Naviguer par vent arrièreNaviguer correctement avec un gennaker & Co - Tim Kröger, professionnel de la voile, montre comment s'y prendre

YACHT-Redaktion

 · 24.07.2023

L'écoute de gennaker doit être active si l'on veut atteindre une vitesse optimale.
Photo : YACHT/N. KRAUSS
Conseils de pro pour la navigation sous gennaker de Tim Kröger à consulter en ligne
Même sur les parcours les plus difficiles, la vitesse du bateau est considérablement améliorée par une bonne tactique et un réglage habile de la voile. Le professionnel de la voile Tim Kröger montre ce qui est important pour la navigation avec gennaker et autres.

Série : Pratique de la voile avec Tim Kröger

Les voiles asymétriques sont devenues de plus en plus populaires ces dernières années, et ce pour de nombreuses bonnes raisons. Non seulement leurs performances au portant se sont énormément améliorées grâce à de meilleurs designs de gennakers. Leur maniement lors de la mise à l'eau, de la récupération et des manœuvres est également beaucoup plus simple que la lutte avec le spi symétrique, qui inclut la bête appelée tangon.

Le maniement du gennaker est le même sur tous les bateaux. Qu'il s'agisse d'un maxi de 100 pieds ou d'un quillard de 20 pieds, une personne barre, une autre hisse la grand-voile et deux autres le gennaker. L'un d'entre eux borde l'écoute dans l'empannage et l'autre la resserre de l'autre côté.

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Il est logique qu'un seul homme puisse accomplir ces tâches sur un bateau de 20 pieds, et il est tout aussi logique que de nombreux membres d'équipage supplémentaires soient impliqués sur un maxi de 100 pieds. Ce qui m'intéresse ici, ce sont les principes de base de la navigation sous gennaker.

Naviguer au portant : bien affaler le gennaker

Comme pour toute manœuvre, une bonne préparation est essentielle. Une fois qu'une voile est mal placée, cela n'est pas seulement gênant de l'extérieur. Le démontage peut également prendre beaucoup de temps.

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L'accrochage du gennaker est conceptuellement simple. Le col, en anglais tack, va à l'avant vers l'élément de réglage le plus important de la voile, le tackline. Le point d'attache du gréement varie considérablement d'un bateau à l'autre. Les possibilités vont du solide beaupré en carbone avec étai à eau au bloc de renvoi fixé à l'imposante ferrure d'ancre à l'avant, en passant par un beaupré court et tronqué en inox.

Sur notre bateau, un Sigma 38, la poulie de renvoi du cordage de gréement est fixée à la ferrure d'ancre par une manille souple. C'est suffisant pour les petits gennakers, surtout si l'on navigue en famille et que l'on souhaite utiliser la voile dans une plage de vent de huit à 15 nœuds. Le cordage de gréement est passé à l'arrière sur une pince et y est fixé.

Une bonne préparation pour le downwind est décisive

Si l'on souhaite utiliser son gennaker par plus de vent, il faut penser à un accastillage solide, car : Les forces qui s'exercent sur le gréement sont considérables. Un point d'ancrage est toujours le même. Il doit se trouver directement sur la proue, à une distance maximale de l'étai. Les yachts de croisière modernes ont généralement des paniers d'étrave courts, qui sont en outre divisés, car ces yachts sont déjà orientés vers le gennaker.

Le balcon avant divisé présente un autre avantage. Avant l'affalage, le cordage de gréement peut être passé sous la voile d'avant et entre le panier d'étrave et l'étai vers l'avant, sans que le vent et les vagues ne s'emparent du cou et n'envoient toute la voile hors du sac dans la mer.

L'idéal est de préparer la mise à l'eau de manière détendue en suivant le cap d'écoute spatial et de tirer la voile lorsque tout est clair. Le cordage de gréement doit être légèrement tiré avant le réglage et bien calé dans le taquet. Un dérapage peut entraîner le chaos.

Navigation sous gennaker : la bonne longueur d'écoute

Il existe des gennakers qui s'accrochent fermement à la ferrure d'étrave, sans ligne, avec une manille souple ou autre. Si la toile peut ensuite être remontée jusqu'à la sortie de la drisse, c'est aussi très bien. Seulement, en le fixant, on se prive d'un élément de réglage important.

Une simplification judicieuse consiste à relier les écoutes à la voile par un étai commun, car il n'y a alors qu'une seule manille souple au point d'écoute. Cela permet de gagner du temps et de réduire le risque de perdre une écoute.

La bonne longueur pour les écoutes elles-mêmes est d'un peu plus de deux fois la longueur du bateau. Selon la taille du bateau, l'étai doit mesurer entre 20 centimètres et un demi-mètre. S'il est trop long, l'empannage est plus difficile. Nous y reviendrons plus tard. La drisse va en tête de voile et s'attache à l'extérieur de la voile d'avant.

Navigation en downwind : bien ranger le gennaker

Il existe de nombreuses aides différentes pour mettre le gennaker : Sur les yachts de croisière, la chambre à air de récupération a fait ses preuves et fonctionne vraiment bien. Si l'on travaille avec un tel "snuffer", on peut aussi enrouler la voile d'avant pendant la manœuvre, envoyer le gennaker avec la chambre à air, puis contrôler brièvement si la ligne de récupération est claire et, avant le vent, remonter la chambre à air, serrer l'écoute et prendre le cap.

Sur les yachts de régate, on a pris l'habitude de coudre une fermeture à glissière sur le guindant du gennaker sur une longueur donnée et une autre bande de tissu avec la contrepartie de la fermeture à glissière parallèlement au guindant. La distance est déterminée par la taille du gennaker et l'épaisseur du tissu.

Le pliage est simple : on longe les ralingues pour que la voile ne soit pas vrillée sur elle-même et on enroule la toile de la tête vers le guindant. On a automatiquement la contrepartie de la fermeture éclair dans la main et on la ferme en partant de la tête vers le bas. Toute la toile est repliée sur elle-même à la fin et la fermeture éclair ferme la saucisse.

Malin : l'expérience de Tim Kröger avec le gennaker dans l'océan Austral

Le concept est presque génial, car on a maintenant une voile compacte en forme de saucisse qui se range facilement dans son sac. Mais ce qui est très important lors du pliage, c'est d'ouvrir l'extrémité de la fermeture éclair. Sur un tel concept, le voilier a cousu une petite languette Velcro pour éviter que la fermeture complète ne s'ouvre à nouveau. Lorsque la voile est établie et que l'on tire sur l'écoute, la fermeture éclair s'ouvre sur toute la longueur du guindant et le gennaker est réglé.

Lors de ma première course autour du monde à bord de l'"Intrum Justitia", nous n'avions pas encore de fermetures à glissière installées sur la voile. Mais comme une chambre à air n'est pas vraiment utile sur un voilier de régate, parce que la manipulation est plus longue et que le temps est un facteur important en course, nous étions déjà sur une voie similaire.

Nous avions un long tube avec une fermeture éclair, dans lequel le gennaker était emballé puis fermé par une fermeture éclair. À l'extrémité inférieure, il y avait un rabat, comme une couche, qui était enroulé autour de la ralingue inférieure de la voile et qui fermait et sécurisait la fermeture éclair ouverte avec beaucoup de Velcro.

Quel gennaker choisir pour mon bateau ?

Cela nous a permis de préchauffer complètement le gennaker, même dans l'océan Austral, sans voile d'avant établie. Le moment le plus excitant a été l'ouverture du flap, la couche. C'était comme tirer sur la gâchette d'un canon. La fermeture éclair s'ouvrait, le tuyau naviguait vers le bas et il fallait tirer aussi vite que possible pour le faire monter sur le pont. Une fois qu'il avait atterri dans l'eau, la traction devenait beaucoup plus difficile, car le bateau accélérait déjà à nouveau à environ 20 nœuds.

Une fois la voile hissée, le travail de réglage optimal commence. Les gennakers forment une sorte de grande famille - il en existe de nombreuses variantes. Ils se distinguent par leur poids et leur forme. Dans le domaine de la régate, il existe des gennakers pour vent faible, moyen et fort. Ils sont parfois très différents les uns des autres.

Un voilier expérimenté est le mieux placé pour répondre à la question de savoir quel gennaker est le mieux adapté à chaque bateau. En principe, on peut dire que sur un yacht de croisière, il est recommandé d'utiliser un gennaker dans une plage de vent comprise entre huit et 18 nœuds et de l'amener au maximum sous le vent, car la voile doit être utilisée comme simple substitut du spinnaker.

Navigation au portant : le bon réglage du gennaker

Le réglage par la tension de l'écoute fonctionne exactement comme pour le spinnaker. L'écoute est toujours tendue jusqu'à ce que la ralingue au vent se replie légèrement. La tension du guindant peut être ajustée via la ligne de gréement, à condition que le gennaker soit conçu pour la distance maximale entre l'amure de l'étai et la sortie de la drisse. Dans ce cas, la tension du gréement doit être maximale.

Si le guindant est un peu plus court, il faut gréer le tackle pour que le gennaker soit bien placé. Il n'existe pas d'instructions de réglage précises. Il faut développer le sens de l'équilibre et de la propulsion maximale de la voile sur les différents parcours. Le meilleur moyen d'y parvenir est de tester les différents réglages et de les comparer avec le speedomètre. Cela peut être très amusant, même avec de petits succès d'optimisation.

Il faut développer le sens de l'équilibre de la voile sur les différents parcours et produire un maximum de propulsion.

En principe, plus le cap à suivre est bas, plus le gréement, c'est-à-dire le guindant, doit être relâché pour que la voile s'étende au vent dans la partie supérieure. L'efficacité du gennaker dépend de la forme de la voile.

Important lors de la marche au vent : l'interaction entre le régleur et le barreur

Le réglage du gennaker est très simple, mais il est en corrélation avec les talents de barreur de chacun. Lors des régates, notre tâche principale sous gennaker est d'aller au maximum sous le vent. Pour cela, la communication entre le régleur et le barreur est très importante.

Le barreur essaie de barrer le plus bas possible, mais à partir d'un certain angle, la vitesse et la pression dans la voile, et donc la traction sur l'écoute, diminuent. Le trimmer le signale alors et incite le barreur à prendre de l'élan pour retrouver de la vitesse.

Cette alternance entre la prise de vitesse, le réglage et la reprise maximale de la profondeur est notre pain quotidien sur les parcours au portant.

Manœuvres de descente : comment bien empanner sous gennaker

L'une des manœuvres les plus importantes sous gennaker, en plus de la mise à l'eau et de la récupération, est l'empannage. Si l'on dispose d'un tube de récupération et que l'on navigue par vent faible, le gennaker peut être récupéré avant l'empannage et remis à l'eau après. C'est ce que je ferais avec un tout petit équipage. Mais un empannage n'est pas forcément un grand drame et il est facile à réaliser avec une bonne préparation.

Il convient de distinguer deux types différents : Empannage intérieur et empannage extérieur. Dans le cas de l'empannage intérieur, le point d'écoute est passé dans l'empannage entre le gennaker et l'étai. Le point d'écoute et le point d'amure sont placés devant l'écoute.

Par vent faible, le gennaker peut être récupéré avec le tube de récupération avant l'empannage et remis en place après.

Sur les yachts de course, nous n'empannons que lorsque le vent ne dépasse pas douze nœuds inside. Car au-delà, il y a quelques inconvénients. Dans l'empannage, la voile passe entre l'étai et son propre guindant. Cela signifie qu'elle ne s'affaisse pas complètement dans l'empannage. Plus il y a de vent, plus il faut tirer sur la nouvelle écoute.

Un autre inconvénient que l'empannage présente à l'intérieur est que l'écoute scie autour de l'étai. Cela ne pose pas de problème avec un étai filaire pour trinquette, mais un étai profilé en plastique peut présenter des entailles en forme de rasoir qui risquent d'endommager le gennaker lors des prochains empannages. Par vent faible, cela devrait toutefois être possible.

Empanner à l'extérieur avec le gennaker : comment faire correctement

Ajustement de l'empannage - les écoutes de gennaker passent à l'extérieur de la voile et du gréement.
Photo : YACHT/N. KRAUSS
L'empannage extérieur étape par étape

Lors de l'empannage extérieur, l'écoute passe devant la voile et le tackline. Lors de l'amarrage, l'écoute reste au-dessus du tackline et devant la drisse. Avec cette technique d'empannage, le gennaker complet est tiré autour de son propre guindant, ce qui est l'option la plus sûre lorsque le vent est plus fort. Il faut toutefois garder le contrôle de l'ancienne écoute, c'est-à-dire celle qui est mise à l'eau. Si elle est simplement lâchée, elle peut tomber par-dessus l'étrave et finir sous le bateau devant la quille.

Un bon empannage : préparation et timing sont essentiels

Les gennakers modernes sont donc équipés d'une latte de voile cousue au cou et orientée au vent à environ 45 degrés du guindant. Cette latte maintient la nouvelle écoute au vent en place et empêche l'écoute de glisser sous le bateau. Le contrôle d'écoute doit veiller à ce que l'écoute se pose sur cette latte au moment de l'empannage.

La préparation de l'empannage doit être aussi minutieuse que l'amure de la voile. L'écoute avec laquelle on va régler est posée en huit sur le creux du cockpit. Et ce, loin des pieds qui pourraient s'y poser. L'écoute doit pouvoir être bordée proprement.

Au moment où il est prêt à empanner, le barreur commence à tomber. Au même moment, l'écoute est affalée. Cela a pour conséquence que le bateau tourne sous le gennaker arrêté. L'écoute est enfoncée jusqu'à ce que le point d'écoute se trouve à la hauteur de l'étai. Le lof de la nouvelle écoute est alors récupéré simultanément à l'empannage.

La navigation au portant : Un bon empannage est un mouvement fluide

Dans l'idéal, le gennaker est toujours debout et le bateau continue à virer dans l'empannage. Lorsque la grand-voile prend le dessus, on procède au cut : l'ancienne écoute est complètement bordée et la nouvelle est amenée le plus rapidement possible. Le barreur continue de tourner sur la nouvelle étrave à l'angle optimal pour accélérer. Le régleur serre le gennaker jusqu'à ce qu'il soit en place et que la voile ait de la pression. La communication entre le régleur et le barreur est alors extrêmement importante, car lorsque le gennaker est établi, le barreur peut à nouveau baisser pour trouver son angle optimal.

Un bon empannage est un mouvement fluide qui part du barreur. Par vent faible, on vire un peu plus lentement dans l'empannage pour en ressortir un peu plus vite, afin que le gennaker reçoive de la pression et se dresse plus rapidement. Si le bateau s'arrête devant le vent et que l'on ne remonte que lentement, il y a de grandes chances que l'on se retrouve avec un "œuf" et un gennaker bouché.

La vitesse de rotation du bateau dépend du vent. Moins il y a de vent, plus on tourne vite pour sortir le plus pointu possible sur le nouveau, afin que la voile se remette rapidement en place. Si le vent est plus fort, on peut tourner lentement et, dans l'idéal, on sort tout de suite sur l'angle optimal que l'on a déjà fait sur l'autre étrave.

Des empannages parfaits : une fois que l'on a assimilé le système, ce n'est pas si difficile.

Il existe également une différence entre l'empannage intérieur et l'empannage extérieur en ce qui concerne le pliage du gennaker et le moment de la coupe. Lors de l'empannage intérieur, on empanne au maximum jusqu'à l'étai et on déchire la voile autour de l'étai. Pour l'empannage extérieur, on borde jusqu'à la hauteur de l'étai ou un peu plus loin, tant que le gennaker est en place. Ce n'est qu'ensuite que l'on largue l'ancienne écoute et que l'on serre la nouvelle.

Lors du gonflage et de la traction autour de l'étai, un étai trop long sur les écoutes couplées peut être un inconvénient, car le point d'écoute volerait trop vers l'avant. C'est particulièrement le cas lors des empannages à l'intérieur - on perdrait rapidement le contrôle de la voile dans la manœuvre.

Un bon empannage repose sur un bon timing entre la vitesse de rotation et le guidage des écoutes. Avec un peu de pratique et une bonne préparation, on y arrive bien - une fois que l'on a assimilé le système, ce n'est pas si difficile.

En novembre, Tim Kröger abordera les thèmes "Bien croiser" et "Bien empanner" dans un webinaire YACHT en deux parties. Si vous êtes intéressé, vous pouvez envoyer vos coordonnées à timm@yacht.de par courrier électronique. Vous serez alors informé(e) des dates et des possibilités de participation dans les semaines à venir.

Tim Kröger : à 58 ans, il a été le premier Allemand à faire de la voile son métier principal en 1993. Il a participé deux fois à la Whitbread et deux fois à l'America's Cup. Kröger navigue aujourd'hui entre autres en J-Class et est auteur, conférencier et coach.Photo : YACHT/N. KraussTim Kröger : à 58 ans, il a été le premier Allemand à faire de la voile son métier principal en 1993. Il a participé deux fois à la Whitbread et deux fois à l'America's Cup. Kröger navigue aujourd'hui entre autres en J-Class et est auteur, conférencier et coach.

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