Entretien avec la presseUn scientifique estime que le débat sur les parcs nationaux est une tempête dans un verre d'eau

Fabian Boerger

 · 19.10.2024

Entretien avec la presse : Un scientifique estime que le débat sur les parcs nationaux est une tempête dans un verre d'eauPhoto : Sternfahrt Fehmarnsund/Melanie Kayser
Des pêcheurs avec des drapeaux de protestation à Heiligenhafen près de Fehmarn
Les mesures du plan d'action ne sont pas un compromis, mais des étapes judicieuses, déclare le professeur Torsten Reusch dans une interview à YACHT

Professeur Reusch, depuis mars, le successeur du parc national de la mer Baltique, le plan d'action pour la protection de la mer Baltique, est sur le marché. En quoi cela vous concerne-t-il ?

En tant que GEOMAR, nous nous occupons du monitoring des récifs et des herbiers marins, et nous suivons de près la situation des stocks de poissons. Nous fournissons donc un apport scientifique et sommes directement impliqués.

Six mois se sont écoulés depuis l'annonce. Pendant ce temps, le plan d'action est resté silencieux. Savez-vous où il en est ?

Je suppose que le ministère de l'Environnement du Schleswig-Holstein commence par élaborer les plans de manière très détaillée et minutieuse. Ensuite, il y aura une participation du public. Cela peut encore durer environ six mois. Mais c'est la procédure normale.

Cela signifie que l'on va maintenant clarifier où se trouvent les réserves naturelles prévues ?

Exactement. Il s'agit également des règles de circulation. Ce n'est pas tout à fait trivial sur le plan juridique. En d'autres termes : qui peut entrer dans les zones, quand et comment, quelles sont les limitations de vitesse, etc. Le Land prépare des propositions qui sont ensuite discutées publiquement. Mais c'est finalement l'État fédéral qui doit approuver ces mesures.

Que pensez-vous des projets connus à ce jour ?

Le fait que l'on travaille avec des zones d'exploitation zéro dans le sud-ouest de la mer Baltique est attendu depuis longtemps et concerne avant tout la pêche. Partout dans le monde, c'est désormais un instrument qui a fait ses preuves, et ce depuis 25 à 30 ans.

Articles les plus lus

1

2

3

Ce sont surtout les restrictions de zones prévues qui touchent une corde sensible chez les amateurs de sports nautiques.

Eh bien, pour les amateurs de sports nautiques, les restrictions prévues dans le plan d'action sont minimes. Ce qui change, c'est qu'il y aura une limitation de vitesse de cinq à dix nœuds dans les zones centrales. Il s'agit de régions particulièrement importantes pour les mammifères marins comme les marsouins.

Les zones où il doit y avoir des interdictions de circulation en hiver (de novembre à mars, ndlr) sont des zones de protection des oiseaux. Ce sont surtout les canards qui y passent l'hiver, en provenance de la Scandinavie. Les restrictions ne s'appliquent donc qu'à très peu de zones bien définies, mais qui sont très précieuses pour les oiseaux d'eau.

Vous estimez donc que ces mesures sont défendables ?

Absolument. Cela concerne tout au plus les surfeurs hardcore qui veulent surfer en hiver. Cela ne dérange pas les plaisanciers ordinaires. En plein hiver, 98 pour cent des bateaux sont de toute façon hors de l'eau. C'est pourquoi le débat sur les restrictions prévues était de toute façon une tempête dans un verre d'eau.

D'un point de vue scientifique, faudrait-il encore plus de restrictions ?

Tout cela n'est pas fait pour plaisanter. Je veux dire que les oiseaux viennent ici de toute la Scandinavie et ont simplement besoin de leur lieu de repos. Ces mesures ne sont pas un compromis ; ce sont des étapes utiles.

Mais la vérité, c'est que les causes principales sont ailleurs ; par exemple, la récupération des munitions est une question importante, et l'apport de nutriments est également un problème majeur. Le plan d'action aborde certes ce problème, mais je pense que l'on n'est pas encore assez énergique sur ce point. Mais non : en principe, je ne vois pas la nécessité d'aller au-delà des restrictions territoriales.

De plus, il y aura à l'avenir des interdictions de mouillage dans les herbiers de posidonie.

Oui, exactement. Car le problème, c'est que là où les plaisanciers aiment jeter l'ancre, parce que c'est calme et protégé, les herbes marines préfèrent aussi. C'est là qu'il faut trouver des compromis.

Les champs de muring, avec des bouées ancrées dans le sol auxquelles les bateaux peuvent s'amarrer, constituent-ils un tel compromis ?

Absolument. De nombreuses recherches sont déjà menées en Méditerranée pour trouver de telles alternatives. On y trouve beaucoup plus de superyachts. Leurs ancres exercent une pression beaucoup plus forte sur le sol et causent donc des dégâts plus importants. C'est pourquoi on y travaille davantage avec des points d'ancrage fixes. Il est important que la chaîne de l'ancre soit maintenue tendue par une bouée supplémentaire. Elle empêche la chaîne de se balancer et de raser toutes les algues dans un certain rayon. Si l'on installait des points d'ancrage favorables aux algues en mer Baltique, on choisirait tout de suite la meilleure solution.

Où voyez-vous un besoin de rattrapage du côté des amateurs de sports nautiques ?

Il faut voir le thème de la protection des mers de manière positive, lancer soi-même des choses et aller au-delà de ce qui est exigé par la loi. Il y a des domaines où il y a encore de la marge de progression, par exemple en ce qui concerne la vidange des toilettes chimiques ou l'antifouling. Mais au-delà de cela, les bateaux ne posent absolument aucun problème lorsqu'ils naviguent au-dessus des champs d'algues.

Personne interviewée Prof. Dr Torsten Reusch

yacht/100082097_3ceefa1e1b12ed5f2235e551f68b4537Photo : Geomar/Sarah Kaehlert

Ce scientifique du GEOMAR Helmholtz-Zentrum für Ozeanforschung à Kiel dirige le domaine de recherche sur l'écologie marine et s'occupe des effets biologiques du changement global. Avec ses collègues chercheurs, il élabore entre autres les méthodes les plus diverses pour régénérer les herbiers marins.


Les plus lus dans la rubrique Voyages & charters