YACHT-Redaktion
· 01.01.2024
Bernd Schreyer s'est construit un bateau. Il y a de nombreuses années déjà. Jusqu'ici, tout va bien. Ce qui est inhabituel, en revanche, c'est ce à quoi ce constructeur amateur a eu recours à l'époque : des palettes en bois, de la ferraille et beaucoup de ferraille - des choses que d'autres voulaient jeter. Il est vrai que le résultat a l'air rustique. Mais il n'a pratiquement rien coûté. Sauf le temps de travail de Schreyer. Il a bricolé son "Cadler" pendant 14 ans. Des palettes sont devenues des planches, des barres de fer rouillées des ferrures, de vieux tissus des voiles. Et effectivement, cela a fonctionné, à la fin, le bateau ne faisait pas que flotter, il naviguait même. Pas rapidement, mais quand même.
Difficile à croire : le catamaran "Plastiki", long de 60 pieds et pesant douze tonnes, initié par David de Rothschild il y a une quinzaine d'années, contient 12.500 bouteilles de deux litres en plastique à usage unique. L'héritier d'un empire financier a su utiliser les moyens à sa disposition pour associer son propre goût de l'aventure à sa volonté d'attirer l'attention sur les menaces qui pèsent sur notre planète. Comme Thor Heyerdahl avec son radeau en balsa "Kon-Tiki", "Plastiki" devait partir pour une grande expédition océanique. En 2010, Rothschild et son équipage ont hissé les voiles et traversé l'océan Pacifique. De San Francisco, ils ont parcouru 8000 miles nautiques jusqu'à Sydney.
On les trouve même sur les plages les plus reculées : les sandales en caoutchouc, fabriquées à des millions d'exemplaires et appréciées dans le monde entier. Les exemplaires perdus ou usés finissent trop souvent dans la mer et sont emportés par le courant. Entre autres en Afrique. C'est là, dans la ville côtière kényane de Lamu, qu'est née l'idée de donner une seconde vie aux tongs. Les membres d'une initiative environnementale locale ont construit un dhow à partir de ces tongs et d'autres déchets plastiques échoués. Avec celui-ci, ils naviguent depuis 2019 sur la côte est-africaine, avec à bord le message suivant : "Évitez les déchets plastiques. Protégez notre planète" !
Sur le chantier naval de Bathô, au sud de Nantes, les coques de bateaux hors d'usage sont transformées en chambres d'hôtes, en abris de jardin, en bureaux ou encore en salles de réunion. La richesse des idées est sans limite. Il n'y a qu'une seule chose que les bateaux ne font plus : prendre la mer. Mais c'est toujours mieux que de finir à la casse.
On peut parler d'upcycling pour ce dériveur transformé en jouet de plein air : le bateau n'avait plus l'air en si bon état lorsqu'il pourrissait dans un bassin portuaire. Les petits capitaines peuvent maintenant prendre la barre et partir à l'aventure en haute mer - ou tout simplement creuser dans le sable.