Vendée GlobeUn creux brutal se profile à l'horizon

Tatjana Pokorny

 · 22.01.2025

Finale dans des montagnes liquides - prise par le skipper de "Biotherm", Paul Meilhat.
Photo : Paul Meilhat/VG2024
Une telle finale du Vendée Globe ne figurait pas sur la liste de souhaits de Boris Herrmann et d'autres skippers. Les bateaux classés de la dixième à la treizième place risquent de se retrouver sur le fil du rasoir. Déjà fortement mis à l'épreuve, eux et leurs bateaux fatigués doivent encore s'attendre à des conditions brutales "à la dernière minute". Les finalistes en tête devront également se battre.

L'objectif est presque en vue. Mais presque seulement. Comme les alpinistes qui ont péniblement atteint le sommet et ne voient qu'à partir de là qu'il y en a d'autres, les solistes du Vendée Globe ont eux aussi du mal. Une dépression chasse l'autre. Selon les trois "groupes" de la flotte, classés de la quatrième à la treizième place, les skippers sont mis à l'épreuve de différentes manières. L'assaut final du sommet est difficile.

Qui est le plus rapide : les skippers du Vendée Globe ou la dépression ?

"Ces derniers jours de course sont loin d'être un long fleuve tranquille", a confirmé Clarisse Crémer. La skipper de "L'Occitane en Provence" a déclaré au présentateur de Vendée-Live ! Andi Robertson : "Il vaut mieux ne pas trop penser au nombre de bosses à venir, sinon on risque d'être déçu. L'idée est de les prendre une par une. Ce qui est compliqué, c'est cette incertitude : est-ce que j'arriverai dimanche ou pas ?".

Une dépression particulièrement forte est attendue dans le golfe de Gascogne dimanche. "Tant qu'elle continue à prendre de la vitesse, il y a même une chance que je doive ralentir et c'est moralement difficile à gérer", a expliqué Clarisse Crémer pour expliquer son état d'esprit en vue d'un final peut-être même trop agité pour les bateaux classés de la dixième à la treizième place, attendus à l'arrivée entre le 26 et le 27 janvier.

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Au début de la 74e journée de course, Boris Herrmann était en dernière position de ce quatuor avec son foil bâbord cassé. Sa position semblait être l'une des plus exposées au vu des derniers pronostics concernant la finale et l'approche de la "dépression monstre". Mais, comme l'a dit le présentateur de Vendée Live ! Andi Robertson, le skipper de Malizia - Seaexplorer pourrait ralentir sa course et éviter une rencontre trop brutale avec la dépression.

Finale du Vendée Globe avec des sentiments mitigés

A peine 170 milles devant Boris Herrmann, Sam Davies a navigué dans l'après-midi du 22 janvier. Cette Britannique expérimentée participait à son quatrième Vendée Globe. Elle aussi attendait le week-end avec des sentiments mitigés : "Pour être honnête, je ne sais pas comment je vais arriver aux Sables-d'Olonne. Actuellement, cela semble juste correct jusqu'à la ligne d'arrivée, si je peux suivre le routing avec lequel je me déplace en ce moment. Je devrais arriver juste avant une très grosse dépression".

C'était la bonne partie de son hypothèse positive et optimiste. La moins bonne : "Mais je suis presque sûr qu'il sera trop dangereux d'entrer dans le canal. C'est du moins ce qu'il semble d'après les prévisions actuelles". La skipper d'"Initiatives - Cœur" a toutefois exprimé dans l'interview de mercredi après-midi son espoir que la situation s'améliore peut-être "un tout petit peu" pour pouvoir atteindre le port des Sables-d'Olonne à temps et en toute sécurité.

L'émission Vendée Live ! a également été suivie par l'ancien co-skipper de Sam Davies, Jack Bouttell, vainqueur de l'Ocean Race. Ce professionnel né en Australie a partagé ses appréciations en tant qu'observateur à terre.

Un bon sens de la navigation s'impose

Jack Bouttells a déclaré, à propos de l'arrivée possible de Samantha Davies dimanche ou lundi : "Elle pourrait peut-être franchir la ligne d'arrivée dans des conditions acceptables (...) mais il y a la possibilité qu'elle ne soit peut-être pas en mesure d'atteindre le quai des Sables-d'Olonne". Bouttell craignait que l'entrée du port des Sables-d'Olonne ne soit pas praticable par des vents probablement tempétueux et des vagues déferlantes.

A ce sujet, Bouttell a décrit plusieurs scénarios pour Sam Davies : "Dans le meilleur des cas, elle arrive à entrer assez vite aux Sables-d'Olonne ou la dépression ralentit. Ou bien elle parvient à franchir la ligne d'arrivée et va peut-être à La Rochelle, puis arrive aux Sables-d'Olonne quelques jours plus tard". Dans le pire des cas, selon Jack Bouttell, le système s'accélère ou se détériore. Il faut alors plutôt faire appel à des processus de réflexion autour du matelotage, du ralentissement et de l'attente.

Comme Sam Davies, Boris Herrmann s'est concentré mercredi sur sa progression la plus rapide possible, à 16 nœuds de vitesse. Il a confirmé brièvement à YACHT online des réflexions similaires.

Tempête violente de Biscaye en vue

Boris Herrmann et Sam Davies partagent la course à la dépression avec Benjamin Dutreux ("Guyot Environnement - Water Family", 10e) et Clarisse Crémer (11e), qui les précèdent. Les organisateurs, les professionnels et les fans suivent leur approche de l'arrivée sous haute tension. La veille, Team Malizia avait déjà encouragé son skipper, exprimant "force et encouragement" en direction de Seine. Le co-skipper et expert météo Will Harris avait déclaré qu'il s'attendait à des vents dépassant les 60, voire 70 à 80 nœuds pour dimanche.

A l'avant du groupe des bateaux qui se dirigent vers l'arrivée, le skipper de "Charal", Jérémie Beyou, quatrième, avait encore 400 milles à parcourir mercredi après-midi. Son avance sur le skipper de "Biotherm", Paul Meilhat, était de 155 milles et sur Nico Lunven ("Holcim - PRB") de 200 milles. Sam Goodchild, l'adversaire de longue date de Beyouy, a été relégué à la septième place.

D'après les prévisions météo actuelles, il semblait l'après-midi que ce groupe pourrait passer le cap Finistère assez près et entrer dans le golfe de Gascogne par le sud-ouest de manière classique. Ainsi, ils n'auraient pas à faire la boucle nord, comme les trois skippers du podium. Jérémie Beyou est attendu à l'arrivée vendredi.

REPLAY ! Retrouvez l'émission Vendée Live ! avec les réflexions intéressantes de Sam Davies et de son ancien co-skipper Jack Bouttell sur le scénario de la tempête du week-end :

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