Vendée GlobeViolette Dorange - la plus jeune partante de l'histoire

Morten Strauch

 · 22.12.2024

La double championne de France de 420 a décidé de ne pas faire de carrière olympique et de se consacrer à la course au large.
Photo : picture alliance / abaca
Violette Dorange, la plus jeune participante au Vendée Globe qui débute après-demain, naviguait encore en Opti il y a huit ans. Aujourd'hui, elle s'élance sur les mers du monde à bord d'un Imoca survitaminé.

La carrière de voile de Violette Dorange semble être placée sous une bonne étoile. Elle est née en 2001 à Rochefort, dans l'ouest de la France, l'année même où Ellen MacArthur, âgée de 24 ans seulement, remportait la sensationnelle deuxième place de la quatrième édition du Vendée Globe. Il n'est donc pas étonnant que la navigatrice britannique d'exception fasse partie des idoles absolues de Dorange.

Dorange violette navigue un non-foiler

23 ans plus tard, Violette Dorange s'est elle-même lancée dans la course à la voile la plus difficile au monde. En tant que plus jeune participante de l'histoire de la Vendée, Dorange peut compter sur trois vieux briscards de la course au large française pour l'épauler en tant que mentors : Jean-Pierre Dick (surnommé "JP"), Damien Guillou et Jean Le Cam. Alors que "JP", en tant qu'ami de la famille, était depuis longtemps dans le jeu en tant que promoteur, Guillou est le cerveau technique de la campagne, qui a déjà préparé les bateaux vendéens d'Escoffier et de Le Cam. Ce dernier a mis à disposition son bateau de la dernière édition de la course culte, avec lequel il a remporté une quatrième place très applaudie. En 2009, c'était même le bateau gagnant de Michel Desjoyeaux. Sur le plan technique, le non-foiler de 17 ans ne peut certes pas rivaliser avec les fusées high-tech actuelles, mais le bateau a toujours fait ses preuves et a résisté aux énormes sollicitations permanentes.

La Française a peur des médias

Mais que se cache-t-il derrière cette nouvelle venue protégée et hermétiquement protégée par son équipe ? Peu d'informations filtrent et les demandes d'interviews sont catégoriquement refusées. Sur son canal de médias sociaux Instagram, Violette Dorange donne en revanche un aperçu de sa vie de navigatrice et de son âme. Elle semble petite, douce, fragile, mais aussi déterminée et sereine, comme seules les personnes qui ont passé la moitié de leur vie en mer peuvent l'être. Et pourtant, la Française, qui ne mesure en réalité que 1,60 mètre, dégage tant de charme et de gentillesse qu'on ne peut que l'aimer. Elle a pu gagner plus de 80.000 followers avant même le départ des Sables-d'Olonne.

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Engagement social

Elle-même a un grand cœur pour les enfants et les jeunes défavorisés. Depuis sa propre majorité, la navigatrice s'engage bénévolement pour la fondation Apprentis d'Auteuil. "J'ai toujours eu envie d'être utile à la société et de donner du sens à mon projet. Je ne serais pas là si on ne m'avait pas donné ma chance ou si on ne m'avait pas fait confiance. Je veux qu'ils croient à leur tour en eux-mêmes et en leur avenir". En regardant les images, il semble impossible qu'il s'agisse d'une opération de relations publiques visant uniquement à attirer des sponsors. Que ce soit lors de la visite des installations de la fondation ou lors des exercices d'entraînement à bord de l'Imoca, les yeux de Violet rivalisent avec ceux des enfants.

Une carrière de voile réussie

La compétition sportive l'a motivée dès son plus jeune âge. A l'âge de 13 ans, elle participe pour la France au championnat du monde d'Optimist en Argentine. Entourée de 300 concurrents venus du monde entier, elle prend pour la première fois conscience qu'elle peut aller loin en faisant de la voile. La même année, son cœur d'aventurière commence à battre dans sa poitrine. Inspirée par le sportif de l'extrême Mike Horn et ses héroïnes de la voile Ellen MacArthur et Samantha Davies, elle mûrit l'idée de son premier projet personnel : la traversée de la Manche en Opti.

Deux ans plus tard, Violette met son projet à exécution avec succès et navigue de l'île de Wight à Cherbourg. Le départ de nuit, le premier lever de soleil en mer et 15 heures de navigation ininterrompue font de ce petit projet sa première grande aventure. S'ensuit la traversée du détroit de Gibraltar, toujours en Opti, et la prise de conscience de vouloir bientôt s'attaquer à la haute mer. Sa carrière de navigatrice prend un essor fulgurant. Elle devient deux fois championne de France en 420 et l'idée des Jeux olympiques la séduit. Mais au lieu de sauter sur le dériveur de course 470 et la carrière olympique, elle opte pour une mini-transat. L'appel de l'océan est déjà trop puissant et ne doit plus quitter la jeune femme.

La haute mer appelle Violette Dorange

Plus jeune participante, elle se lance dans sa première course outre-Atlantique en 2019, à l'âge de 17 ans. Partie de sa Rochelle natale, elle atteint les Caraïbes à la 16e place après une escale obligatoire aux Grandes Canaries. Trois années s'ensuivent dans le circuit du Figaro de Solitaire, où l'infatigable nouvelle venue passe de la 30e à la 10e place. C'est déjà pendant cette période que la décision de participer au Vendée Globe 2024 est prise. Un peu tôt, comme elle le reconnaîtra elle-même plus tard, mais pourquoi attendre quand l'occasion se présente ? Et après tout, elle a toujours dû se mesurer à des navigateurs plus âgés et souvent masculins.

Le charme du Vendée Globe

Petite fille, elle se tenait déjà sur le quai des Sables-d'Olonne pour saluer le départ des héros de la course au large, si vénérés en France. Même si, à l'époque, elle ne comprend pas encore la signification et la dimension de cet événement populaire, le sentiment de départ et d'aventure s'ancre profondément en elle.

Elle s'est maintenant frayée un chemin à travers le légendaire canal bordé de milliers de fans qui mène au départ. Avec ses idoles et d'autres grands noms de la scène offshore. Quelle que soit l'issue de sa course en solo, personne ne pourra lui enlever ce moment magique. Actuellement, elle se situe en milieu de classement.

De navigatrice à manager

Mais le chemin pour en arriver là n'était pas gagné d'avance, même pour la jeune femme à l'allure toujours insouciante. "La partie la plus difficile de la Vendée est d'arriver jusqu'à la ligne de départ". C'est ce qu'expliquait déjà Norbert Sedlacek, qui a participé deux fois à la course, dans une interview accordée à YACHT. La recherche de sponsors, longue et épuisante, est à elle seule une énorme épreuve mentale.

Violette Dorange doit en même temps organiser un bateau, trouver des sponsors et acquérir le plus d'expérience possible en haute mer. Pas seulement pour se qualifier, mais aussi pour s'entraîner à la technique, à la tactique et à l'endurance. Après tout, elle n'a jamais passé plus de 20 jours en solo et non-stop sur un bateau. Et un mini ne fait pas un Imoca.

Jean Le Cam est impressionné par la jeune femme et lui réserve son bateau de la dernière Vendée jusqu'à ce que le financement soit mis en place.

Le sponsor principal du projet, "Devenir", qui s'affiche en lettres dorées sur les toiles sombres, peut paraître inhabituel, mais il remplit son objectif au même titre que les sponsors offshore bien connus que sont Holcim (producteur de matériaux de construction) ou Maître CoQ (fabricant de produits alimentaires). Il est intéressant de noter que presque tout le paysage français de la franchise a été parcouru et que quelque 130 filiales participent au projet. Le mystère reste toutefois entier quant à savoir si la chèvre de course "Devenir" a également été approvisionnée en produits de restauration rapide par McDonalds.

Première dans la classe Imoca

Avec "Hubert" alias "Devenir" de Le Cam, la régate atlantique Retour à La Base de 2023 sera l'épreuve du feu pour la toute nouvelle skipper d'Imoca en solo. Une fois de plus, elle est la plus jeune. Après un bon départ, des difficultés apparaissent, Violette ne comprend pas encore son bateau. Les voiles et le pilote automatique ne sont pas bien réglés et il y a quelques casses. Mais elle atteint l'arrivée et l'argent de l'apprentissage est bien dépensé. Lors des deux courses transatlantiques Transat CIC et New York Vendée en 2024, elle choisit une approche plus conservatrice de la performance et prépare méticuleusement son bateau avant chaque front qui s'approche. Entre-temps, il existe une bonne compréhension de l'équilibre entre sécurité et performance - une approche que l'on connaît également de Boris Herrmann.

Malgré un début d'études d'ingénieur, la complexité de l'électricité ou la réparation de matériaux composites en haute mer donnaient quelques maux de tête. Ce manque de connaissances et d'expérience n'a pas pu être comblé à 100% avant le départ. Violette doit donc compter sur l'aide de son équipage à terre autour de Damien Guillou pour les situations délicates. Elle est consciente qu'elle pourrait également être désavantagée physiquement par rapport aux hommes si la pression du vent était suffisante. Elle essaie de compenser ce déséquilibre par une bonne gestion de ses réserves d'énergie physique et une stratégie optimale à long terme.

Violette Dorange respecte le Vendée Globe

Personne ne peut vraiment s'adapter aux efforts permanents, en particulier dans l'océan Austral notoirement agité, s'il ne l'a jamais vécu lui-même. En dehors de l'entraînement physique et du sommeil, ainsi que d'une bonne dose de respect, il ne reste pas grand-chose. Il faut simplement passer par là et faire ses expériences. La plus grande idole de Violet, Ellen MacArthur, a passé ce test de maturité avec brio et a prouvé que les femmes peuvent être plus que l'égal des hommes dans la course au large. Tout comme la Sud-Africaine Kirsten Neuschäfer, qui a remporté la Golden Globe Race, ou plus récemment l'Américaine Cole Brauer dans le Global Solo Challenge.

L'objectif pour Violette Dorange est la cible

La liste est longue, rien que pour ce Vendée, six femmes sont au départ. Il semble que ce ne soit qu'une question de temps avant que la première ne remporte également l'Everest des mers. Une place sur le podium ne joue cependant pas encore de rôle dans l'esprit de Violette, comme elle l'a déclaré avant la descente : "Mon plus grand rêve pour cette course serait de pouvoir la terminer, quel que soit le classement. Mais je sais qu'elle peut se terminer à tout moment pour différentes raisons, que ce soit à cause d'une collision avec un conteneur ou d'un autre événement imprévu. Et même si cela devait arriver, je serais seul heureux d'avoir pu effectuer ces transatlantiques instructives et toute la préparation. Cela ne m'empêcherait pas non plus de me présenter à nouveau dans quatre ans. C'est l'esprit du Vendée Globe !"


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