Au plus tard depuis la Vendée Globe il y a quatre ans, Boris a navigué dans le cœur des Allemands. A l'époque de Covid, la course en solitaire était l'un des rares événements sportifs qui permettait de traverser le long hiver. Et comme le skipper se sentait aussi isolé sur son bateau que beaucoup d'entre nous dans leurs quatre murs, sa course a atteint un public bien au-delà des cercles de la voile.
Pendant les 80 jours de la Vendée, Boris est devenu une sorte de Best Buddy, et finalement un VIP sportif mondial en raison de sa collision dans les derniers milles marins au large des Sables avec Happy-end à la cinquième place. Depuis lors, tout le monde connaît ce type dégingandé aux grandes mains, à la coiffure légèrement encombrante et au charisme sympathique.
Ou pas ?
Le réalisateur Jan Zabeil a voulu en savoir plus sur ce Monsieur Herrmann. Pendant des mois, il a produit pour la chaîne ARD un documentaire télévisé qui se rapproche de Boris comme presque tous les autres formats jusqu'à présent. Il voulait savoir ce qui caractérise cet athlète d'exception, par ailleurs chef d'équipe et militant écologiste. Et Boris, qui parfois "ferme" quand le tapage médiatique est trop fort pour lui, le voulait apparemment aussi.
Il a laissé l'équipe de tournage s'approcher de lui comme seuls les cinéastes de Malizia l'ont fait lors de La course à l'océanJan Zabeil a fait un long voyage entre son domicile à Hambourg et la base de l'équipe à Lorient, il a fait des essais au large du Vendée Globe et s'est rendu dans son bureau à la maison. Mais surtout, il a dévoilé, au cours de longues interviews pensives, des couches de sa personnalité que seuls quelques intimes connaissent.
Il parle ainsi ouvertement des doutes qui l'ont assailli après que son "Malizia - Seaexplorer" ait pris forme - un bateau qu'il avait délibérément conçu à l'encontre des tendances qui prévalaient jusqu'alors, sur la base de sa dure expérience dans les mers du Sud il y a quatre ans : avec plus de saut de quille pour une meilleure navigation par grand vent et vagues, avec une structure plus solide, avec plus de franc-bord.
"Si le nouveau bateau ne marche pas, s'il ne fonctionne pas, alors nous pouvons plier bagage. Ma carrière et maintenant tout dépendent de cela", dit-il dans le film.
Mais la parole est aussi donnée à ses parents, qui le décrivent comme un garçon qui considérait la mer des Wadden comme son bac à sable, et qui pouvait oublier le temps en Opti. Et des amis comme Julien Kleiner, avec qui il a navigué avec succès en dériveur, ou Felix Oehme, qui l'a accompagné lors de sa première et jusqu'à présent unique victoire dans une régate autour du monde - la Portimao Global Ocean Race.
Ce sont notamment ces moments qui font que le documentaire vaut absolument la peine d'être vu, car ils révèlent, au moins en partie, la complexité de son caractère.
Le film s'appuie souvent sur des images d'archives, brouillant parfois les frontières entre le premier et le deuxième Vendée Globe de Boris, entre son premier "Imoca" et le nouveau "Malizia - Seaexplorer", entre l'Ocean Race et la Vendée. Les plus mesquins pourraient s'en offusquer.
Mais en réalité, le film reflète si bien la personnalité de Boris et le défi qu'il doit à nouveau relever qu'on ne peut que le recommander : à voir absolument !
...est disponible à partir du 10 novembre dans la médiathèque de l'ARD et sera également diffusé le samedi 16 novembre à 19h10 sur la première chaîne.
La chaîne de télévision NDR retransmettra en outre l'intégralité du départ, depuis la parade de départ des skippers à 7h30 jusqu'au signal de départ à 13h02. Le livestream sera commenté par le journaliste de la NDR Sven Kaulbars ainsi que par le navigateur professionnel hambourgeois Tim Kröger. Disponible directement ici sur YACHT.DE et dans la médiathèque de l'ARD le dimanche 10 novembre de 7h30 à 14h30.