Vendée GlobeVirer de bord pour la tempête de monstres

Andreas Fritsch

 · 12.12.2016

Vendée Globe : virer de bord pour la tempête de monstresPhoto : Alexis Courcoux
Yann Elies dans la tempête
Une énorme tempête au sud de l'Australie frappe aujourd'hui le groupe de poursuivants autour de Yann Eliès. Le Français ne peut plus s'échapper et a viré de bord.

Quand un homme comme Yann Eliès décide de virer de bord, les conditions doivent en effet être infernales. Et la météo le dit clairement : des rafales de 50 à 70 nœuds, soit parfois 12 Beaufort, et des vagues de dix mètres de haut, voilà ce que provoque l'énorme dépression qui arrive de l'ouest. Elle touche le trio Yann Eliès ("Queguiner - Leucémie"), Jean-Pierre Dick ("St. Michel-Virbac") et Jean Le Cam ("Finisterre Mer Vent"), qui naviguent entre la cinquième et la septième place.

Le traumatisme de la tempête de Yann Eliès

  Bien vu : "St. Michel-Virbac" tourne vers le nordPhoto : Vende Globe Bien vu : "St. Michel-Virbac" tourne vers le nord

Eliès est considéré comme l'un des meilleurs navigateurs de la flotte - mais surtout, toute cette situation doit lui donner une impression de déjà-vu qui fait froid dans le dos. Il y a huit ans, il a navigué sur le Vendée Globe à bord de son "Generali" et a été pris dans un gros temps au sud-ouest de l'Australie. Lors d'une manœuvre sur le gaillard d'avant, son bateau a percé une vague et s'est arrêté brutalement, si bien qu'il a traversé la moitié du gaillard d'avant et s'est écrasé contre la flèche du gréement. La hanche et les côtes cassées, il s'est traîné jusqu'au bateau, où il a lancé un appel de détresse. Mais loin de l'hélitreuillage, il a dû attendre près de deux jours avant d'être secouru. Son compagnon d'armes Marc Guillemot ("Safran") a tenté de lui venir en aide, mais en solitaire et dans une mer agitée, il n'a pas réussi à soutenir Elies, incapable de bouger. Son ami a essayé de lui jeter des cachets à travers la descente, car Eliès était immobilisé sur le sol de la cabine et ne pouvait pas atteindre sa boîte à médicaments. Ce n'est qu'un navire de guerre australien qui a ensuite récupéré le blessé grave. Son bateau a été laissé à la dérive et n'a pas pu être retrouvé par la suite. Le Français de 42 ans a mis du temps à se remettre de cette terrible expérience. Mais aujourd'hui, il est de nouveau dans la course et veut effacer le traumatisme d'autrefois en terminant le Vendée Globe.

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Et voilà qu'une tempête de monstres le frappe à nouveau au même endroit. Que se passe-t-il dans sa tête ? En tout cas, il a opté pour une sécurité maximale : depuis ce matin, il a mis son Open 60 et espère que le pire passera au nord. Mais il devrait y avoir entre 45 et 50 nœuds. Tous les vrais fans de la course croisent les doigts pour le skipper.

Fuir la tempête pour l'Australie

  Fuite vers le nord : St. Michel-Virbac" de Jean-Pierre DickPhoto : StMichel-Virbac/Yvan Zedda Fuite vers le nord : St. Michel-Virbac" de Jean-Pierre Dick

Son poursuivant, Jean-Pierre Dick, a décidé de fuir l'énorme tempête et a viré loin, très loin vers le nord, peut-être même pour traverser le détroit de Bass entre l'Australie et la Tasmanie si nécessaire. Mais pour l'instant, la dépression orageuse se déplace probablement vers l'est plus rapidement que prévu et pourrait être traversée dès cette nuit, ce qui pourrait rendre le détour maximal inutile. Reste à savoir combien de milles le Français perdra en faisant un détour pour rejoindre Yann Eliès.

C'est avec le même sentiment de malaise que Jean Le Cam, qui navigue derrière, devrait regarder les cartes météo. Il est dépassé par la dépression orageuse d'aujourd'hui. Il avait déjà ralenti un peu sa course, espérant que le temps le plus dur pourrait passer un peu avant lui. C'est sans doute lui qui pourrait le plus profiter des problèmes des deux skippers qui le précèdent.

Résumé vidéo de la journée d'hier

Le rookie avec une performance de folie

Sans que cela n'affecte la course qui se poursuit devant le trio. Le duo Jérémie Beyou ("Maitre Coq") et Paul Meilhat ("SMA"), positionné à environ 800 milles de Yann Eliès, ne sera rattrapé par la dépression que dans les prochains jours. Beyou, qui avait été distancé par une avarie de voile, s'est entre-temps rapproché à environ 70 milles de Paul Meilhat. Ce dernier réalise une course phénoménale avec son bateau, le vieux "Macif" du dernier vainqueur du Vendée Globe François Gabart, en tant que bizuth. Lors de toutes les transmissions vidéo du bord, le Français est de bonne humeur et conduit le bateau, comme il le dit lui-même, presque à 100% de son potentiel. "C'est facile à naviguer, toutes les voiles sont encore en bon état, j'ai trouvé un bon rythme", rapporte-t-il. Il fait ce que François Gabart lui a recommandé avant le départ : "Profite de la course !" Seul non-foiler en course pour le podium, le sympathique Français devrait avoir gagné entre-temps de nombreux fans.

  Situation de la course ce matinPhoto : Vende Globe Situation de la course ce matin

En tête, la journée d'hier a été noire pour Alex Thomson et son "Hugo Boss". Après avoir rattrapé près de 80 milles sur le leader "Banque Populaire VIII", il est resté bloqué dans le calme de l'œil de la dépression qui a débordé les deux bateaux ce week-end et a progressé pendant des heures à une lenteur atroce, parfois à seulement deux nœuds. Son rival Armel Le Cléac'h avait auparavant mal interprété la trajectoire de la dépression et a dû se décaler loin vers le nord, ce qui lui a coûté de nombreux milles. Mais il a facilement compensé cette perte en retrouvant le vent plus rapidement qu'Alex Thomson hier. Ce matin, son avance s'élevait à plus de 180 milles.

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