Nous sommes arrivés à Nice comme 'défoncés'. Peut-être encore alimenté par la fatigue. C'était une étape très épuisante. Je savais que nous avions tout donné. Nous nous sommes tellement battus, c'était un sport fantastique ! Nous avons lutté pour chaque kilomètre. J'étais heureux et fier après. C'est en effet assez satisfaisant quand tu as tout donné pour battre ton adversaire.
Ok, tu n'as pas tout à fait réussi, alors c'est 'c'est la vie'. Il faut faire une croix dessus et être fier de ce que l'on a accompli. C'est tout cela qui m'a fait me sentir 'défoncé' après la finale. L'équipe Biotherm est une concurrente très forte. Ils sont devenus une sorte d'obsession pour nous (rires) : Où est Biotherm ? Mais c'est une situation formidable de pouvoir se battre comme ça avec deux bateaux forts, dans des conditions similaires et à un niveau aussi élevé.
L'étape avait déjà commencé de manière très exigeante à Carthagène. Les modèles météo prévoyaient tous des conditions différentes. Nous savions donc à l'avance que nous ne saurions vraiment rien. Bien sûr, nous nous sommes préparés à certains scénarios, mais nous savions que des changements constants nous accompagneraient. Que nous devrions être prêts à tout. La Méditerranée est tellement imprévisible ! Il était très difficile d'anticiper.
Après la troisième étape, on peut dire que nos points forts sont clairs : Nous avons un bateau rapide. Et en tant qu'équipe, nous avons très vite établi une bonne connexion entre nous et avec le bateau. Nous sommes plutôt bons dans des conditions semi-flottantes. Donc dans 12, 14 à 16 nœuds. Quand nous naviguons au vent, nous décollons assez facilement par rapport aux autres concurrents. Nous avons gagné beaucoup de temps dans ce type de conditions. Nos faiblesses se trouvent plutôt dans le downwind. Des adversaires comme TRR, "Arkéa Paprec" et Malizia sont tout simplement très rapides.
Et je pense que nous pouvons encore faire mieux lors des changements de voile. Nous avons l'impression de perdre encore un peu de temps à ce niveau-là. Je pense aussi que nous avons parfois été un peu en retard dans nos changements de voile, nos adversaires ont réagi un peu plus tôt. Mais dans l'ensemble, je pense que nous devrions continuer à nous concentrer comme nous l'avons fait jusqu'à présent. Nous devons nous assurer de rester vifs mais aussi patients, de travailler au point quand c'est important.
La deuxième mi-temps de l'Ocean Race Europe est déjà en cours. Je trouve cette course cool. C'est très intense. C'est génial pour les fans, les sponsors et les médias. Nous arrivons dans de nombreux ports en très peu de temps. Mais c'est aussi très exigeant. Je sais que le manque de sommeil et le temps de préparation limité sont visibles au sein de notre équipe. Tu peux le voir dans toutes les équipes, car nous n'avons pas assez de temps pour nous régénérer.
Nous avons maintenant dépassé la mi-temps. Tout le monde, moi y compris, est très fatigué. La fatigue est désormais un thème central. Il s'agira donc aussi de tenir la base. Les ports d'étape sont super cools ! Ce serait encore plus cool si nous avions plus de temps ici, de sorte que nous puissions offrir plus aux fans et aux visiteurs et visiteuses. Pour cela, il faudrait peut-être intégrer moins de ports, afin que la course entière ne soit pas trop longue. Ainsi, les arrêts pourraient être mieux activés et les navigateurs pourraient mieux se reposer.
En ce qui concerne le classement de l'Ocean Race Europe, je trouve que les points de bonus à gagner lors des portes de classement au début des étapes sont une trop grande récompense (rédaction : deux points sont attribués au premier bateau et un point au deuxième lors des portes de classement peu après les départs des étapes). On peut y gagner trop de points. J'attribuerais moins de points.
Parmi les tâches qui nous attendent encore : Nous l'avons en nous. C'était tellement serré maintenant. Nous pouvons gagner. Ce n'est pas encore fini. Nous allons mettre la pression ! Je me sens bien de ne pas naviguer la quatrième étape. Nous sommes cinq navigateurs et navigatrices, nous avons fait ce plan avant : chacun fait l'impasse sur une étape. Pour moi et pour l'équipe, c'est la bonne étape que je saute. Alan Roberts arrive tout frais. Et je peux bien me reposer pour la prochaine étape, la plus longue, vers Boka Bay.
C'est le bon choix pour moi. Je vais être assez excité quand je verrai l'équipe partir aujourd'hui. Mais je fais totalement confiance à l'équipe !