Jochen Rieker
· 05.08.2021
Ce que vient de présenter le plus grand chantier naval de plaisance au monde pourrait bien changer, ou du moins enrichir, le marché des yachts de croisière rapides. Après trois ans d'attente, Beneteau présente pour la première fois le First 36, qui devrait renouer avec les grandes heures de la gamme, autrefois pilier du groupe, mais qui s'est progressivement estompée jusqu'à faire craindre sa disparition.
Avec le rachat de Seascape en 2018 et l'intégration des bateaux de sport compacts de 14 à 27 pieds dans la gamme Beneteau, il était clair que cela ne devait pas s'arrêter là. Un an plus tard, le First 53 a fait ses débuts et représente depuis lors le haut de gamme. En revanche, il y avait jusqu'à présent un vide au milieu de cette gamme si importante.
C'est terminé. Le First 36 comblera le vide à partir de l'année prochaine. En janvier, il sera présenté en première mondiale au salon boot de Düsseldorf. Avec une longueur de coque de près de 11 mètres, ce croiseur performant vise la partie du marché la plus attractive pour de nombreux propriétaires - suffisamment grand pour des croisières avec toute la famille ou même de longs passages en haute mer, tout en restant suffisamment compact pour naviguer avec un équipage réduit ou en solitaire.
Du point de vue conceptuel, le First 36 sera également une sorte de modèle passerelle. Alors que les petits First sont puristes et très sportifs, et que le First 53, vaisseau amiral, est plutôt luxueux, Beneteau a placé le nouveau au centre du marché.
Sous gennaker, il doit déjà être pleinement planant par 4 à 5 Beaufort, sans pour autant manquer de confort - si l'on veut, un bateau entre X-Yachts XP 38 et le JPK 10.80, entre Italia 10.98 et le Pogo 36, entre Dehler 38 et J 111.
C'est ainsi que se présente le First 36 : moderne, mais moins radical que d'autres constructions du segment et presque discret dans ses lignes. Au lieu d'un chinois dur, il a des bords arrondis, des formes droites et fluides au lieu d'une superstructure de cabine grossièrement inclinée. Et si la première animation par ordinateur ne trompe pas, il restera très étroit dans la ligne de flottaison.
L'équipe à l'œuvre laisse espérer une louve déguisée en mouton.
Dans cette largeur et cette classe, il s'agit d'une offre unique pour le développement d'un yacht de série.
Bénéteau a souvent fait appel à des constructeurs de renom dans l'histoire du First, la dernière fois en 2010 pour la conception du First 30 par Juan Kouyoumdjian, assisté de Michel Desjoyeaux, double vainqueur du Vendée Globe. Mais le projet n'a pas abouti, car le bateau, conçu de manière ambitieuse, s'est avéré trop lourd et n'a donc jamais pu développer tout son potentiel.
Il ne faut pas que cela se reproduise maintenant. C'est sans doute pour cette raison que le First 36 ne sera pas construit chez Beneteau en France, mais chez Seascape en Slovénie, où l'on s'y connaît en structures légères et solides en fibre de verre. Si le First parvient à rester nettement en dessous de 5 tonnes en termes de déplacement et à un prix inférieur à celui des Pogo ou J-Boats, il sera sans aucun doute un succès, et ce dans les deux sens du terme.
Giovanni Belgrano, dont l'équipe a effectué les calculs de résistance et participé à l'élaboration du plan de laminage, place en tout cas la barre très haut : le First 36 sera "beaucoup plus vivant et léger" que la plupart de ses concurrents. Beneteau le décrit comme un "parfait bateau de course de club et un bateau de croisière capable".
La force de vente à laquelle Beneteau a présenté le projet début juillet est déjà en ébullition, et ce tout autour du globe. Plusieurs revendeurs l'ont confirmé à YACHT. Et ce, bien qu'aucune autre information ne soit disponible et qu'il n'existe pas de liste de prix - ces deux éléments seront publiés au plus tôt en septembre, soit au Yachting Festival de Cannes, soit dans le cadre du salon nautique Grand Pavois à La Rochelle. Ce n'est qu'ensuite que les pré-commandes pourront être passées, et on peut s'attendre à ce qu'elles fassent l'objet d'une lutte acharnée.
C'est peut-être la principale raison de cet enthousiasme précoce : lorsqu'on lui demande contre quels concurrents le First 36 doit s'affirmer, Sam Manuard doit réfléchir longuement. Puis le constructeur modeste et rationnel, jamais enclin à l'exagération, répond : "Je ne sais vraiment pas qui pourrait être le concurrent de ce bateau".