TerritoireLe lac Léman offre des vacances à la montagne - mais à la voile

Jill Grigoleit

 · 13.07.2025

Panorama alpin, conditions de vent passionnantes et riche histoire : le lac Léman est une véritable Mecque de la voile.
Photo : Jill Grigoleit
C'est à 372 mètres d'altitude, entre les plus hauts sommets des Alpes et loin de toute côte, que se trouve la patrie de quelques-uns des plus grands navigateurs du monde. Ce que la zone de navigation aux portes de Genève a à offrir et pourquoi elle est considérée comme le berceau de la voile suisse.

Il accueille sans doute la plus importante régate en eaux intérieures d'Europe et constitue une pépinière de cadres pour des skippers suisses de haute mer comme Alan Roura et Justine Mettraux. Le lac Léman est le meilleur laboratoire d'essai, quasiment une mer miniature, écrit le journaliste et photographe suisse Jean-Guy Python, auteur du livre "Suisses en mer". Il est tout à fait remarquable que ce soit justement un pays montagneux sans accès à la mer comme la Suisse qui ait produit quelques-uns des talents de voile les plus brillants du monde. Nombre d'entre eux ont appris à jouer avec le vent ici, sur le lac Léman.

"Les conditions sur le lac Léman sont similaires à celles de la mer. Il faut être fort lorsque la brise est légère et savoir gérer les changements de vent", écrit Python. Le vent est une question de chance, il y a des vents descendants traîtres et le temps peut changer rapidement. Ce sont les meilleures conditions d'entraînement pour les jeunes talents de la voile.


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Chaque année en juin, le lac alpin en forme de croissant devient la vitrine de la voile suisse. En effet, depuis 1939, la Société Nautique de Genève (SNG) y organise le Bol d'Or. Le deuxième week-end de juin, des milliers de spectateurs ont à nouveau pu admirer un spectacle impressionnant : Plus de 500 voiliers, du simple bateau à cabine au trimaran high-tech, se sont rassemblés sur la ligne de départ, avec la vieille ville de Genève et le Mont-Blanc en toile de fond, pour disputer la 86e édition de cette régate riche en traditions. Le Bol d'Or du Léman réunit chaque année près de 2500 marins professionnels et amateurs. Le parcours de 66 milles nautiques va de l'extrémité ouest du lac, près de Genève, à l'extrémité est, au Bouveret, et retour. Mais le défi de la régate ne réside pas seulement dans la longueur du parcours, mais aussi dans les conditions météorologiques souvent imprévisibles, ce qui lui vaut le surnom de "lac aux mille vents".

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Triomphe et météo chaotique sur le lac Léman

Cette année, la régate s'est terminée par un triomphe surprenant de l'équipe Realteam Spirit, skippée par Jérôme Clerc. Après 15 heures, 26 minutes et 5 secondes, l'équipage a franchi la ligne d'arrivée en premier, s'assurant ainsi la victoire finale. Le bateau, optimisé pour les conditions de vent faible, s'est imposé de justesse face à ses concurrents.

Sails of Change 8, skippé par Yann Guichard, a suivi à la deuxième place avec un retard de 4 minutes et 2 secondes, tandis que Zen Too, sous Guy de Picciotto, a pris la troisième place avec un retard de 12 minutes et 7 secondes.

Christian Wahl, qui détient le record de victoires dans cette course avec neuf victoires, a manqué de peu le podium avec son équipe, dont faisait partie l'ambassadrice de l'événement cette année, Justine Mettraux, et s'est classé quatrième.

Après un début de course par vent léger, un changement inattendu de la météo le dimanche après-midi a provoqué une fin dramatique de la régate. L'arrivée d'un front orageux a incité les organisateurs à avancer la fermeture de la ligne d'arrivée. À seulement 20 minutes de la fin, une tempête a balayé le lac, forçant certains des derniers participants à abandonner. Après 27 heures sur l'eau, les équipages ont dû abandonner à quelques centaines de mètres de l'arrivée - une fin amère pour les navigateurs concernés qui avaient tenu si longtemps. Des souvenirs de la 81e édition du Bol d'Or 2019 ont refait surface, lorsqu'une violente tempête a balayé le champ de course. Des rafales de vent de 50 nœuds et plus s'étaient alors abattues sur la flotte.

De plus, de la grêle s'est abattue sur les ponts avec une visibilité extrêmement réduite. Météo Suisse a enregistré des pointes de vent de plus de 60 nœuds, soit plus de 110 kilomètres par heure. En conséquence, dans un feu d'artifice de signaux de détresse, des navigateurs sont passés par-dessus bord, 40 mâts se sont brisés, 212 équipages ont abandonné la course et plusieurs bateaux ont coulé. De telles conditions apocalyptiques sont toutefois l'exception sur le lac Léman. En règle générale, les navigateurs y sont plutôt confrontés à des vents faibles.

Retour sur le Bol d'Or

Yann Petremand, président du comité d'organisation, a dressé un bilan positif de la 86e édition du Bol d'Or du Léman. Il a souligné le retour aux sources de l'événement en tant que grande fête lacustre et célébration des meilleurs navigateurs et des plus beaux bateaux du lac Léman. Malgré les vents légers, la régate a été très exigeante sur le plan sportif et passionnante tant pour les participants que pour les spectateurs, a-t-il ajouté. La Société Nautique de Genève a été fondée en 1872 par de riches citoyens genevois et des aristocrates étrangers qui souhaitaient y passer l'été. Aujourd'hui, la plus grande association sportive de Suisse compte plus de 4 200 membres.

Les plus connus d'entre eux sont probablement les Bertarelli. Alors que le milliardaire Ernesto Bertarelli a créé une entreprise multinationale de voile et a ramené la Coupe de l'America pour la première fois en Suisse en 2003, sa sœur Dona est une véritable pionnière de la voile féminine. En 2010, elle a remporté le Bol d'Or avec son Ladycat et un équipage majoritairement féminin. A bord : Justine Mettraux, également genevoise et connue bien au-delà de la branche au moins depuis sa participation au Vendée Globe 2025. Ayant grandi à Versoix, Mettraux a passé son enfance sur les rives du lac et sur le bateau de ses parents. "C'est sur le lac Léman que j'ai appris à faire de la voile. C'est là que s'est éveillée ma nostalgie de la mer", explique la navigatrice professionnelle aux médias suisses.

Lac des plaisanciers

Aujourd'hui encore, elle est souvent attirée par les rives de son enfance. "Le lac a la réputation d'être assez changeant, les vents changent souvent", s'enthousiasme Mettraux. "Il faut être réactif et observer ce qui se passe autour de soi. Cela me touche toujours et me rend heureuse quand je reviens ici". Elle s'ajoute à une liste impressionnante de noms auxquels la voile suisse doit sa popularité auprès d'une grande partie de la population. Après la victoire de l'équipe suisse d'Alinghi sur les Néo-Zélandais en finale de la Coupe de l'America au large d'Auckland en 2003, la Suisse a connu un véritable engouement pour la voile : à son retour dans la rade de Genève, l'équipage a été acclamé par 40 000 spectateurs. Quatre ans plus tard, Bertarelli a pu défendre la coupe à Valence.

La Société est ainsi le seul club européen à avoir remporté deux fois la Coupe de l'America. En bref, le lac Léman est un lac de navigateurs. Et les amateurs de régates ne sont pas les seuls à y trouver leur compte. Outre de bonnes conditions de navigation, la région offre tout ce que l'on peut souhaiter pour une croisière : un décor grandiose, une bonne infrastructure, des villes qui valent le détour. Voici quelques faits : Entre son point le plus occidental et son point le plus oriental, il y a 72 kilomètres (39 miles nautiques), alors qu'à son point le plus large, il n'y a que 14 kilomètres (7,5 miles nautiques). Avec ses 582 kilomètres carrés, le lac Léman est le deuxième plus grand lac intérieur et le plus riche en eau d'Europe centrale. À son point le plus bas, il atteint 310 mètres. Mais au-delà de tous ces superlatifs, le lac de montagne en forme de croissant est avant tout une zone de détente au paysage imbattable. Ses rives sont bordées de vignobles et de plages de sable aux allures méditerranéennes et, en arrière-plan, se dresse un fantastique panorama de montagnes avec le sommet enneigé du Mont-Blanc.

Genève est synonyme d'ouverture sur le monde

L'élégante Riviera suisse, en partie bordée de palmiers, sur la rive nord du lac, s'étend de Lausanne à Montreux. La ville d'Évian est connue dans le monde entier pour son casino, son téléphérique et sa célèbre source d'eau minérale. Genève, située à l'extrémité sud-ouest du lac, est avant tout synonyme d'ouverture sur le monde et propose de nombreuses attractions et activités. La ville est un centre international de la diplomatie et abrite plus de 100 organisations internationales. Parmi elles, le siège européen des Nations unies (ONU), l'OMS et l'Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN). Certaines zones du Palais des Nations sont ouvertes au public. Devant le bâtiment de l'ONU, sur la Place des Nations, se trouve l'impressionnant monument en bois "Broken Chair" - une chaise à trois pieds de douze mètres de haut, qui symbolise la lutte contre les mines antipersonnel.

À chaque coin de rue, Genève dégage l'atmosphère d'une ville cosmopolite et jeune. Dans les ruelles et les cafés de la vieille ville historique - d'ailleurs la plus grande de Suisse - on entend toutes les langues du monde. La meilleure vue sur la ville, le lac et les montagnes environnantes est celle de la cathédrale Saint-Pierre qui domine tout. En gravissant les 157 marches jusqu'au sommet du clocher, on est récompensé par une vue panoramique spectaculaire.

Les rues et ruelles pavées de Genève sont bordées de magnifiques grands magasins de luxe, mais aussi de petits cafés et restaurants. C'est le cas de la place du Bourg-de-Four, la plus ancienne place de Genève. De là, il faut descendre la rue de Rhône, l'une des rues commerçantes les plus chères du monde, avec des bijoux de luxe et - bien sûr - des montres dans les vitrines, et continuer jusqu'au bord du lac. Genève est construite autour de l'eau. Il n'est donc pas étonnant qu'une grande partie de la vie se déroule au bord et sur l'eau. L'un des moyens de transport public les plus utilisés sont les mouettes, ces bacs jaunes qui font la navette entre la rive nord et la rive sud.

Pont ou vue dégagée ?

Tous les ans, il y a des discussions et des votes sur la traversée d'un pont. Mais de nombreux Genevois estiment qu'un tel ouvrage détruirait la vue dégagée sur le lac. Celui-ci est marqué par le Jet d'Eau, une fontaine de 140 mètres de haut. À 200 kilomètres à l'heure, le fameux jet d'eau projette 500 litres d'eau par seconde dans les airs. Un spectacle à couper le souffle. Ce que peu de gens savent : À l'origine, le symbole de la ville n'était pas du tout conçu comme une fontaine. En 1886, l'usine hydraulique qui fournissait aux artisans et horlogers genevois l'énergie hydraulique du Rhône s'est vue contrainte de créer une vanne à ciel ouvert, car l'eau était en surpression lorsque les machines étaient arrêtées la nuit.

À quelques mètres du jet d'eau, les Bains des Pâquis attirent les amateurs de soleil et les personnes en quête de détente. On peut s'y baigner, louer des pédalos et des SUP ou savourer un sundowner au bar de la plage. Le Rhône est un autre point fort de la ville en matière de sports nautiques. Il faut en moyenne plus de dix ans à l'eau pour traverser le lac et s'écouler à Genève. Lorsque les écluses sont ouvertes en raison de fortes pluies, le courant est parfois très fort lors de l'écoulement. En moyenne annuelle, l'écoulement est d'environ 270 mètres cubes par seconde.

Genève est faite pour les sports nautiques en tout genre

A la Pointe de la Jonction, les eaux claires et bleu-vert du Rhône rencontrent les eaux troubles et brunes de l'Arve. Un spectacle naturel spectaculaire que l'on peut observer au mieux depuis le pont qui surplombe le confluent. Sur la langue de terre se trouve, outre l'embarcadère pour les kayakistes et les tours de rafting, une sorte de centre culturel avec un bar et des chaises longues. En outre, on peut y observer une tradition suisse : la natation en rivière.

Comme à Zurich, Berne, Bâle et Thoune, les Genevois se laissent porter par le courant sur de longues distances. En maillot de bain, ils se promènent le long de la rive en remontant le fleuve pour sauter dans l'eau fraîche depuis un pont ou par une échelle d'accès. Ou ils se laissent glisser sur des
Les vêtements secs sont emportés dans un sac étanche pour le retour.

Pédalo, rafting, kayak ou voile : Genève est faite pour les sports nautiques en tout genre. De nombreuses entreprises de location de bateaux se disputent donc les touristes. Malgré la grande offre, ce n'est pas bon marché. En principe, il est également possible de venir avec son propre bateau. Mais c'est relativement compliqué et pas gratuit.

Obstacles bureaucratiques

Les autorisations de naviguer temporairement sur un cours d'eau en Suisse et une plaque d'immatriculation suisse s'obtiennent en général auprès du service de la navigation du canton concerné. A Genève, l'enregistrement coûte 95 francs suisses, soit un peu plus de 100 euros, et est valable de la date de délivrance à la fin du mois suivant. Mais : pour l'enregistrement, il faut présenter quelques justificatifs, comme une déclaration de conformité CE et une police d'assurance avec la couverture correspondante.

En outre, des frais supplémentaires s'ajoutent pour le contrôle technique et la mesure du bruit, ainsi que pour la plaque d'immatriculation à court terme et les taxes, qui dépendent de la puissance du moteur du bateau à moteur ou de la longueur du voilier. Il existe cependant une possibilité beaucoup moins compliquée de naviguer sur le lac Léman avec son propre bateau : pour participer au Bol d'Or, il n'est pas nécessaire d'enregistrer son bateau. En s'inscrivant auprès de la Société Nautique de Genève, on obtient le droit de naviguer sur le lac une semaine avant la régate Genève - Rolle - Genève et jusqu'à une semaine après le Bol d'Or. Et si l'on va à Genève avec son propre bateau, on ne devrait de toute façon pas s'en priver.

Infos sur le territoire

Météo

En règle générale, il y a plutôt peu de vent sur le "lac aux mille vents", mais le temps peut rapidement changer. Il faut absolument faire attention aux feux d'avertissement oranges. Les vents typiques sont la bise et le foehn. La bise est un vent froid et sec du nord-est qui se produit en raison de la canalisation entre le Jura et les Alpes. Le fœhn est un vent descendant chaud qui se forme sur le versant sous le vent des Alpes lorsque des masses d'air humide s'élèvent et se refroidissent. Le vaudaire est un vent fort à tempétueux qui s'écoule occasionnellement du sud par la vallée du Rhône et le Chablais sur le lac, causant parfois des dégâts considérables.

Navigation

Les dangers sur le lac Léman sont signalés par des espars. Lorsqu'ils sont placés du côté terre du danger, ils portent un pavillon noir conique dont la pointe est dirigée vers le haut. Lorsqu'ils sont placés du côté du lac, ils portent un signal d'extrémité rouge, cylindrique et dirigé vers le haut.

Ports

Des bouées d'amarrage sont disponibles dans les ports. Les places visiteurs sont gratuites jusqu'à trois nuits consécutives par mois et par port et sont généralement signalées par une bouée orange et un panneau sur la jetée. Il n'est pas possible de réserver.

  • Port des Eaux-Vives : le plus grand port de Genève, près du centre-ville, avec plus de 1.000 places d'amarrage, juste à côté du jet d'eau. Il y a sept places d'amarrage pour les visiteurs. Parfait pour une promenade en ville, il est également très fréquenté par les baigneurs et, la nuit, par les fêtards.
  • Port Noir : à l'est du centre-ville, sur la rive sud. Le Port Noir est le siège de la Société Nautique de Genève. Protégé par plusieurs jetées, ce grand bassin portuaire offre plus de 600 places d'amarrage.
  • Port-Choiseul à Versoix : Lieu d'origine de Justine Mettraux sur la rive nord. Un peu plus éloigné et plus calme. Sensation de vacances garantie. 474 places d'amarrage et 16 places visiteurs.
  • Port du Creux-de-Genthod : baie de mouillage populaire avec une vue imbattable sur le Mont-Blanc et un restaurant haut de gamme, à environ huit kilomètres de la ville sur la rive nord. Deux bouées d'hôtes du restaurant sur le ponton. Et des bouées de mouillage orange dans la baie.

Littérature

"Carte marine du Lac Léman", Jean de Bosset/Bosco CH, EAN : 9995000016827, 36,90 euros
"Guide des ports du Lac Léman", Bosco Yachting, EAN : 9782839941990, 34,90 euros, par exemple sur freytagberndt.com

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