Fabian Boerger
· 04.02.2025
Elle recommence : la navigatrice d'exception Susanne Huber-Curphey a quitté le tracé de la Longue Route et navigue désormais avec son "Nehaj" vers l'est en direction de l'océan Indien. C'est ce que l'on peut lire sur son Tracker sur lequel elle note chaque jour sa position ainsi qu'une petite note. C'est la deuxième fois que la navigatrice aux multiples tours du monde quitte la course à cet endroit. En 2018, elle avait déjà participé à la Longue Route et avait bifurqué vers l'est dans l'océan Indien après le passage du Cap Horn, au lieu de revenir au point de départ à Lorient, en France.
Ses notes ne permettent pas de savoir directement où elle navigue. On peut toutefois deviner une direction : Dans ses "lettres d'eau bleue", publiées sur le site Internet de l'Océan Indien, elle explique comment elle s'est rendue en mer. Site de la Longue Route Huber-Curphey raconte en détail ses expériences en mer. Elle y décrit notamment un contact radio qu'elle a eu avec un pilote de la Royal Air Force qui effectuait des tours de piste au-dessus d'elle avec son avion au sud des îles Malouines. Lorsque le pilote lui a demandé où elle allait, elle a répondu : "Je suis désolée, ma destination est encore inconnue. Ce pourrait être les îles des Caraïbes ou Sainte-Hélène, ou peut-être plus loin, vers la Tasmanie et la Nouvelle-Zélande".
Début février, elle a de nouveau franchi le cap de Bonne-Espérance, qu'elle avait déjà dépassé quatre mois et demi plus tôt. On peut donc supposer que son voyage la mènera plus à l'est que les îles des Caraïbes ou Sainte-Hélène.
Comme la première fois, elle suit résolument les traces de Bernard Moitessier. Ce dernier a participé en 1968/69 à la Sunday Times Golden Globe Race, la première course autour du monde en solitaire et sans escale. Au lieu de retourner à Plymouth en Angleterre pour remporter la course, il a poursuivi son voyage en 1969 vers la Polynésie, renonçant à une victoire certaine et marquant ainsi l'histoire de la voile.
Pour faire revivre cet esprit de liberté et célébrer le 50e anniversaire du voyage, le Franco-Américain Guy Bernardin a créé la Longue Route. Il ne s'agit pas d'une régate au sens classique du terme, mais plutôt d'une aventure entre personnes partageant les mêmes idées. Sans assistance ni escale, les participants naviguent sur les traces de Moitessier autour des trois caps du monde. Il n'y a pas de chronométrage, pas de prix et peu de règles. Il s'agit plutôt de réaliser son rêve de liberté en mer. Le fait que Susanne Huber-Curphey emprunte désormais un nouveau parcours n'est donc pas en contradiction avec les règles de la régate. Au contraire, elle poursuit l'idée de la course.
Trois des six bateaux qui ont pris le départ font encore route vers le point de départ de la Longue Route. Ils y seront probablement attendus en avril. En tête se trouve Pierre-André Huglo. Le Français du Nord a lui aussi participé à la première édition de la Longue Route en 2018 avec son Contessa 32 "Fresh Herring". Lors de sa dernière communication, début février, il se trouvait au nord-est de Recife, au Brésil, et était sur le point de faire le saut de l'équateur.
Frédéric Switala suit avec son Admiral 44 transformé, le "Man of War". Fin janvier, il a franchi le Cap Horn et s'est battu, selon ses propres dires, contre des conditions difficiles. Il évoque des vagues de cinq mètres de haut et des vents de plus de 40 nœuds. Il se trouve actuellement au nord-est des îles Malouines, où les conditions semblent s'être calmées.
Alfonso Pascual est à la dernière place avec son "Cyrano", le deuxième Contessa 32 de la petite flotte. En raison de problèmes avec son régulateur d'allure, il a dû faire un arrêt de 38 heures au large de la côte tasmanienne. La réparation lui a réussi et il a pu poursuivre sa route. Entre-temps, il a dépassé la pointe Nemo dans le Pacifique Sud et se dirige maintenant vers le dernier des trois caps à franchir, le cap Horn.
Eymeric Maiffredy, qui racontait encore en décembre son passage du Cap de Bonne Espérance, a entre-temps abandonné et se trouve désormais dans le port du Cap, en Afrique du Sud.