Ce yacht te coupe le souffle. Il est là, tel une fusée émergeant de l'eau, gris-bleu scintillant, mystérieux, la proue typique de Wally en avant. Le pont est large, un cockpit central est creusé comme une cuvette de sable. D'énormes treuils entourent le pied de mât. A bâbord et à tribord, au bout du pont recouvert de longues barres de teck, les designers ont placé deux postes de pilotage solitaires, entre lesquels se trouve, tout aussi perdu, un pupitre de commande qui fait penser à un clavier sur des pieds maladroits. Pour le reste, c'est le vide. Le vide de Wally. Bien sûr, le pont-terrasse étagé, qui fait depuis longtemps partie des standards de Wally, ne manque pas, tout comme les fenêtres en verre fumé sombre qui donnent sur le sillage par-dessus la terrasse. Inventé à l'époque pour "Tiketitan". Le bastingage extrêmement large ne semble nouveau qu'à première vue, car il a été copié sur d'anciennes goélettes. Il entoure tout le pont et le transforme en un gigantesque cockpit. Il augmente le franc-bord de près de 90 centimètres et améliore sans doute la stabilité de la coque. La poupe reste ouverte.
Au moment d'appareiller, l'équipage montre pourquoi le pont est si remarquablement vide, peut être vide. Le matériel d'amarrage, de hissage des voiles, de réglage et tout ce qui est nécessaire à une navigation agréable disparaît derrière des volets dans le bastingage. Enfin, ce dernier a une profondeur de 60 centimètres. C'est là que le chantier naval a monté les bittes d'amarrage, les prises d'air pour le système de climatisation et les ventilateurs du compartiment moteur, ainsi que les coffres de rangement. Et c'est ici qu'il a installé Magic Trimm, des béliers hydrauliques pour la remontée des écoutes et le réglage du gréement.
La mer est comme du plomb, nous naviguons en eau libre. Et nous nous dégourdissons les jambes : pas de problème pour faire des tours de jogging, car le pont affiche des dimensions gigantesques. Nous ne sentons pas le moteur. Il fonctionne silencieusement et sans vibrations dans le compartiment moteur bien isolé. Les gaz d'échappement sont rejetés sous l'eau.
Nous avons le temps de regarder autour de nous : Nous découvrons le système hydraulique derrière les volets, à hauteur des gouvernails. "Régler les voiles à l'aide de winchs", dit Luca Bassani, l'inventeur du Wally, "c'est rétrograde et lent". Le fabricant italien Cariboni nous livre à la place ses palans flexibles Magic Trim, dont les rouleaux opposés sont écartés par un poinçon hydraulique, ce qui raccourcit la partie relevable extrêmement rapidement. L'"Esense" lève et affale ses écoutes en quelques secondes", explique Bassani, "sous le contrôle sensible de joysticks proportionnels : un léger effleurement pour un réglage lent, une pression énergique pour un levage et un affalage rapides. Le tout depuis les postes de pilotage".