partage l'avis de l'administration fiscale suédoise selon lequel les paiements doivent être considérés comme des salaires".

L'ancien patron du chantier naval doit maintenant non seulement s'acquitter de l'impôt sur le revenu encore dû sur le capital de l'entreprise qui a été détourné, mais aussi d'une pénalité de 40 % sur la dette fiscale.

Le jugement se termine par une explication concernant la peine de prison : "Rutgersson a également été poursuivi auparavant pour des délits comptables" écrit le tribunal. "Une sanction autre qu'une peine d'emprisonnement n'entre donc pas en ligne de compte".


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