Tatjana Pokorny
· 27.12.2024
166 fois, Charlie Dalin avait mené la flotte du 10e Vendée Globe. On peut s'y habituer. Mais depuis le 23 décembre et la couronne du Cap Horn remportée de justesse la veille de Noël, c'est son rival de toujours, Yoann Richomme, qui est en tête. Le skipper de "Paprec Arkéa" Richomme et le skipper de "Macif Santé Prévoyance" Charlie Dalin marquent la course de leur duel.
Après une brève respiration dans l'anticyclone de l'Atlantique Sud, les géants de cette édition, reliés entre eux comme par un lien invisible, ont retrouvé des vents frais. Ils se chassent déjà mutuellement vers le nord au 42e parallèle sud, presque par temps de t-shirt. Yoann Richomme a conservé 13 milles d'avance le 27 décembre au matin.
Les organisateurs du Vendée Globe comparent désormais le couple de choc à un couple "dont la vie conjugale est loin d'être reposante". La comparaison joyeuse : "Charlie Dalin a choisi Yoann Richomme, un partenaire qui semble n'avoir qu'une obsession : se faufiler hors de la maison ! Ou rentrer chez lui, plutôt et le plus vite possible...". Malheureusement, il y a aussi le risque, poursuit le texte, qu'au bout de ce mariage "un cœur soit brisé". Il ne fait aucun doute que ces deux skippers se battent pour la victoire, mais un seul peut l'avoir s'ils continuent à dominer leur course de la sorte.
En revanche, son plus proche poursuivant, Sébastien Simon, poursuit sa course en solitaire. Vendredi matin, près de 700 milles séparaient le troisième des hommes de tête et environ 645 milles de son premier poursuivant, Thomas Ruyant ("Vulnerable"). Le skipper de "Groupe Dubreuil", Seb Simon, a opté pour le passage à l'ouest des îles Malouines où il a bien progressé dernièrement.
Mais entre-temps, la plupart des yeux des observateurs sont à nouveau tournés vers le Cap Horn. Les prochains bateaux y sont attendus sous peu. Thomas Ruyant devrait être le quatrième à franchir le troisième et dernier cap du tour du monde en solitaire. Vendredi matin, le Français avait encore environ 250 milles à parcourir jusqu'à la longitude du Cap Horn et naviguait à une vitesse d'environ 22 nœuds.
Le 27 décembre, lors de la mise à jour de la position à 7 heures, Boris Herrmann n'avait plus que 500 milles à parcourir avant de franchir le cap qui mettrait symboliquement fin à la course en mer du Sud. Le "Malizia - Seaexplorer", le plus rapide de la flotte, a gagné du terrain le matin avec des vitesses dépassant les 24 nœuds. Il devrait passer le Cap Horn samedi.
Boris Herrmann a récupéré la septième place qu'il avait brièvement perdue pendant la nuit au profit du skipper de "Biotherm" Paul Meilhat. Boris Herrmann a réussi à réduire l'écart à 60 milles nautiques avec son ancien navigateur de l'Ocean Race, Nico Lunven.
Depuis le jour de Noël, Justine "Juju" Mettraux est de nouveau dans le top 10. La Suissesse est désormais neuvième et continue d'attaquer. Avec un peu plus de 50 milles de retard sur Paul Meilhat, la meilleure skipper actuelle sur "TeamWork - Team Snef" a été plus rapide que le Français tôt vendredi matin.
Un autre "couple de longue date" de la flotte s'est cependant séparé : à Point Nemo, la Britannique Samantha Davies, 14e, a décidé de faire route vers le nord. La skipper d'"Initiatives - Cœur" avait déjà atteint le 46e degré de latitude sud vendredi matin. En revanche, sa "compagne de route" Clarisse Crémer, douzième de la flotte, a navigué à environ 380 milles nautiques au sud de Sam Davies, sous le 53e degré de latitude sud.
Les deux skippers se sont longtemps motivés l'un l'autre après avoir manqué le fameux front à la mi-décembre et s'être retrouvés loin derrière leur groupe jusqu'alors solide avec Boris Herrmann. Entre-temps, Boris Herrmann a pris une avance de plus de 1200 milles nautiques sur Clarisse Crémer et d'environ 1450 milles nautiques sur Sam Davies.
La Britannique a expliqué pourquoi elle a choisi un parcours nord si différent de celui de son groupe avec Clarisse Crémer et Benjamin Dutreux ("Guyot Environnement - Water Family") par des raisons de sécurité qui lui ont coûté pour le moment sa 13ème place. Celle-ci a été reprise par Benjamin Dutreux. "Nous étions contents d'être avec Clarisse, mais maintenant nous n'avons plus la même stratégie", a constaté Sam Davies.
La soliste a expliqué lors de son quatrième Vendée Globe : "J'ai bien regardé et je trouve que les conditions sont assez extrêmes plus au sud dans cette dépression avec une hauteur de vague de plus de six mètres et un vent fort. Je trouve que c'est un peu risqué de naviguer en ligne droite, alors j'ai choisi l'option de bonne navigation, qui est un peu plus longue et qui évite la zone de vent très fort et de mer très difficile au nord. C'est un choix pour préserver le matériel, les voiles et le bateau, car mon objectif est d'être à 100 % pour la traversée de l'Atlantique !"
Le fait que Sam Davies vienne de passer à peu près à l'endroit où elle a perdu le mât lors d'une tentative de record Jules Verne en 1998 a peut-être aussi joué un rôle dans sa décision. Comme la Britannique est légèrement superstitieuse, elle fait une offrande de chocolat à Neptune à chaque fois qu'elle passe par là. Ce fut le cas cette fois-ci, comme elle l'a raconté.
Pendant ce temps, sa compatriote Pip Hare poursuit sa lente progression vers Melbourne. La skipper de "Medallia" a subi un démâtage il y a dix jours et se fraye un chemin vers les côtes australiennes sous gréement de fortune. Après avoir adapté sa route à des vents parfois forts, de manière à économiser un peu de diesel qui se fait rare, la fin de son calvaire est en vue, même si elle a dû annoncer la veille, en raison du détour : "Nous n'avons pas progressé en direction de Melbourne. En fait, nous sommes même maintenant 17 milles nautiques plus loin". Il lui restait environ 150 milles à parcourir avant d'arriver à Melbourne.
"Bienvenue à bord du bateau lent vers Melbourne" ! - c'est avec un bon humour britannique et des explications intéressantes que Pip Hare, la skipper de "Medallia", décrit son extraordinaire voyage sous gréement de fortune jusqu'à Melbourne :