Depuis quelques jours, une équipe de Marine Claims Service (MCS) Spain et, en soutien, une seconde de l'assureur hambourgeois Pantaenius sont sur place et ont notamment sauvé des rochers le Wally 100 échoué ainsi qu'un Swan 60. L'homme de ce genre de travail est Ole Pietschke, qui s'est bien entendu entretenu sur place avec divers propriétaires concernés. De nombreux lecteurs le connaissent encore grâce aux vidéos de l'automne dernier, lorsqu'il a joué un rôle déterminant dans les opérations de sauvetage sur la mer Baltique allemande après la tempête d'automne.
"Le vent est monté très vite, de 25 nœuds à environ 50 nœuds, un propriétaire raconte qu'il a mesuré 75 nœuds sur son anémomètre. Et au bout de 30 minutes, tout était déjà fini. Le problème, c'est aussi que si l'on a raté le bon moment pour sortir, on ne peut plus lutter contre un tel vent. Un propriétaire d'un Jeanneau plus grand, qui a tout de même un moteur de 120 chevaux, naviguait encore à 0,3 nœuds sur le fond contre le vent à plein régime". Ceux qui sont moins bien motorisés n'avaient parfois plus aucune chance.
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Le problème, c'est que beaucoup d'entre eux étaient encore à l'ancre lorsqu'ils ont été surpris par le temps. "Quelques équipages ont été assez intelligents pour sacrifier leur harnais, c'est-à-dire pour laisser partir le bout de la chaîne. Cela s'est passé si vite qu'ils ont encore réussi à gagner le large et à y affronter le pire".
De nombreux yachts n'avaient pas non plus minimisé la surface de prise au vent : Des voiles de grand-voile mal fixées, des enrouleurs de foc qui se sont déroulés ont scellé en un clin d'œil le sort de plus d'un yacht, qui s'est ensuite échoué avec l'ancre encore déployée.
Ceux qui n'ont pas réussi à s'échapper à la dernière minute ont ensuite en partie atterri sur les rochers de la baie de mouillage au nord de Savina, à Formentera. C'est le cas des deux bateaux que l'équipe MCS a pu récupérer assez rapidement. Le Wally n'avait pris que peu d'eau et n'avait pas de trous dans le flanc qui reposait sur la plage. Le Swan, en revanche, avait fait ce dernier dans un côté et avait donc pris beaucoup d'eau.
Mais la procédure est alors en fait la même, explique Pietschke : "Nous devons d'abord placer le bateau de l'autre côté, afin que la quille ne soit pas orientée dans le sens du remorquage et reste accrochée au fond". Pour cela, le côté du yacht accessible par le haut est rembourré avec des sacs gonflables et des matelas de sauvetage spéciaux de manière à ce qu'il ne subisse pas d'autres dommages lors du retournement de la coque. Ensuite, les trous sont fermés de manière provisoire et toute l'eau est pompée. Ensuite, les câbles et les sangles de remorquage sont fixés autour de points particulièrement stables du yacht, à savoir le pied de mât, les cloisons, etc. Une fois le bateau retourné, il peut être tiré dans l'eau plus profonde, couché sur les coussins. C'est ce qui a été fait avec les deux yachts, qui ont ensuite été grutés sur la terre ferme à Ibiza.
Les avis sont assez tranchés sur la question de savoir comment cette catastrophe a pu se produire. Les locaux et certains prévisionnistes avaient déjà averti trois ou quatre jours avant une telle évolution possible d'une incursion d'air froid en provenance des couches supérieures de l'atmosphère (appelée Gota Fria ou Dana). Mais certains équipages se seraient fiés exclusivement à des applications météorologiques, comme Windy, et les avertissements n'y seraient arrivés que deux jours avant. "Les services météo locaux sont souvent plus précis pour les phénomènes météorologiques spécifiques à une région, et les skippers feraient bien de les prendre en compte", explique Pietschke.
De nombreux équipages se demandent pourquoi, avec de telles prévisions météo, ils jettent l'ancre dans une baie complètement ouverte à l'ouest et ne surveillent manifestement pas le temps, par exemple avec les radars météo habituels, qui auraient probablement bien illustré la tempête qui s'annonce, avec ses précipitations et ses cellules orageuses, comme le confirment les locaux. Les locaux disent en tout cas qu'il était évident que l'orage allait arriver, mais ils ont été surpris par la violence et la force du vent.