Près de dix mètres de long et jusqu'à trois mètres et demi de large : Ces dimensions sont celles de certains bateaux de croisière sur le marché, qui jouissent presque d'un statut particulier. Il s'agit de la classe dite d'entrée de gamme, même si l'on pourrait discuter à loisir de la question de savoir si des yachts dont les prix en tant que bateaux d'occasion ne démarrent qu'avec un peu de chance à 40 000 euros (chez Bavaria) ou même seulement à 130 000 euros (chez Hallberg-Rassy) peuvent porter un tel qualificatif. Parmi les bateaux testés, seul le Sun Odyssey 349 est encore disponible sur le marché en tant que bateau neuf, et un Sun Odyssey 350 est également en vue pour le remplacer. Mais la comparaison des bateaux présentés ici est une bonne orientation pour les personnes intéressées par les bateaux d'occasion.
C'est en tout cas à cette taille de bateau que les chantiers navals de grande série accordent la plus grande attention. Outre le nombre de pièces, il s'agit ici de fidéliser les nouveaux clients et les personnes qui changent de marque. Pour les constructeurs, cela signifie qu'il faut construire des bateaux qui répondent aux exigences d'une clientèle qui fait souvent des comparaisons précises, mais qui représentent aussi les valeurs typiques de la marque.
Les yachts de la grande classe des petits sont sur la liste de souhaits de nombreux clients potentiels. Les raisons en sont évidentes : d'une part, leur taille raisonnable permet aux débutants de s'en sortir et offre une grande sécurité en termes de maniement. D'autre part, les bateaux sont déjà assez grands pour la famille ou la croisière avec des amis, avec les niveaux d'aménagement désormais habituels jusqu'au tri-cabine. En outre, les yachts de cette classe couvrent un spectre extrêmement large. Ils conviennent aussi bien pour les vacances et les week-ends que comme voiliers de jour ou comme bateaux de régate pour les courses de club.
Il n'est donc pas étonnant que tous les principaux constructeurs s'occupent du segment des dix mètres et qu'ils procèdent en outre assidûment au renouvellement de leurs modèles de yachts familiaux.
Le lieu de départ du test comparatif est la marina Ancora à Neustadt, dans la baie de Lübeck. La construction navale allemande est représentée par le Cruiser 33 de Bavaria. Les Polonais de Delphia envoient leur 34 tout juste terminé dans la course. Deux yachts sont venus de France sur la Baltique, le Dufour 350 ainsi que le Sun Odyssey 349 de Jeanneau.
En outre, la société suédoise Hallberg-Rassy participe à la compétition et propose avec son HR 310 un complément très intéressant à la comparaison. La Suédoise est certes un peu plus petite que ses concurrentes, mais elle s'intègre mieux dans le groupe des yachts d'entrée de gamme que sa sœur HR 342, qui est plus grande que la concurrence. Il est clair qu'en termes d'espace et surtout de prix, le plus petit des HR fait figure d'outsider parmi les yachts familiaux de ce comparatif.
Comme une tempête est annoncée pour les jours suivants sur la mer Baltique, les cinq participantes sont immédiatement envoyées sur l'eau pour une première évaluation. Les conditions sont d'abord modérées avec un vent de 15 nœuds maximum. Plus tard, le vent faiblit même.
Avec plus de pression au départ, les deux françaises de Dufour et Jeanneau réalisent des performances de navigation remarquables. Elles montent visiblement plus vite et plus fort que les autres bateaux et se placent immédiatement en tête du peloton sur le parcours croisé. Les deux yachts familiaux, avec leurs bouchains (chinois), représentent un nouveau type de construction moderne avec plus de volume à l'avant et surtout à l'arrière.
De plus, le Dufour et le Jeanneau sont tous deux équipés d'un pack performance. Les bonnes performances des Françaises dans la comparaison sont certainement dues en grande partie à cela. Sur le Jeanneau, la grand-voile est également très exposée dans le top.
Le Hallberg-Rassy 310 bénéficie également d'un meilleur jeu de voiles en tant que mise à niveau de la circonférence standard. S'il n'arrive pas tout à fait à la cheville du Dufour et du Jeanneau, il se révèle être leur plus sérieux poursuivant.
Le Cruiser 33 de Bavaria, qui est le seul bateau à être équipé d'un mât à enrouleur, réalise une performance étonnamment bonne. L'inconvénient supposé d'un gréement lourd avec moins de surface de voile ne semble pas avoir d'importance ; le Bavaria peut bien tenir tête au vent dans le champ. Il est même équipé d'une hélice fixe - sur tous les autres bateaux, on trouve en revanche des hélices repliables. Il faut dire que ce n'est le standard que sur le Hallberg-Rassy.
La Delphia 34 a un peu de mal au début, mais elle montre de meilleures performances lorsque le vent tombe. Sur le parcours de vent d'espace, il parvient à regagner rapidement le terrain perdu sur la croix et prend même temporairement la tête sur le parcours de vent d'avant lorsque le vent est plus faible. Le bateau d'essai de Delphia est équipé de voiles standard simples (Dacron) de fabrication polonaise.
Avec une forte pression et des rafales de plus de 30 nœuds les jours suivants, il n'est plus possible de comparer les voiles au sein du groupe des yachts familiaux. Tous les bateaux sont néanmoins sortis du port une nouvelle fois. En ce qui concerne la rigidité, des différences considérables se font sentir dans des conditions limites entre les bateaux français particulièrement larges à l'arrière et dotés d'une grande stabilité de forme et les lignes de coque plutôt conservatrices de Bavaria, Delphia et Hallberg-Rassy.
Les modèles de Dufour et Jeanneau naviguent plus droit et gèrent mieux les rafales ; le risque de coup de soleil est moins fréquent chez eux. Le bateau de Jeanneau est le seul en compétition à être équipé de doubles safrans. La perte de contrôle n'est pas un problème, même avec un peu plus de gîte.
Comme on pouvait s'y attendre, le Hallberg-Rassy 310 s'en sort bien dans le vent fort. C'est le bateau le plus lesté des cinq, mais aussi celui qui présente l'allongement le plus prononcé. La jolie Suédoise n'est pas impressionnée par les conditions et accomplit sans problème le parcours exigeant. Ce n'est que sur le parcours au portant profond que la Suédoise se met parfois à rouler. Mais elle se laisse rattraper par un pilotage délicat, comme le permet la barre franche.
Le Hallberg-Rassy 310 est le seul bateau à barre franche du groupe de test des yachts familiaux, ce qui le distingue de ses concurrents, tous sans exception à barre à roue, et le rend difficilement comparable en termes de caractéristiques de pilotage. Il est important de savoir : Aucun des cinq bateaux n'offre la possibilité de choisir entre la barre à roue et la barre franche.
Le Cruiser 33 de Bavaria et le Delphia 34 présentent un agencement de cockpit avec une seule roue. Sur le bateau allemand, le taud est coupé dans la zone de travail du barreur. Ainsi, le barreur peut s'asseoir plus à l'extérieur avec une bonne vue sur la voile d'avant et prendre la roue entre ses jambes. L'entreprise de Giebelstadt travaille d'ailleurs aussi sur une version de son plus petit yacht avec deux roues de gouvernail. Sur le Delphia, la colonne de direction centrale est installée relativement loin vers l'avant. Les bords de la coque s'étendent ici jusqu'à l'arrière. Ainsi, le barreur est certes assis relativement bas, mais aussi très bien protégé et en sécurité.
Les yachts familiaux de Dufour et Jeanneau sont tous deux équipés de cockpits comparables et de deux gouvernails. Le grand avantage de cette disposition, outre la position assise, est le cockpit libre. Cette disposition présente des avantages considérables, notamment pour la navigation de croisière, où l'on entre et sort souvent par la poupe et la plateforme de bain ouverte. En navigation, le barreur est certes moins bien protégé sur les Dufour et les Jeanneau, mais il est assis tout à l'extérieur et nettement plus haut en cas de gîte, ce qui favorise la vue vers l'avant et dans les voiles.
Les deux bateaux français n'ont pas d'étai arrière. Cela donne au barreur une plus grande liberté de mouvement et permet de déployer davantage la grand-voile. Cet instrument de réglage important pour une plus grande tension de l'étai manque toutefois, surtout par vent fort. Les gréements de Dufour et de Jeanneau doivent compenser cet inconvénient avec des barres de flèche plus longues et plus prononcées.
Sur tous les bateaux comparés, le génois court avec un recouvrement de 105 à 110% est standard. Un foc auto-vireur est également proposé en option par tous les fabricants.
En ce qui concerne la mécanique de pilotage, le yacht de Delphia présente des avantages. L'installation fonctionne de bout en bout par le biais de bielles et de transmissions à cardan et n'est donc guère sujette aux pannes. L'installation est en outre parfaitement accessible grâce à une trappe située sous le plancher du cockpit, ce qui la rend extrêmement facile à entretenir.
L'inconvénient du mécanisme de la barre de poussée : Sur la Delphia, il donne moins de feedback sur la pression exercée sur le safran. Lors du test, il s'est donc avéré difficile de la diriger avec sensibilité dans le vent. Il manque un minimum de pression sur la barre.
Sur les yachts familiaux français, les deux roues de gouvernail ne sont reliées aux quadrants que par un câble continu. Cela permet certes un fonctionnement aisé, mais n'offre aucune redondance en cas de panne du mécanisme de l'une des deux colonnes de direction. Dans les deux cas, il serait préférable d'avoir deux câbles séparés. Sur le Jeanneau, les quadrants de commande sont en outre difficilement accessibles pour l'entretien et l'inspection. Sur le Dufour, on accède plus facilement à la mécanique par la cabine arrière. Il en va de même pour le Bavaria.
Sur les Delphia, Dufour et Jeanneau, l'espace de rangement dans le cockpit dépend principalement du fait que le bateau soit commandé avec deux ou trois cabines. En conséquence, il est possible ou non de disposer d'un grand coffre sous les bancs du cockpit. Comme les hausses du Delphia s'étendent jusqu'à l'arrière, le bateau polonais peut encore proposer deux grands coffres de rangement, même dans la version à trois cabines. Chez Dufour et Jeanneau, des espaces de rangement supplémentaires se trouvent tout à l'arrière, à la poupe. Dans les deux cas, il est même possible d'y entreposer un radeau de sauvetage.
Les Français accordent plus d'importance que leurs concurrents à la sécurité de la manipulation du radeau. Chez Bavaria, Delphia et Hallberg-Rassy, l'équipement de sauvetage doit être conduit dans le coffre arrière ou arrimé au panier arrière.
Tous les bateaux testés sont équipés en standard d'une quille en L et d'un tirant d'eau compris entre 1,80 (Hallberg-Rassy) et 1,98 mètre (Jeanneau). Il existe également des alternatives avec des quilles plates qui s'avancent dans l'eau de 1,40 à 1,55 mètre.
Seuls les bateaux de Delphia (version dérive de quille ou dérive intégrale avec lest intérieur) ainsi que celui de Jeanneau (qui peut également être commandé avec une quille pivotante et deux safrans) offrent actuellement des variantes de quille avec un tirant d'eau flexible. Le Sun Odyssey 349 est donc le seul bateau du comparatif qui se prête éventuellement à la mise à sec.
Au départ du chantier naval, tous les yachts familiaux de 10 mètres sont équipés d'un diesel d'une puissance de 19 CV. Chez Jeanneau, ce moteur est fourni par Yanmar, chez tous les autres par Volvo Penta. Pour la propulsion, le Bavaria, le Dufour et le Hallberg-Rassy sont équipés d'un saildrive, tandis que le Jeanneau et le Delphia prévoient un entraînement par arbre.
Le Dufour 350 sort vainqueur des tests de manœuvre dans le port. Comme le safran est monté plus en avant, le bateau tourne sur un rayon très étroit et réagit plus rapidement aux sollicitations du safran. L'accélération en avant et en arrière est linéaire et la réponse du gouvernail est immédiate.
Les bons résultats du Dufour dans les manœuvres portuaires sont également dus au fait que le bateau d'essai est équipé d'un moteur plus puissant de 30 CV. Bavaria et Delphia proposent également l'option d'une motorisation plus puissante. Cependant, sur le Hallberg-Rassy et le Sun Odyssey, seul le 19 chevaux est possible.
Le Jeanneau se comporte également bien sous la machine. Bien que les deux safrans ne soient pas directement alimentés par l'hélice, le bateau réagit déjà à la moindre vitesse. Le Delphia et le Bavaria se déplacent un peu plus lentement dans les manœuvres et répondent moins vite aux sollicitations du safran.
La prudence est de mise lors de la navigation en marche arrière avec le Hallberg-Rassy 310. Les forces exercées sur le safran, dont la liaison avec la barre est rigide, sont énormes.
Sous les voiles et surtout dans le vent, les deux bateaux français font la course en tête. Avec leurs coques modernes, le Dufour 350 et le Jeanneau Sun Odyssey 349 naviguent de manière rigide, rapide et courent en outre une bonne hauteur. Le Bavaria Cruiser 33, le Delphia 34 et le Hallberg-Rassy 310 présentent des avantages en termes d'équipement sur le pont, de maniabilité et de sécurité. La première partie du test comparatif des yachts familiaux de 10 mètres ne permet donc pas encore de dégager une nette avance.
Un ensemble complet qui fonctionne bien. Disposition du cockpit avec un seul volant
Un bateau polyvalent, discret, avec de nombreux détails très soignés et un équipement technique irréprochable. Cockpit avec une roue de gouvernail
Le bateau le plus long et le plus large du comparatif. Le bateau de test s'est montré performant au vent, mais a bénéficié d'un package de performance
Participant au test avec un rôle particulier. Plus petit, plus ancien (année de construction 2009) et aussi plus cher que les autres bateaux du peloton
Une construction innovante, moderne et séduisante. Le Jeanneau offre un grand cockpit avec beaucoup d'espace pour travailler et profiter.
Le test comparatif est paru pour la première fois dans les numéros 16 et 17/2015 de YACHT et a été remanié pour la version en ligne.