Protection de l'environnementLes grandes régates menacent la faune sous-marine

Lars Bolle

 · 18.04.2024

Les Néo-Zélandais victorieux rentrent au port, flanqués d'une flotte de bateaux d'escorte.
Photo : ACE/Studio Borlenghi
Photos de la 36e America's Cup au large d'Auckland
Les bateaux des spectateurs lors de grands événements de voile pourraient nuire à la faune marine en raison des nuisances sonores. Une étude donne des conseils sur la manière de réduire le bruit.

Le sport de la voile est de plus en plus dans la ligne de mire des écologistes. Cette fois, il ne s'agit pas d'antifouling sans biocide ou d'interdiction des foils. L'interdiction des foils a même déjà été appliquée lors du Sail-GP au large de la Nouvelle-Zélande à cause d'un dauphin. Cette fois-ci, il s'agit du bruit sous-marin.

Des chercheurs de l'université écossaise Heriot-Watt ont étudié le bruit généré par les bateaux motorisés des spectateurs lors de la 36e America's Cup 2021 en Nouvelle-Zélande. L'étude suggère que des mesures soient prises pour réduire le bruit sous-marin qu'ils génèrent lors des événements nautiques internationaux, car il pourrait perturber la faune marine.

Le bruit sous-marin affecte la faune

Dans le cadre de cette étude, des scientifiques de l'Institut des sciences de la vie et de la terre ont découvert que le bruit de grandes flottes de bateaux spectateurs - dans certains cas, des centaines de bateaux motorisés - était suffisamment fort et prolongé pour potentiellement affecter les mammifères marins, les poissons et les invertébrés. Ces animaux utilisent des mécanismes auditifs complexes à des fins aussi diverses que se nourrir, communiquer, se reproduire, éviter les prédateurs et s'orienter.

Articles les plus lus

1

2

3

L'étude a analysé et mesuré les enregistrements acoustiques autour des circuits de course pendant la 36e America's Cup dans le golfe de Hauraki, en Nouvelle-Zélande, en 2021. Cette édition de l'America's Cup, qui se dispute depuis 1851, a attiré près de 300 000 visiteurs.

La recherche a été menée par Matte Kiefer, chercheur honoraire à la Heriot-Watt's School of Energy, Geoscience, Infrastructure and Society. Selon Matte Kiefer, l'impact potentiel du bruit sous-marin des bateaux des spectateurs devrait être pris en compte lors de la planification des grandes compétitions de voile, en particulier dans les zones écologiquement sensibles.

Il a souligné que le bruit sous-marin des navires motorisés est particulièrement problématique, car des études ont montré qu'il peut augmenter le niveau de stress de nombreuses espèces marines et réduire leur taux de réussite en matière de reproduction, de recherche de nourriture et d'interactions sociales. La pollution sonore peut également conduire certaines espèces à éviter ou à quitter leur zone d'origine.

Plus de 1.000 bateaux par jour

Les chercheurs ont constaté que pendant la 36e America's Cup, 10 468 bateaux ont participé aux trois différentes épreuves, avec jusqu'à 1 300 bateaux par jour se rendant régulièrement sur les circuits et en revenant. Le niveau sonore accru pouvait être mesuré à plusieurs kilomètres au-delà des limites des circuits et restait élevé bien au-delà de la durée de la course. Lors d'un jour de course typique, le niveau sonore entre 6 et 21 heures autour du circuit était supérieur de 5 décibels à celui d'un jour "témoin" où aucune course n'avait lieu. Cela représente environ plus de trois fois le niveau d'énergie sonore normal.

Les mesures de protection prises par les organisateurs, comme la limitation de la vitesse des bateaux des spectateurs à 5 nœuds afin de réduire le risque de collision avec les mammifères marins, ont contribué à réduire le niveau de bruit sous-marin, reconnaissent les chercheurs. Toutefois, d'autres améliorations sont nécessaires. Cela pourrait inclure la création de zones désignées où les navires spectateurs seraient invités à se rassembler. Des dispositifs de détection des mammifères marins pourraient également être utilisés pour détecter visuellement ou acoustiquement la présence d'animaux à proximité des spectateurs, ce qui permettrait d'adopter ou de contrôler les meilleures pratiques en matière de bruit. Le public pourrait également être invité à observer les événements depuis la terre ferme.

D'autres mesures pourraient consister à échelonner la sortie des bateaux pour que les flottilles de spectateurs soient plus petites, ou à donner des conseils aux spectateurs pour réduire le bruit de leurs bateaux, par exemple en évitant les changements de vitesse soudains et en éteignant les appareils de navigation par sonar lorsque le bateau est au ralenti.


Les plus lus dans la rubrique Régate