La Boulangère Mini TransatFinition au ralenti après une course à grande vitesse

Jochen Rieker

 · 05.10.2023

Victoire dans le dernier kilomètre : Carlos Manera avec son design Sam-Manuard "Xucla".
Photo : La Boulangère Mini-Transat/V. Olivaud
Galerie de photos : voici comment s'est déroulée la première étape de la Mini-Transat 2023
Comme si cette première étape de la Mini-Transat n'avait pas été suffisamment singulière, la phase finale a réservé et réserve encore quelques surprises. Chez les Protos, on a assisté à une photo-finish et le classement de la série s'est également resserré.

Tu peux faire tout ce qu'il faut pendant une semaine, comme Felix Oberle (SUI 1028) ou Federico Waksman (URU 1019), et te retrouver à la traîne. Ou alors, tu es courageux, tu investis dans une position à l'ouest, comme Michael Gendebien (BEL 921) ou Mael Cochet (FRA 621), et tu te retrouves soudain à lutter pour les places sur le podium.

Même ce week-end, prédire les trois premiers dans les deux catégories aurait été comme gagner au loto. Ainsi, certains favoris ont trébuché assez durement, tandis que d'autres ont réussi à s'imposer malgré tous les aléas d'une météo capricieuse, à commencer par les deux leaders chez les protos : Victor Mathieu sur sa Mini David-Raison "Celeris Informatique" (FRA 967), déjà un peu âgée, et Carlos Manera sur le foiler 2022 "Xucla" de Sam Manuard (ESP 1081).

Les résultats de la première étape de la Mini-Transat dans la catégorie des prototypes

Les deux hommes se sont affrontés toute la matinée pour la victoire de l'étape 1 : Manera venant plus du nord-est, avec un vent plus frais depuis longtemps et une vitesse nettement plus élevée, Mathieu plus du nord. Hier matin, le Français, qui a entièrement consacré sa vie à la course au large, avait encore plus de 40 milles d'avance sur Manera - alors qu'il ne restait plus que 200 milles à parcourir jusqu'à La Palma. Un matelas si important que le routeur météo Christian Dumard ne doutait plus de la victoire de Mathieu.

Articles les plus lus

1

2

3

Mais, une fois de plus, il en a été autrement. Manera, dont le bateau est équipé de foils C et de dérives et qui est donc considéré comme très rapide sur tous les parcours, a réussi à combler complètement l'écart en 24 heures. Ce matin, il s'est retrouvé plusieurs fois devant, avec des écarts si faibles que la résolution du tracker était à peine suffisante pour refléter de manière adéquate la situation sur l'eau. Il s'agissait littéralement de quelques centaines de mètres.

Photo-finish au ralenti

Carlos Manera a finalement remporté la première place devant Victor Mathieu lors d'une photo-finish qui s'est déroulée au ralenti. Il lui a fallu 9 jours, 19 heures, 40 minutes et 38 secondes pour parcourir les 1 351 miles nautiques qui séparent Les Sables de La Palma. En fait, il a parcouru 1 580 milles à la voile, ce qui représente une vitesse moyenne de 6,7 nœuds.

L'écart avec Mathieu n'était que de dix minutes à la fin. Le Français a même navigué nettement plus vite avec 7,0 nœuds de moyenne, mais a parcouru plus de distance avec 1 642 milles nautiques.

Derrière, le suspense est resté entier et serré. Julien Letissier ("Frérots Branchet", FRA 1069), qui est resté au contact du groupe de tête tout au long de l'étape, s'est assuré la troisième place grâce à un sprint final impressionnant dans l'alizé. Il a particulièrement poussé dans la phase à grande vitesse, où il a constamment enregistré des moyennes de près de 300 milles nautiques.

Caroline Boule ne parvient pas à répondre aux attentes avec son foiler

Avec Laure Galley ("DMG Mori", FRA 1048) et Marie Gendron ("Léa Nature", FRA 1050), ce sont deux femmes qui se sont classées dans le top cinq, alors qu'elles faisaient partie des favorites depuis le début. Toutes deux ont perdu relativement peu de temps sur Manera, si bien qu'elles restent en lice pour la victoire finale. Leurs bateaux sont des versions carbone du Maxi 6.50 de David Raison.

Federico Waksman, qui avait dominé plus de la moitié de la première étape, n'a justement pas pu suivre le rythme au moment où l'alizé s'est mis à souffler. Il avait signalé peu avant des problèmes techniques qui l'ont visiblement handicapé. Son positionnement à l'est du parcours du grand cercle s'est également révélé malheureux après coup. Son retard va lui faire mal, mais lui aussi est encore en jeu pour la victoire lorsque l'étape 2 sera tirée le 28 octobre.

Ce n'est pas le cas de Caroline Boule. Elle était encore à 150 milles de la 19e place aujourd'hui à 10 heures - pas ce qu'elle espérait pour son foiler Sam-Manuard "Nicomatic" (FRA 1067), qui a théoriquement le potentiel de vitesse le plus élevé de tous les Minis au départ.

Voici les premiers du classement de la série lors de l'étape 1 de la Mini-Transat

Chez les bateaux de série, tout semble indiquer une victoire du Belge Michael Gendebien, qui avait encore huit milles à parcourir à 10 heures ce matin et près de cinq milles d'avance sur Justin Baradat.

Les six premiers naviguent tous en Pogo 3, le meilleur Maxi 6.50 n'arrive qu'en 7e position. C'est comme si l'évolution des deux dernières années, qui favorisaient clairement les designs Scow de David Raison, s'était inversée. Raison de cette domination : la forte proportion de vent léger et de vent d'amure, qui favorise la construction de Guillaume Verdier, par ailleurs un peu vieillissante. Voyons ce qu'il en sera lors de la deuxième étape.

Pour le Suisse Felix Oberle, l'issue de la course d'ouverture reste encore quelque peu ouverte. Ce matin, il était en P14 avec encore 120 milles à parcourir jusqu'à l'arrivée. Cela va peser lourd sur son compte-temps. Il avait investi dans un parcours orienté à l'est, qui semblait très prometteur jusqu'au week-end, mais ensuite tout est passé à l'ouest.

Situation de départ difficile pour Lisa Berger

Il peut néanmoins encore améliorer sa position, car les alizés de nord-est s'affaiblissent en soirée et laissent derrière eux une belle mosaïque de conditions de pression. L'expérience montre qu'un skipper qui a grandi dans les eaux intérieures s'en sort bien.

Cela pourrait également jouer en faveur de Lisa Berger ("Dimension Polyant", AUT 980). Elle a connu un problème dès le début de la course, qui l'a fait reculer et l'a empêchée jusqu'au bout d'exploiter son potentiel de vitesse. Alors qu'il lui reste 230 milles à parcourir avant l'arrivée, elle ne devrait pas arriver avant vendredi soir. Une lourde hypothèque pour le classement général, pour lequel elle visait un résultat dans le top 10. Mais elle peut se battre.


Cela pourrait également vous intéresser :

Les plus lus dans la rubrique Régate